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M. Jefferson en fit trois parts, dont il donna une au cabinet de la
Société philosophique de P hila delp hie, une autre à 1 Institut de
France, qui compte depuis long-temps ce grand magistrat parmi ses
associés étrangers, et dont il se réserva la troisième pour lui-même.
Les os qu’il a adressés h l’Institut sont maintenant déposés au Muséum
d’Histoire naturelle, et il se trouve dans le nombre, trois belles
mâchelières bien caractérisées d’éléphant, dont nous donnerons
les figures et les^descriptions (i).
M. M itc h ïll, dont j’emprunte le détail de cette découverte, donne
aussi k figure d’une véritablemâchelière d’éléphant fossile, de Mid-
d leton , dans le comté de Monmouth , egalement de 1 état de K en -
iuckey, et celle d’une autre de la côte orientale de la baie de Chesa-
p ea k , dans l’état de Maryland (2).
Je ne sais si cette dernière est la même dont cet auteur parle,
p 3g4, comme ayant été déterrée dans le comté de la reine Anne
sur la côte orientale de Maryland.
Selon M. Rembrandt P ea le , ces mâchelières d’éléphant du Ken-
tuckey, toutes semblables à celles de Sibérie , seroient en petit
nombre, dans un grand état de décomposition, non accompagnées
des autres os, si ce n’est peut-être des défenses; d’où cet estimable
artiste conclut que la destruction de l’éléphant en Amérique, est de
beaucoup antérieure à celle du mastodonte, ou que les: dépouillés
du premier ont été apportées d’ailleurs par quelque catastrophe (3).
D’après une lettre écrite par John Stranger, et insérée dans
XAmerican monthly magasine de New -Yorck, de mai 1818, on
a trouvé en mars de la meme annee, dans le comte de JV ythe,
près la rivière d’Ihanhawa en Virginie, en un lieu marécageux où
se montroient des efflorescences salines à environ six pieds sous terre,
de grands os, et des dents à côtes transversales, par conséquent 1 * 3
(1) Cet historique est extrait de l’Appendice dontM. Samuel Mitchill, professeur à New-
Yorck , a enrichi la traduction de mon Discours préliminaire, imprimée en Amérique en
1818 ; p. 36i.
l p Mitchill, ib-, pl. T I , fig. 'tètsdé 5 et 6..
(3) Historic, disquisition on the Mammoth, p. 68.
d’éléphant, en même temps que d’autres dents qui paroissent avoir
appartenu à un petit mastodonte.
L ’éléphant accompagne si bien le mastodonte, qu’on en trouve
les débris dans les mêmes lieux, jusque vers les bords du golfe du
Mexique, M. M a r tel, ancien consul de France à là Louisiane, m’a
communiqué une énorme mâchelière de véritable éléphant fossile
qu’il avoit achetée à la Nouvelle-Orléans, et que l’on avoit déterrée
avec de grandes mâchelières de mastodonte, aux bords du M issis-
sip i, non loin de son embouchure. Elle étoit usée par les côtés, en
sorte que l’on pouvoit supposer qu’elle avoit été transportée par les
eaux.
On voit aussi par une lettre de W illiam D arby, auteur de la
nouvelle carte de la Louisiane, au docteur M itc h ill, qu’en 1804.il
vit retirer de la terre, dans la contrée des A pelouses, par les 3i» de
latitude nord, une mâchoire inférieure dans laquelle étoit une dent
à lames transversales, dont quelques fragmens ont passé dans le
cabinet du docteur W istar à Philadelphie (1).
Eufin j ai des morceaux d’éléphans à montrer qui viennent des
possessions espagnoles en Amérique. Je les dois à l’amitié dont m’honore
l’illustre et généreux M. de ELumboldt. Pendant tout son voyage,
ce savant n’a négligé aucune occasion de recueillir les dépouilles
fossiles de quadrupèdes, dans l’intention de favoriser mes recherches,
et il a bien voulu me remettre à son retour, parmi beaucoup d’autres
pièces dont je ferai usage par la suite , des lames séparées de molaires
très-grandes, et du reste entièrement semblables à celles de
l’éléphant de Sibérie, par l’étroitesse et le peu de festonnement des
lames d’émail, ainsi que par la petite dilatation de leur milieu. On
les a prises à H ue-huetoca, près de M exico.
Il y a joint une pointe de defense d’un ivoire calciné, mais parfaitement
reconnoissable, de la V illa de Iba rra , province de Q uito,
au Pérou, à cent dix-sept toises de hauteur.
(1) Mitchilly notes sur la trad, de mon Discours pre'liminaire , éd. de N ew-Y orck , 1848,
p. 4 0 4 et 4 °5>