» sont celles d’un éléphant qui est de la même espèce que celui
» d’Afrique. »
Cependant les dents de Vienne, celles de 1 Ohio et celles du Pérou,
ne se ressemblent point entre elles, et ni les unes ni les autres ne
ressemblent à celles de 1 éléphant d Afrique.
D’autres auteurs ont cru pouvoir établir des différences spécifiques
sur le nombre des dents existantes à la fois dans la mâchoire. Ainsi
Merk, I I e. L ettre sur les os fo s sile s de rhinocéros, Darmst. ,1784,
p . 12 e t suivantes, croit pouvoir établir la différence entre les ele-
phans vivans et les fossiles, sur ce que les mâchoires qu’il avoit
observées ne portoient que deux dents , tandis que celle de 1 éléphant
décrit par Daubenton en avoit quatre. Il remplit huit pages de
raisonnemens à ce sujet, et finit cependant par proposer aussi une
explication de cette variété dans le nombre des dents, semblable à
celle de Pallas, en la rapportant à la différence des âges. M. Morozzo,
Mém. de la S o ciété ita l., tome X , p. 162 , nous dit encore que
l’éléphant n’a qu’une dent de chaque côté.
Quelques-uns n’ayant pas su comment ces dents diminuent dans
tous les sens avant de tomber, ni la grande différence entre les dents
des jeunes individus et celles des vieux, ont imagine que les petites
molaires que l’on trouve isolées, provenoient de quelque éléphant
d’une espèce plus petite.
D’autres ne songeant pas que les lames élevées, qui forment la plus
grande partie”du corps de la dent, sortent d’une base commune, et
que dans les dents usées jusqu’à cette base les lames qu’elles produisent
doivent se réunir l’une à l’autre plus ou moins irrégulièrement,
ont rapporté à des espèces particulières les dents profondément
usées. Telle est par exemple celle du dépôt de T hied e, que M. de
Strombeck a fait graver dans sa traduction de B reisla ck, tome II,
p. 428. Les lames y sonttellement larges, et s’unissent si irrégulièrement
l’une à l’autre par le milieu, qu’elles produisent sur la couronne de
la dent un dessin que l’on a peine à rapporter à ceux des dents fossiles
ordinaires; cependant il suffit pour en obtenir un pareil de faire
^cier une dent d’éléphant d’Asie très-près de la racine. Je suis tresconvaincu
que c’est à quelque circonstance analogue que tient l’assertion
de M. Doehne et de M. de Strom beck, sur les dents semblables
k celles de l’éléphant d’Afrique, qui se seroient aussi trouvées
dans ce dépôt de Thiede (1).
Mais les erreurs incomparablement les plus fortes et les plus
bizarres sont celles qu’ont occasionnées les lames partielles de
germes de molaires d’éléphans, que l’on a trouvées détachées et non
usées.
Les anciens naturalistes, qui considéroient généralement les fossiles
comme des pierres figurées, trouvèrent à Ces lamés quelque
ressemblance avec un pied ou une main, et leur donnèrent le nom
de chirites'.
K irk er en représente sous ce nom dans son Mundus Subterra-
neus, I I , 64- Il y en a aussi de pareilles dans son Muséum et dans
le Muséum metallicum vaticanum de M ercati.
Aldrovande en représente sons le même nom, de M eta lU c.,
lib. IV, 481.
Mais' rien n’approche en ce genre de ce qu’on trouve dans les
Rariora N a turæ et A r tis de Kundmann, pl. III, fig. 2. Cet auteur
décrit l’objet représenté par sa figure comme la p a tte p étrifiée de
quelque grand babouin ; il assure que la peau, la chair, les ongles,
les veines s’y voyoient entièrement pétrifiés; que M. F isch er , professeur
de K oe n isb e rg qui avoit vu la plupart des cabinets de l’Europe,
regardoit cette pétrification comme l’une des plus rares du
monde; et qu’enfin le roi de Pologne, électeur de Saxe, lui en avoit
fait offrir une somme considérable pour l’acquérir pour le cabinet
de Dresde. TValch, dans son Commentaire sur l’ouvrage de K n o rr,
tome I I, sect. H, p. i o o , cite ce morceau parmi les ostéolithes de
singe, etc. Cependant un simple coup d’oeil jeté sur la figure fait voir
que ce n’est qu’une lame de molaire d’ éléphant, non encore usée à
son extrémité, ni soudée au reste de la dent. Au reste, cette erreur 1
(1) Voyez Dcehne, dans les Annales de Gilbert, n°. X I de 1817 ; et dans la Bibt. iiniv.
de Genève, de fév. 1818. Voyez aussi Strombeck, lbc. c i t ., p. 4^8.