Feu M. Smith B arton , professeur à l’université de Pensylvanie,
et l’un des hommes qui ont le mieux mérité du Nouveau-Monde,
en y propageant les connoissanees utiles, m adressa dans le temps
une confirmation de ce témoignage.
Il m’écrivoit « qu’un voyageur intelligent a vu dans un endroit
» p a rticu lier, près de la rivière des I n d ie n s O s a g e s , des milliers
» d’ossemens de cet anim al, et qu’i l y a recu eilli, entre autres,
» dix-sept défenses, dont quelques-unes avaient six pieds de long
» et un pied de diamètre : mais la plupart de ces os étoient dans
» un grand état de décomposition (1). »
M. Barton a même eu la complaisance de m’en envoyer une
molaire que j’ ai placée au cabinet du roi.
M. J efferson , dans ses Observations sur la Virginie (trad. fr.,
p. î o i ) , rapporte qu’un M. S ta n ley , emmené par les sauvages à
l’ouest du M issouri, en vit de grands dépôts sur les bords d une
rivière qui couloit elle-même vers l’ouest. Ainsi on pourroit espérer
d’en découvrir jusque vers la mer pacifique.
On en a trouvé davantage en se rapprochant de la mer atlantique,
parce que les pays de ce côté sont plus habités, et que leur sol est
plus souvent fouillé. _
Suivant M. Jefferson, on en a déterré sur la branche de la Y en-
nésie nommée NordrHolston, derrière les A llegannys de la
C aroline, par 36 degrés de latitude nord, aussi dans des marais
salés. La Tennésie est, comme on sait, un des afïluens de la droite
de TOhio. , _ . • . ,
C'est aussi dans le bassin de l’Ohio, et à son cote droit, dans le
comté de W ithe en V irg in ie, et près du comté de Green-Bryand
où se sont trouvés les os du mégathérium, que s’ est faite la de-
couverte de l’uu des dépôts les plus extraordinaires de notre mas-
todonte.
M. Barton en avoit reçu la relation datée de Williamsburg en
V irgin ie, le 6 octobre i 8o5, de M. l’évêque Madisson, principal
p ) Extrait d’une' lettre de M. Smith Barton, de Philadelphie, en 1806.
du collège de Guillaume e t Marie en V irgin ie, et l’un des hommes
les plus éclairés des Etats-Unis.
M. Pichon , mon collègue au conseil d état, qui etoit alors consul
général de France aux Etats-Unis, avoit bien voulu me donner aussi
une notice de cette découverte.
. A cinq pieds et demi sous terre, sur un banc de pierre calcaire,
reposoient assez d’os pour qu’on ait espere d en pouvoir reconstruire
le squelette. Une des dents pesoit dix-sept livres-
Mais ce qui rend cette découverte unique parmi les autres, c est
qu’on recueillit au milieu des os une masse à demi-broyee de petites,
branches , de gramens, de feuilles, parmi lesquelles on crut re-
connoître surtout une espèce de roseau encore aujourd’hui commune
en Virginie, et que le tout parut enveloppe dans une sorte de sac,
que l’on regarda comme 1 estomac de 1-animal : en sorte qu on ne
douta point que ce ne fussent les matières memes que cet individu
avoit dévorées.
Le fond de toute cette contrée est une pierre calcaire pleine
d’impression de coquillages ; les cavernes y donnent beaucoup de
nitre, de sulfate de soude et de magnésie. On y a trouvé depuis peu
du sulfate de baryte , et il y a différentes sources minérales (1),
Il ne manque pas non plus de ces os en deçà des trois grandes
chaînes des A lleg an n is, des North-M ountains et des Montagnes-
Bleues,
Nous avons parlé en détail ci-dessus des deux squelettes rassemblés
par M. Peale en 1801, près de Y Hudson et du W a lk ill dans
l’Etat de NetP-Yorch. Cette contrée paroît être particulièrement
abondante en mastodontes. Déjà Silvanus M iller et le docteur
James G. Graham en ont parlé dans le IVe. volume du M edical
repository. En 181 y , au mois de mai, le docteur JVtitchill en vit
déterre plusieurs os, à Chester, près de G oshen, dans le comte
à’Orange, dans une petite prairie; ils étoient entourés de fibres végétales
semblables à de la paille et recouverts de quatre pieds detourbe.
(,\ Extrait d’une lettre de M. Smith Barton, datée de Philadelphie le i ( octobre r8o5.
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