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7C’est ainsi que les incisives des lapins, dont l’opposée est rompue,
se recoquillent tout-à-fait en spirale. j
Il est bon cependant d’observer qu’une defense d Afrique de
notre Muséum, quoique longue de six pieds, n’est pas à beaucoup
près aussi courbée que les quatre que nous venons de citer.
On peut remarquer encore que dans les très-vieux eleplians vivans
les défenses s’émoussent souvent par la pointe h mesure qu elles
s’allongent de la racine ; c’est ce que l’on voit dans le vieux crâne
de la pl. XII. Mais peut-être les éléphans fossiles, n avoient-ils pas
autant d’occasions que ceux d’aujourd’hui d’user les pointes de leurs
défenses. . ,
Il Y a aussi des défenses fossiles contournées en tire-bourre ,
comme on en voit quelquefois de vivantes. Pallas en cite une du
cabinet de Pétersbourg (i). Il y en a également une, mais moins
tordue, dans le cabinet de Stockholm. M. Quensel a bien voulu m en
envoyer un dessin.
Ainsi les défenses ne peuvent établir de caractère certain, ni entre
les espèces vivantes, ni entre celle-ci et l’espèce fossile.
3°. Comparaison des crânes.
Le crâne de l’éléphant est trop celluleux; les lames osseuse? qui
le composent sont trop minces pour qu’il ait pu se conserver aisément
dans l’état fossile : aussi en trouve-t-on des fragmens innombrables
; mais il n’est fait mention que de cinq crânes assez bien con-
servés, pour que l’on puisse en déterminer les caractères, et l’on peut
seulement leur ajouter aujourd’hui celui du squelette entier de
M. Adams, copié sur notre pl. XI. ■
Les trois premiers de ces crânes isolés appartiennent à 1 academie
de Pétersbourg (2) ; le meilleur a été trouvé sur les bords du fleuve
Indigirska, dans la Sibérie la plus orientale et la plus glacée, par
(1) Nov. Com., X I I I , p. 4 7 3 .
(2) P a i l , N oy. comment, ac. Petrop., X I I I , p. 472-
le savant et courageux dantzickois Messerschmidt (1), qui en donna
un dessin à son compatriote Breynius. Ce dernier le fit graver à la
suite d’un Mémoire qu’il inséra dans les Transactions philosophiques
(2); et c’étoitjusqu’à M. Adams le seul document public
que l’on eût sur cette partie du squelette de l’éléphant fossile.
J’ai fait copier la figure de Breynius dans ma planche I I, fig. 1 ,
à côté de celles des crânes des Indes et d’A fr iq u e , et je les ai fait
réduire toutes les trois à peu près à la même grandeur, pour faciliter
la comparaison des formes. Le premier coup d’oeil montre que Y éléphant
fo s s ile ressemble, par le crâne ainsi que par les dents, à
l ’espèce des Indes beaucoup plus qu’à l ’autre.
Malheureusement le dessin n’est pas assez correct pour une comparaison
exacte , et il n’est pas fait sur une projection bien déterminée.
La partie des alvéoles, celle du condyle pour la mâchoire
inférieure, et le bord antérieur de la fosse temporale et de l’orbite,
sont vus un peu obliquement en arrière, tandis que l’occiput et les
molaires sont en profil rigoureux.
Cependant on y voit nettement une différence frappante de proportion,
celle de l’extrême longueur des alvéoles des défenses.
Elle est triple de ce qu’elle seroit dans un crâne de l’Inde ou d’Afrique
de mêmes dimensions que celui-ci ; et la face triturante des
molaires prolongée, au lieu de rencontrer le bord alvéolaire, couperoit
le tube de l’alvéole au tiers de sa longueur.
Cette différence est d’autant plus importante qu’elle s’accorde
avec la forme de la mâchoire inférieure , comme nous le verrons
plus bas; et, comme nous l’avons dit ci-dessus, elle nécessitoit une
autre conformation dans la trompe de l’éléphant fossile : car, ouïes
attaches des muscles de la trompe étoient les mêmes, c’est-à-dire, le
dessus du nez et le bord inférieur des alvéoles des défenses, et alors
la base de cet organe étoit trois fois plus grosse, à proportion, que
dans nos éléphans vivans : ou bien les attaches des muscles étoient
.(1) l d . t ib. .
(2) Vol. X L , n». 446, pl. I et II.
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