sillonnées sur leur longueur. (Voyezpl. III, fig. 5. ) Dans Yéléphant
d 'A friq u e , T une des surfaces ( et souvent toutes les deux) produit
dans son milieu et sur à peu près toute sa hauteur une
saillie anguleuse; ses sillons sont aussi beaucoup moins nombreux.
( Voyez pl. III, fig. 6. )
U résulte de cette structure des germes que la coupe des lames,
quand la dent a été usée, présente dans Yéléphant des Indes des
rubans transverses étroits, d’une égale largeur, et dont les bords,
formés par l ’émail, sont très-festonnés; et dans Yéléphant d 'A friq u e
des losanges, ou des rubans plus larges au milieu qu’aux deux bouts,
et dont les bords sont rarement découpés en festons bien sensibles.
A cette différence de forme, s’en joint une dans le nombre : les
lames de Yéléphant d ’A friq u e étant plus larges, il en faut moins
pour former une même longueur de dent ; neuf ou dix de ces lames
font une dent aussi grande que treize ou quatorze de l’espèce des
Indes.
Il paroît que ces deux espèces observent la même proportion dans
les dents de même âge que dans celles de même longueur. Ainsi,
en comparant nos crânes A’ A sie avec ceux S A fr iq u e , à peu près
de même âge, nous trouvons aux dents postérieures des premiers
quatorze ou quinze lames, et à celles des autres neuf ou dix seulement.
Aussi n’avons-nous jamais vu de dent d’Afrique qui eut plus de
dix lames, tandis que celles des Indes en ont, selon M. Coxe, jusqu’à
vingt-trois, et que nous en voyons de fossiles à vingt-quatre et vingt-
cinq.
2°. Différences relatives aux défenses.
Le tissu des défenses n’ offre point de différences importantes. Il
présente toujours sur sa coupe transverse ces stries qui vont en arc
de cercle du centre à la circonférence, et forment en se croisant
des losanges curvilignes qui en occupent tout le disque, et qui
sont plus ou moins larges, et plus ou moins sensibles à l’oeil. Ce
V IV Â N S '.
caractère, commun à tous les ivoires d’éléphant et dépendant immédiatement
des pores de leur noyau pulpeux, ne se trouve dans les
défenses d’aucun autre animal. On l’observe dans toutes les défenses
fossiles, et il réfute l’opinion de Leibnitz, ( i ) , adoptée par quelques
autres écrivains et même par Linnoeus (a), que les cornes de mammouth
pourroient provenir du morse ( trichecus rosmarus'). Les
défenses du morse paroissent toutes composées de petits grains ronds
accumulés.
La grandeur des défenses varie selon les espèces, selon les sexes
et selon les variétés ; et comme elles croissent pendant toute la vie,
l’âge influe plus que tout le reste sur leurs dimensions.
L ’éléphant d’Afrique a , du moins dans certains pays, de grandes
défenses dans lesdeux sexes. La femelle africaine de 17 ans, qui a vécu
à la ménagerie de Louis X IV , et dont nous possédons le squelette,
fait par Duverney, en porte de plus grandes que tous les éléphans
des Indes mâles et femelles de même taille dont nous avons eu con-
noissance.
C ’est en Afrique qu’on trouve le plus d’ivoire, les défenses les
plus volumineuses, et celles dont l’ivoire est le plus dur et conserve
le mieux sa blancheur. Cosmas avoit déjà fait cette remarque, comme
nous l’avons vu.
Il se trouve à la vérité dans Sparmann (3) un passage où il est
dit qu’au Cap l’on reconnoît les femelles d.’ éléphans à la petitesse
de leurs défenses, mais cette expression est un peu vague, et n’emporte
pas précisément une petitesse telle qu’elles ne paroîtroient
pas ou presque pas, comme dans les femelles de l’espèce des Indes.
Dans l’espèce des Indes, il y a beaucoup de variétés que M. Corse
a développées avec plus de soin qu’aucun autre (4)-
D’abord aucune femelle n’y porte de longues défenses ; elles les 1 2 3 4
(1) Protogcea, § X X X IY , p. 26.
(2) Syst. N a t., ed. X I I , p. 49*
(3) Voyage au Cap, e t c ., trad. f r . , in-8°., t. I I , p. 52.
(4) Trans,, phil. , 1799 , p. ao5 et suiy.