celle dont on avoit déjà parlé avant moi, achèvent de prouver que
les animaux qui les ont fourmes doivent avoir laissé une assez grande
quantité de leurs dépouilles.
Toutes ces dents sont hérissées, comme celles du grand mastodonte,
de pointes coniques plus ou moins nombreuses qui s’usent
par la mastication ; et comme nous verrons par la suite que les
formes de quelques os trouvés avec ces dents ressemblent aussi à
ceux du grand mastodonte, et qu’il y a lieu de croire qu’elles étoient
accompagnées de défenses, on peut en conclure, avec assez de probabilité,
que les animaux dont elles proviennent étoient également
du genre des mastodontes.
Mais ces dents se distinguent aussi de toutes celles du grand mastodonte
de l’Ohio par quelques caractères spécifiques. Le principal
et le plus général est que les cônes de leur couronne sont sillonnées
plus ou moins profondément, et tantôt terminés par plusieurs
pointes, tantôt accompagnés d’autres cônes plus petits sur leurs côtés
ou dans leurs intervalles : d’où il résulte que la mastication produit
d’abord sur cette couronne plusieurs petits cercles , et ensuite des
trèfles, ou figures à trois lobes, mais jamais de losanges.
Ce sont ces trèfles qui ont fait prendre quelquefois ces dents pour
des dents d’hippopotame. Nous avons vu ci-dessus que Daubenton
leur trouvoit quelques rapports ; et à l’article de l’hippopotame,
nous rapporterons des jugemens semblables de Pierre Camper ex
de M. Fau ja s : mais il est aisé de prévenir le renouvellement de
cette erreur. Indépendamment de la grandeur, les dents de l’hippopotame
n’ont jamais que quatre trèfles, et celles dont noüs parlons
en ont ordinairement six ou dix. Il n’y a que les antérieures , . sur
lesquelles on pourroit hésiter; mais nous verrons à leur article qu’on
les distingue aussi aisément.
Il est plus difficile d'assigner les caractères spécifiques de ces diverses
dents entre elles; car elles ne se ressemblent pas entièrement,
11 y a d’abord les différences dfe position dans la mâchoire, que l’on
peut juger par le nombre des pointes ;• il y a ensuite celles de l'âge,
qui se déterminent par le degré dé la détrition.
Examinons et comparons-les successivement d’après ces rapports.
Je commence par une dent de Simorre, pl. I , fig. 4- C’est celle
que décrit Daubenton, H ist. nat. , X I I , n°. 1109.
Longue de 0,116, large de 0,06, elle est déjà à moitié usée. De
ses six paires de pointes, les deux antérieures sont confondues en un
disque à quatre lobes, a , ô; une des mitoyennes, e , est déjà en
trèfle, laissant encore un petit disque rond isolé; l’autre, d , est elliptique
, bilobée ; les dernières, e , f , n’offrent encore que quatre
disques, dont un seulement commence à se lober. On voit qu’un peu
plus usée, cette dent auroit eu trois disques à quatre lobes. En
arrière, est un talon de deux pointes mousses sillonnées, dont l’une,
g , est plus haute.
Cette couronne est moins usée, et par conséquent plus haute, du
côté des disques non lobés, a , d , e , que nous verrons bientôt être
le côté externe. Deux grosses racines, rompues l’une et l’autre, se dirigent
en arrière; la postérieure, i , est de beaucoup la plus grosse :
enfin il y a en avant, en Æ,un aplatissement qui fait juger que cette
dent étoit précédée par une autre dans la mâchoire.
J’ai trouvé la même dent encore implantée dans le palais, dans le
cabinet de M. de Borda à Dax. Elle a les mêmes éminences, avec
les mêmes figures et les mêmes proportions, pl. III, fig. 2 ; seulement
elle est un peu plus petite et moins usée, les deux disques antérieurs
n’ étant pas encore confondus. *
Elle y est effectivement précédée d’une dent à deux paires de
pointes, a , b , et l’on voit en arrière, c , qu’elle devoit être suivie
d’une autre encore.
J’ai trouvé une troisième fois la même dent parmi celles que Dom-
bey a rapportées du Pérou (pl. I, fig. 7), implantée dans une portion
de palais, et parfaitement semblable à celle de Simorre par les contours
et les proportions, mais un peu plus usée. Les deux disques
du milieu sont déjà confondps en un disque quadrilobé, et les deux
postérieurs sont tout près de l’être. Il n’y a plus de petite dent en
avant ; son alvéole a déjà disparu, et le corps de la dent subsistante