D E U X IÈ M E S E C T IO N .
S u r u n M a s t o d o n t e m o in d r e q u e c e l u i d e l ’ O h i o , e t q u e
j e n o m m e M astodonte a dents étboites.
Nous avons v u , dans la section précédente, que la première gravure
d’une grande molaire de l’Ohio est celle que Guettard publia
en ; mais ces dents et l’animal dont elles provenoient n’acquirent
une véritable célébrité en Europe qu’entre 1760 et 1770, par
les Mémoires de Çollinson et de W illiam Hunter.
Eong-temps auparavant il existait des notices de quelques-unes
de celles dont je vais parler ; mais les naturalistes y avoient fait peu
d’attention, faute d’objets de comparaison ; et lorsque les dents de
Y Ohio vinrent à être connues, on confondit les autres avec elles, de
manière qu’il m’a été réservé de montrer les différences spécifiques
de celles dont on avoit fait mention avant moi, et d’en faire connoître
pour la première fois plusieurs, qui étoient ignorées.
Dès i 656 , on en trouve une. figure très-reconnaissable dans
le Museo de M oscardi, p, 122. Elle y est annoncée comme une
dent de géant. Une seconde fut publiée par Grew en 1681 (M us.
Soc. reg., pl. 19, fig, 1 ) sous le titre de D ent pétrifiée, d’un
animal de mer. Camper cite cette figure ( JVov. A c t. petrop. ,
I I , aoq) comme si elle étoit de l’espèce de Y Ohio.
En 1715, Réaumur, décrivant les mines de turquoises de S i-
m o ire, et faisant voir que ces turquoises n’étoient que des os et
des dents de différentes espèces, pétrifiés et imprégnés de quelque
oxide métallique, fit graver un fragment d’une dent semblable à
celle de Grew, croyant aussi qu’elle pouvoit venir de quelque animal
marin. (Mém. de l ’A c . des S c. 1715, p. 174.)
En 1755, Dargenville en représenta une entière qu’il jugeoit
également d’un poisson inconnu (Oryctologie, pl. X V I I I , fig. 8 ).'
Knorr en donna une autre, dans ses Monumens, sup. pl. V I II , c ;
et FFalch, dans son Commentaire sur ces planches, se borna à
renvoyer à Dargenville. Ni l’un ni l’autre de ces auteurs n’indiqua
l’origine de son morceau.
On avoit fait venir dans l’intervalle quelques échantillons des dents
de Simorre pour le cabinet du roi. Daubenton les décrivit, mais
sans figures (H ist. n a t., X I I , n°. 1 10g, 1110 et 1111 ) et y joignit
( n°. x 112 ) le morceau représenté par Réaumur, sous le titre de
dents pétrifiées ayant des rapports arec celles de l hippopotame,
tandis qu’il nommoit celles de Y Ohio à six pointes, les seules qu il
connût alors de cette grande espèce, dents' fo ssiles d hippopotame.
Il distinguoit donc dès lors les unes des autres, jusqu à un certain
point 5 mais bientôt on les confondit entièrement.
Joseph Raldassari décrivit et représenta en 1767 , dans les Mémoires
de Y Académie de S ien n e, tome III, p. ilfit, deux portions
considérables de mâchoire inférieure, trouvées au M onte F o llon ico ,
prés de M onte P u lcia n o , et en jugea les dents absolument semblables
à celle de G uettard, qui étoit de la grande espèce.
Une de ces dents, très-grande, fut trouvée à Trévoux en 1784 ,
par M. de Lollière, dans un monticule de sable, et indiquée en 1785,
par M. de M orceau, dans le tome V I de l’Académie de D ijon ,
p. 102, comme si elle eût été de l’espece de 1 Ohio.
Camper en parle aussi sous ce nom (N ov. A c t. p etrop ., I I ) , et
M erck en fait autant ( I I I e. le ttr e , p. 28, note).
Cette même année, 1785, Ildeph&nse K ennedy décrivit trois portions
de ces dents, et en donna des figures dans les nouveaux M émoires
philosophiques de l’Académie Ae Bavière, t. IV, p. 1. Il les
prend également pour les mêmes que celles de l’Ohio. Elles avoient
été trouvées le6 avril 1762,près de Reichenberg, m Basse-Bavière,
par dès paysans qui tiroient du sable d’une colline pour raccommoder
la grande route, à trente pieds au-dessous du sommet} 1 auteur
joint une portion antéi'ieure de mâchoire de rhinocéros deterree
en même temps.
En 1786, après tous les travaux de Daubenton, de Camper et
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