bientôt cette tunique devient imperceptible dans les portions durcies
de la dent, ou du moins qu’elle n’y paroit que sur la coupe comme
une ligne grisâtre fort fine, qui sépare l’émail de la substance interne.
Mais on voit toujours alors que c’ est elle seule qui attache ces parties
durcies au fond de la capsule ; car sans elle il y auroit solution de continuité.
La substance appelée osseuse et l’émail sont donc produits par une
sorte de juxta-position.
La première se forme par couches, du dehors au dedans; la couche
intérieure est la dernière faite, et c’est aussi la plus étendue, absolument
comme dans les coquilles; et sa formation commençant par les
points les plus saillans du noyau gélatineux de la dent, c’est à ces
points que cette substance est la plus épaisse ; elle va en s’amincissant
à mesure qu’elle s’en éloigne.
Que l’on se reporte maintenant par la pensée à l’ époque où cette
transsudation commence : on concevra qu’il se forme une petite
calotte sur chacune des dentelures qui divisent les tranehans des
petits murs gélatineux dont j’ai parlé tantôt. A mesure que de nouvelles
couches s’ajoutent par dedans aux premières, les calottes se
changent en cornets coniques; si les couches nouvelles et intérieures
descendent jusqu’au fond des échancrures des tranehans de ces petits
murs, tous les cornets se réunissent en une seule lame transversale:;
enfin si elles descendent jusqu’à la base des petits murs eux-mêmes,
toutes les lames transversales se réuniront en une seule couronne de
dent, qui présenteroit les mêmes éminences et les mêmes découpures
que l’on voyoit dans son noyau gélatineux, si, pendant le temps que
ces couches transsudoient, d’autres substances ne s’étoient pas déposées
dessus, et n’en avoient pas en partie rempli les intervalles.
D’abord l’émail est déposé, comme je l’ai dit, sur la surface de la
substance dite osseuse, par la membrane interne de la capsule,
sous forme de petites fibres ou plutôt de petits cristaux tous perpendiculaires^
cette surface, et y formant, dans les premiers temps,
une sorte de velours à brins fins. Quand on ouvre la capsule dun
germe de dent, on trouve les petites molécules du futur émail,
encore très-légèrement adhérentes à la face interne de cette capsule;
et s’en détachant aisément. Une partie nage même dans une liqueur
interposée entre la capsule et le germe. Je n’ai pas vu les petites
vésicules adhérentes à la capsule, d’où Hérissant prétend que sort
la matière qui doit en se desséchant devenir l’émail. L ’opinion de
H unter que l’émail n’ est que le sédiment du liquide interposé entre
la dent et sa capsule, est inexacte, en ce qü’il fait trop abstraction
de la membrane capsulaire, d’où sortent réellement les molécules
de 1’ émail; mais il est très-vrai que cés molécules sont d’abord entre
cette membrane et la dent avant de se coller à celle-ci. Quant à
l’autre opinion, qui fait sortir l’émail, comme par efflorescence, des
pores de la substance osseuse, quoiqu’elle soit reçue de beaucoup
d’anatomistes, elle n’a pas le moindre fondement dans l’intuition.
Mais revenons à nos dents.
Une couche épaisse d’émail enduisant donc la couronne de toute
part, remplit une partie des intervalles que les lames transversales et
leurs dentelures avoient d’abord laissés entre elles.
Le reste de ces intervalles est tout-à-fait comblé par une troisième
substance que M. Tenon a nommée cortical osseux, parce qu’elle
enveloppe toutes les autres, et qu’elle ressemble à un os ordinaire
par sa nature chimique et sa dureté, plus encore que les deux autres
parties de la dent. Aussi M. Home la nomme-t-il os, tandis qu’il
appelle ivoire la substance vulgairement dite osseuse. M. Bla/ce
donne à ce cortical le nom de crusta petrosa.
Sa production a quelque chose de très-remarquable. M. Tenon a
pensé qu’elle venoit de l’ossification de la lame interne de la capsule,
lorsque cette capsule avoit produit l’émail. M. Blake croit que cette
lame,après avoir donné l’émailparune de ses faces,donne le eorticalpar
sa face opposée. M. Homenes’estpointclairementexprimésurcesujet.
Pour moi, je me suis assuré que le cortical est produit par la même
lame et par la même face qui a produit l’émail : la preuve, c’est que
cette lame reste en dehors du cortical, comme elle étoit auparavant
en dehors de 1 émail, et qu’elle y reste molle et libre tant que ce
cortical lui laisse de la place. Seulement elle change de tissu; tant
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