anciens, sous les noms de pithèques, de sphynx, de satyres, de cebus,
de cynocéphales, de cercopithèques (i).
Ils ont connu et décrit jusqu'à d’assez petites espèces de rongeurs,
quand elles avoient quelque conformation ou quelque propriété notable
(a). Mais les petites espèces ne nous importent point relativement
à notre objet, et il nous suffit d’avoir montré que toutes les
grandes espèces remarquables par quelque caractère, que nous
connoissons aujourd’hui en Europe, en Asie et en Afrique, étoient
déjà connues des anciens, d’où nous pouvons aisément conclure que
s’ils ne fontpas mention des petites, ou s’ils ne distinguent point celles
qui se ressemblent trop, comme les diverses gazelles et autres, ils
en ont été empêchés par le défaut d’attention et de méthode, plutôt
que par les obstacles du climat. Nous conclurons également que si
dix-huit ou vingt siècles, et la circumnavigation de l’Afrique et des
Indes, n’ont rien ajouté en ce genre à ce que les anciens nous ont
appris, il n’y a pas d’apparence que les siècles qui suivront apprennent
beaucoup à nos neveux.
Mais peut-être quelqu’un fera-t-il un argument inverse, et dira
que non-seulement les anciens, comme nous venons de le prouver,
ont connu autant de grands animaux que nous, mais qu’ils en ont
décrit plusieurs que nous n’avons pas ; que nous nous hâtons trop de
regarder ces animaux comme fabuleux; que nous devons les chercher
encore avant de croire avoir épuisé l’histoire de la création existante ;
enfin que parmi ces animaux prétendus fabuleux sé trouveront peut-
être, lorsqu’on les connoîtra mieux, les originaux de nos ossemens
d’espèces inconnues. Quelques uns penseront même que ces monstres
divers, ornemens essentiels de l’histoire héroïque de presque tous les * 2
■ (i) Yoyez Lichtenstein, Comment, de Simiarum quotquot veteribus innotuerunt formis.
Hamburg. 1791.
(2) La gerboise est gravée sur les médailles de Cyrène, et indiquée par Aristote s’ous le
nom de rat à deux pieds.
peuples, sont précisément ces espèces qu’il a fallu détruire, pour permettre
à la civilisation de s’établir. Ainsi les Thésée et les Belléro-
phon auroient été plus heureux que tous nos peuples d’aujourd’hui,
qui ont bien repoussé les animaux nuisibles, mais qui ne sont encore
parvenus à en exterminer aucun.
Il est facile de répondre à cette objection en examinant les descriptions
de ces êtres inconnus, et en remontant à leur origine.
Les plus nombreux ont une origine purement mythologique, et leurs
descriptions en portent l’empreinte irrécusable ; car on ne voit dans
presque toutes que des parties d’animaux connus, réunies par une
imagination sans frein, et contre toutes les lois de la nature.
Ceux qu’ont inventés ou arrangés les Grecs ont au moins de la
grâce dans leur composition ; semblables à ces arabesques qui décorent
quelques restes d’édifices antiques, et qu’a multipliés le pinceau fécond
de Raphaël, les formes qui s’y marient, tout en répugnant à la
raison, offrent à l’oeil des contours agréables; ce sont des produits
légers d’heureux songes; peut-être des emblèmes dans le goût
oriental, où l’on prétendoit voiler sous des images mystiques
quelques propositions de métaphysique ou de morale. Pardonnons
à ceux qui emploient leur temps à découvrir la sagesse cachée dans
le sphynx de Thèbes, ou dans le pégase de Thessalie, ou dans le mi-
notaure de Crète, ou dans la chimère de l’Epire ; mais espérons que
personne ne les cherchera sérieusement dans la nature : autant
vaudroit y chercher les animaux de Daniel, ou la bête de l’apocalypse.
N’y cherchons pas davantage les animaux mythologiques des
Perses, enfans d’une imagination encore plus exaltée; cette marti-
chore ou destructeurdhommes, qui porte une tête humaine sur uu
corps de lion, terminé par une queue de scorpion (i) ; ce griffon ou
' (0 P lin., VIII, 3i ; Arist., lib. II, cap. X I ; Phot. , Bibl., art. 72; Ctes., ïndic. : AEliart..