auxquels il ne convenoit point. A n toin e de Ju ssieu , et Daubenton
dans ses n°s. MCII et MCIV, .sont les seuls qui aient eu le double
mérite de nous offrir de vrais objets et de les bien nommer,
Après ce résumé des travaux de mes prédécesseurs, venons à
mes propres observations.
A r t i c l e p r e m i e h .
Du grand hippopotame fo s sile .
I. Des lieu x où Von en a trouvé.
Les premiers morceaux qui m’aient averti de l’existence des osse-
mens d’hippopotame parmi les fossiles furent donc ceux du Muséum,
indiqués par Daubenton sous les nos. MCII et MCW.
J’ai représenté le premier, pl. I I , bg. m C’est une portion de la
mâchoire inférieure du côté droit, contenant la pénultième et l’anté*
pénultième molaire. On juge, à l ’état peu avancé de la pénultième,
que la dernière de toutes ne devoit pas enoore être sortie. L ’antépénultième
est beaucoup plus usée que l’autre. En avant de ces deux
dents est l’alvéole d’une troisième, dont il ne reste que quelques
fragmens de racine.,Le bord inferieur est cassé sur toute la longueur
du morceau. La grande dent a o,o5 , et la petite o,o35 de longueur.
La largeur de l’une et de l’autre est de 0,025 .à 0,027.. bes dents
pareilles, mesurées dans un hippopotame ordinaire, ont chacune
'o,oo5 de plus, c’est-à-dire qu’elles sont à peu près d ’un dixième plus
longues. L’émail est teint en noirâtre :; la substanoe osseuse, ainsi
que l’os maxillaire, en brun foncé.
Le second morceau, pl. I I , fig. 2, est une pénultième molaire
d ’en haut , dans un état de détritionmoyenne ; outre qu’elle est devenue
un peu friable par son séjour dans la terre, elle a été roulée,
et toutes ses formes se sont arrondies; les racines sont icassées; son
émail est jaunâtre, et n’apoint la teinte noire du morceau précédent,
On pourvoit, d’après, ces circonstancesdouter qu’ils vinssent du
même endroit, et ce que j’ai soupçonné plus haut de leur origine
pourroit n’être vrai que pour l’un des deux seulement.
Le troisième morceau fossile de grand hippopotame qui se soit
offert à mes recherches est du cabinet de feu Joubert, aujourd’hui
à M. de Drée. Je l’ai représenté, pl. I , fig. 2. Celui-ci est de la
grandeur des individus vivans ordinaires. C’est un fragment de mâchoire
supérieure, contenant deux dents précisément dans F état de
détrition où elles sont le plus facilement reconnoissables par les trèfles
et les autres linéamens de leur couronne ; ce sont la dernière et
l’avant-dernière molaire du côté gauche.
Ce morceau est évidemmemt fossile et pénétré d’une substance
ferrugineuse, mais ne porte non plus aucune indication du lieu de
son origine. Cependant, comme M. Joubert étoit trésorier des Etats
de Languedoc, et que sa place l’appeloit souvent à Montpellier, il
est très-possible que ce soit là qu’il ait acquis ce morceau, et même
qu’il l’ait tiré précisément de ce lieu de la M osson, dont Antoine
de Jussieu en avoit déjà eu de semblables. Lors de mon passage à
Montpellier en 1802, je m’enquis soigneusement de tous les fossiles
qui pouvoient y être dans les cabinets; je visitai même avec soin
celui de mon respectable confrère M. Gouan, et celui de l’Ecole
centrale, que dirigeoit alors feu Draparnaud ■ mais je n’y aperçus
aucun ossement d’hippopotame.
Quelque temps après avoir vu ce morceau du cabinet de Joubert,
examinant divers fossiles recueillis dans le val d’Arno par M. Miot,
dans le temps qu’il étoit ministre de France près le grand duc de
Toscane, j’y remarquai un astragale que je ne pus rapporter à son
espèce : M. Miot ayant eu la bonté de me le prêter pour l’examiner
à loisir, je vis bientôt qu’il n’appartenoit ni à l’éléphant ni au rhinocéros
; et comme sa grandeur ne permettoit pas de croire qu’il vînt
d’un animal plus petit que ces deux-là, je ne doutai plus qu’il n’appartînt
à l’hippopotame.
Sa forme confirmoit cette idée. Elle ressemble à peu de chose près
à celle de l’astragale du cochon, et le cochon est certainement de