étoient de même durée, et croyant enfin reconnoître que cette
durée étoit de 365 jours et un quart, ils imaginèrent une période
après laquelle l’année tropique et l’ancienne année, l’année sacrée de
365 jours seulement, dévoient revenir au même jour; période qui,
d’après ces données peu exactes, étoit nécessairement de 1461 années
sacrées et de 1460 de ces années perfectionnées auxquelles ils
donnèrent le nom d’années de Sirius.
Ils prirent pour point de départ de cette période, qu’ils appelèrent
grande année, une année civile, dont le premier jour étoit ou avoit
été aussi celui d’un lever héliaque de Sirius, et l’on sait par le te~
moignage positif de Censorin, qu’une de ces grandes années avoit
pris fin en i 38 de Jésus-Christ (1); par conséquent elle avoit commencé
en i 322 avant Jésus-Christ; et celle qui l’avoit précédée
en 2782. En effet, par les calculs de M. ldeler, on reconnaît que1
Sirius s’est levé héliaquement le 20 juillet de l’année julienne J3g ,
jour qui répondoit cette année-là au premier de Thot ou au premier
jour de l ’année saçrée égyptienee {2).
Mais non-seulement la position du soleil, par rapport aux étoiles
de l’écliptique, on l’année sidérale., n’est pas la même que l’année
tropique , à cause de la précession des équinoxes ; l’année héliaque
d’une étoile, ou la période de son lever héliaque, surtout lorsqu’elle
est éloignée de l’écliptique, diffère encore de l’année sidérale, et eu
diffère diversement selon les latitudes des lieu£ où on l’ofiserve. Ce
qui est bien singulier, cependant, et ce que déjà Bainbridge (,3) et le
père Petan (4) ont fait observer (5), il est .arrivé, par un concours
(1) Tout çe système est .développé par Çensorin, de Die natali, cap. X V III et-cap. X X I .
(2) Jdeler, Recherches historiques sur les observations astronomiques des anciens , traduction
de M. HalmjZj à la suite de son Canon de Ptolomée, p, 82 et ?uiv.
,(3) Bainbridge, -Çanicul.
(4) Petau, Var. Dess., lib. V , cap. V I , p. 108.
(5) Voyez aussi La Nauze aur l’année égyptienne, Acad. des .Belles Lettres, X IV , p. 346 ;
et le Mémoire de M. Fourier, dans le grand ouvr. sur l’Égypte , Mém. , t. I , p . 8o3.
PRELIMINAIRE,
remarquable dans les positions, que sous la latitude de la haute
Égypte, à une certaine époque et pendant un certain nombre de
siècles, l’année de Sirius étoit réellement, à très-peu de chose près,
de 365 jours et un quart : en sorte que le lever héliaque de cette
étoile revint en effet au même jour de l’année julienne, aü 20 juillet,
en 1322 avant et en i 38 après Jésus-Christ (1).
De cette coïncidence effective 1, à cette époque reculée, M. Fourier,
qui a constaté tous ces rapports par un grand travail et par de
nouveaux calculs, conclut que puisque la longueur de 1 aunee de
Sirius étoit si parfaitement connue des Egyptiens, il falloit qu’ils l’eus-
S é h t déterminée sur des observations faites pendant long-temps et
avec beaucoup d’exactitude, observations qui remontoient au moins
à i5oo ans avant notre ère et qui n’auroient pu se faire ni beaucoup
avant, ni beaucoup après cet intervalle de temps (2).
Certainement ce résultat seroit très-frappant si c étoit directement
et par dés observations faites sur Sirius loi-même qu’ils eussent fixé la
longueur de l’année de Sirius; mais des astronomes expérimentes affirment
qu’il est impossible que le lever héliaque d’une etoile ait pu servir
de base-à dès observations exactes sur un pareil sujet, surtout dans
un climat où le tour de Vhorizon est toujours tellem ent charge
tic vapeurs, que dans les belles nuits on n e voit jam ais d étoiles
à quelques degrés au-dessus de l h orizon , dans les seconde et
troisième grandeurs j e t que le so le il meme, a son lever e t à son
coucher, se trouve entièrement déformé '(3). Us soutiennent que
‘(I) Pe'tàul toc, oit. M. Ideler affirme que cette rencontre du ïeveriéliaque de Sirins eut
aussi lieu èn 2782 avant J.-C. fcecfcW&fcliBUfr. dans le Ptolomée de M , Hatma, tome IV ,
p. 37) ; mais 'pour Vannée julienne t p i aussi la der-nièré-d’-une-grande
année , te P. Petau et M. Ideler different-beaucoup entre eux. Celui-ci met le lever héliaque
de Sirius au 22 juillet ; le premier le place au 19 ou au 20 d’aout.
(2) Voyez , dans le -grand ouvrage sur l ’É g ., Antiquités, Mém.-, 1. 1, p. 8o3 , -1 ingénieux
Mém. de M. Fourier, intitulé Recherches sur les sciences et le gouvernement de.l’Rgypte.
(3) Ce son lies expressions de feu Nouet, astronome de l’expédition d Égypte. Voyez Folney,
Recherches nouvelles sur l’histoife ancienne, III.
O