TROISIÈME SECTION.
D e q u e l q u e s D e n t s a p p a r t e n a n t e s a u g e n r e d e s M a s t o d
o n t e s , E T QUI P A R O IS S E N T IN D IQ U E R D E S E S P È C E S D I F F É R
E N T E S D E S DEUS.F P R É C É D E N T E S .
J ’ a i dû à M. de Humboldt des dents de l’Amérique méridionale
dont les tubercules sont divisés comme ceux du mastodonte à dents
étroites, mais qui ont les mêmes proportions carrées que celles à
six pointes de Y O hio, et pourraient être prises pour elles, sans ces
figures de trèfles que l’on ne peut confondre avec les losanges du
mastodonte de l ’Ohio.
Il y en a de deux grandeurs.
Les plus grandes ont les memes dimensions que leurs correspondantes
de l’Ohio. Mi de Humboldt en a rapporté une qu’il a trouvée
près du volcan A’Imbaburra, au royaume de Quito , à 1200 toises
de hauteur. Elle est assez décomposée et encore enduite de cendres
volcaniques. Son émail est teint en roussâtre; elle est longue de 0,12
et large de o,o85. ( Voyez pl. II, fig. 1. )
Le même célèbre voyageur en a trouvé un autre échantillon à la
cordilière de Chiquitos, près Santa-Crux de la Sierra , à 180 de-
latitude australe, presque au centre de l’Amérique méridionale. C’est
un fragment très-mutilé, dont une racine très-grosse est encore
longue de plus de 6 pouces. La substance osseuse est teinte en roux
et l’émail est noirâtre à sa surface.
Je rapporte aussi à cette espèce la dent de la même province de
Chiquitos dont M. stlonz-o de Barcelone m’a envoyé le dessin
(pl. £fjjfig- I2)- Comme elle n’est pas entière en avant, on ne peut
assigner sa place; mais je juge à son talon qu elle est, ou la moyenne,
ou la postérieure d’en haut.
Cette contrée, du revers des Cordilières, paraît avoir beaucoup
de ces débris. Feu Joseph de Jussieu écrivoit de Lima, à son frère
Bernard, en 1761, dans une lettre que leur illustre neveu a bien
voulu me communiquer, que dans la vallee de T a rija , par les a3°
de latitude australe, à plus de i3o lieues de la mer, et a 200 lieues
du P o tosi, on rencontrait en abondance dans la terre, des deux
côtés de la rivière, des os et des dents pétrifiés, et que lui-même en
possédoit deux molaires d’une grosseur prodigieuse. Il ne dit pas
précisément à quelle hauteur ces os se trouvoient ; mais il assure
qu’ils n’étoient pas accompagnés de coquilles.
Les dents carrées plus petites ont un tiers de moins. M. de Humboldt
est encore celui qui les a découvertes. Je lui en dois une qu il a
rapportée de la Conception du C h ili, par les 37® de latitude sud;
elle est fort usée, mais bien conservée, teinte en noir, longue de
0,08,et large de 0,06. (Voyez pl. II, fig. 5. )
L’Europe m’a fourni, en outre, deux dents qui m’ont paru beaucoup
trop petites pour être rapportées à aucune des espèces précédentes.
La première avoit été envoyée autrefois de Saxe, par le professeur
de Goettingue Hupo, a Bernard de Jussieu, et . Antoine-Laurent
de Jussieu a bien voulu me la communiquer. Je la donne pl. II,
fi®. 11, à demi-grandeur. Entièrement semblable à celle de la pl. I,
fig. 4, elle est exactement moindre d’un tiers.
Si l’on vouloit la supposer de la même espèce, il faudrait supposer
aussi quelle étoit placée dans la mâchoire plus en avant, comme il
y en a, par exemple, deux à peu près semblables dans la jeune
mâchoire de grand mastodonte, pl. III, fig. 4- cet exemple
même ne cadrerait pas entièrement; car ces deux dents y sont à peu
près de même grandeur.
J’ignore entièrement dans quelle position cette dent s’est trouvée.
La seconde vient de Montabusard, près d’Orléans, et m’a été
communiquée par M. D efa y , qui l’avoit découverte dans une carrière
de calcaire d’eau douce, pétrie de limnées et de planorbes, et
où se trouvoient aussi beaucoup d’os de palceotheriums de diverses
grandeurs. J’en donne la figure réduite k moitié, pl. III, fig. 6. G est
la même qui a été gravee dans les ULemoires de G uettard, tom. VI,
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