auteur, et dont la rotule égaloit en grandeur un des palets usités aux
jeux olympiques (i) ; et enfin les grands os de Rhodes, dont parle
Phlegon de T ralles (2).
L ’Espagne ne manque point de récits d’ossemens de géans. Telle
est la prétendue dent de Saint-Christophe , que l’on fit voir à
Louis Vives dans l’église de ce nom à V ile n c e , et qui étoit, dit-il,
de la grosseur du poing (3).
Une notice bien plus certaine, c’ est qu’il y a au cabinet royal de
M ad rid , de l’ivoire et des os d’éléphant trouvés dans les fondations
du pont du Mançanarez. Ml Proust nous l’apprend dans une lettre
à feu Lam étherie, insérée au journal de physique de Mars 1806.
M. Dum éril a vu dans le même cabinet plusieurs fragmens de défense
de deux pieds de long; des portions de fémurs et d’autres os
trouvés près du pont de Tolède.-
Mais l’Espagne est encore un de_ ces pays, où les Carthaginois ont
dû conduire beaucoup d’éléphans; passons donc en France, qui en
a reçu, comme chacun sait, beaucoup moins que la Grèce et l’Italie,
pendant les temps historiques.
En effet, quelque attention que les Gaulois aient pu donner à
ceux qui avoient traversé les parties méridionales de leur pays, lors
du passage d’A n n ib a l, ils n’en furent pas moins effrayés de ceux
que Domitius Ænobarbus y conduisit contre les Allobroges et les
Auvergnats (4).
Ce qui cependant peut paroître assez singulier, c’ est que les endroits
où l’on en a trouvé le plus anciennement sont aux environs du
Rhône, et par conséquent dans les lieux où A n niba l et Domitius
ont dû passer. Il auroit donc été assez naturel de les leur attribuer ;
mais on aima mieux d’abord les regarder commfe des os de géans.
Sous le règne de Charles V I I , en i 456, le Rhône mit à nu de
(1) Pausanias, A t tic ., cap. 35.
(2) Phlegon, De Mirabil., cap. X V I .
(3) Vives ad Civ. dei A ugust., lib. X V , cap. IX .
(4) Prose} lib. V? cap. XIII ; et Florus} lib. III ? cap. II.
ces prétendus os de géans, en Vivarrais dans la baronnie de Crussol,
près du bourg de Sa in t-Peira t, vis-à-vis de la ville de Valence (i).
Louis Dauphin, depuis Louis X I , qui résidoit alors à Valence,
en recueillit le témoignage, et une'partie des os fut portée à Bourges
et suspendue par ordre de R én é, roi titulaire de Naples, aux murs
de la Sainte-Chapelle de cette ville, où ils sont restés fort longtemps.
'
Jean le M a ire, dans ses Illustrations de G a u le, tire de ces os
avec la logique de ce temps-là une preuve que la-maison de Toumon
descend des Troyens (2).
Jean Cassanion, dans son traité des géans (3) , parle d’une découverte
faite au même lieu, un peu avant la deuxième guerre de
religion , par conséquent vers 1564 j deux paysans aperçurent de
grands os qui sortoierit de terre le long d’une pente; ils les portèrent
dans un village voisin où Cassanion, qui demeuroit alors à Valence,
les examina. Il les prênoit encore pour des os de géans ; mais la
description qu’il donne de l’une des dents, prouve à elle seule que
c’étoient des os d’éléphans. Elle pesoit huit livres et étoit longue d’un
pied ; son épaisseur étoit beaucoup moindre , elle avoit quelques
racines. La surface triturante étoit concave et large de quatre doigts;
on n’en avoit trouvé que deux, et la seconde se conservoit près de
là, au château de Charmes.
C’est aussi à peu de distance du Rhône, mais en Dauphiné, que
s’est trouvé sous Louis X I I I , celui de tous les squelettes fossiles qui
a donné lieu à plus de contestations, le fameux Teutobochus, sujet
des longues disputes d’Habicot et de' Riolan. Les nombreuses brochures
qu’il occasionna sont remplies d’injures, mais ne contiennent
presque rien qui puisse éclaircir la question. La rivalité entre les
médecins et les chirurgiens excitoit les combàttans beaucoup plus que
l ’intérêt de la vérité. Riolan montra cependant assez habilement,
(1) Fulgose, De Dict. factisque Memor., lib. I , cap. V I , p. x4-
(2) Illustrations de Gaule et singularités de Trojres, pag. m. 289.
(3) De Gigantibus, auct. *7. Cassanione, Monostrolieuse, Basil. i 58o , p. 6x.