et au contraire celle de mastodonte que j’ai sous les yeux est elliptique.
2°. Celles d’éléphant ont une enveloppe d’une matière dont le
tissu n’est pas celui de l’ivoire, dont les fibres sont convergentes vers
le centre, et qui, quoique moins dure que Y émail ordinaire, en est
cependant une espèce.
« La bande de la circonférence (dit Daubenton) est quelquefois
» composée de fibres droites transversales qui aboutiroient au
» centre si elles étoient prolongées. » ( H ist. n a t,, t. X I , in-4°- )
C’est d’ailleurs une observation que tout le monde peut faire sur
les défenses lorsque leur surface n’a pas été usée.
Notre défense de mastodonte ressemble en cela à celles de Y éléphant.
3°. C’est peut-être une cause accidentelle qui a ramolli l’intérieur
des défenses trouvées par M. P ea le„ en les décomposant plus ou
moins, quoique les os trouvés en même temps ne fussent presque
point altérés, M. M oriohini, professeur de chimie à Rome, a découvert,
il y a quelques années, que l’ivoire fossile est sujet à être
décomposé, en changeant, par une cause encore inconnue, son phosphate
de chaux en fluate de chaux.
Notre défense de mastodonte intacte n’a point d’acide fluorique,
ainsi que s’en sont assurés MM. Vauquelin etLaugier, qui ont bien
voulu l’analyser. Peut-être celles de M. P ea le en ont-elles.
La courbure de ces défenses varie autant que dans les éléphans.
Celle du dessin de M. M ichaëlis est presque droite. La nôtre (pl.IY,
fig. 3) est légèrement arquée. Une très-grande, trouvée avec la tête du
squelette de Philadelphie, est presque courbée en demi-cercle. Comme
elle avoit été mutilée , onn’apu en placer au squelette même qu’une
copie en bois. Elle a i o' 7" angl. ou 3,17 de longueur en suivant là circonférence
(1), Celle qui nous a été envoyée par M. Jefferson, a de
longueur a,35 ou plus de sept pieds, et 0,194 de diamètre vers la base.
Les alvéoles du squelette de M. Peale ont huit pouces anglois,
(1) Remb. Peale , Hist. disq., p. 61.
ou 0,202 de profondeur ; la pointe des défenses qui s’y implantent
n’est pas tout-à-fait dans le même plan que la base, et forme un
commencement de tire-bourre.
11 paroît que leur direction, à la sortie de l’alveole, est un peu plus
oblique en avant que dans l’éléphant.
On les avoit d’abord placées, comme dans l’éléphant, la pointe en
haut : dans cet état elles avoient 6" ou o ,i5 de distance entre leurs
bases, et 8' 9" ou 2,65 entre leurs pointes (1).
M. Rembrandt P ea le s’est déterminé depuis à les mettre dans une
position renversée, c’est-à-dire la convexité en avant, et la pointe
revenant en bas et en arrière.
Il donne lui-même les motifs suivans de ce changement (2).
i°. L ’abaissement du condyle occipital, et la forte courbure des
défenses, élevoient la pointe de celles-ci à une trop grande hauteur
au-dessus du sol, et de la tête même de l’animal.
Il n’auroit pu les abaisser assez pour s’en servir à quoi que ce fût,
2°. Les défenses trouvées à l’un des endroits mentionnés ci-dessus
sont usées à leur extrémité ; de manière qu’il faudroit, en supposant
que cette extrémité ait été en haut, imaginer aussi que l’animal
la frottoit sans utilité contre des rochers escarpés et verticaux.
Il est plus naturel de croire qu’il l’a usée en cherchant des coquillages
ou en fouillant les bords des rivières et des lacs.
Ces raisons ne paroîtront peut-être pas péremptoires à tout le
monde.
\1 éléphant fo s s ile , ou vrai mammouth des Russes, avoit souvent
des défenses tout aussi fortement courbées que le mastodonte,
et cependant elles avoient leur pointe en haut.
On ne conçoit guères plus à quoi elles auroient pu servir dans la’
position que M, P ea le leur assigne, que dans celle que l’analogie leur
indique. 1
(1) Extrait d’une lettre de Philadelphie, 23 mars 1802,. dont M. Everard Home a bien
voulu m’adresser copie.
. (2) Histk disq., p. 62.