qu’il a représentée, pl. X IX , fig. 2 de son ouvrage, n’a que douze
lames, et vient d’un jeune éléphant; et que l’autre , ib ., fig. 6, ainsi
que celle pl. XIII, fig. 4 et 5, en a vingt-trois, et vient d’un vieux.
Il ne faut comparer ensemble que des dents de meme nombre de
lames.
Il résulte de ce premier caractère ( l ’ étroitesse des lames ) que le
nombre de ces lames qui servent à la fois à la trituration a pu etre
plus considérable dans 1 éléphant fossile que dans 1 éléphant des
Indes,
Corse dit expressément que ce dernier n’en a guère que dix ou
douze en activité à la fois; et l’on trouve tres-souvent des dents fossiles
qui ont leurs vingt-quatre lames usées : telle est celle de la
forêt de Bondy, représentée pl. VI, fig. H
Un second caractère, qui ne me paroît pas moins sensible, c est
que les lignes d’émail qui interceptent les coupes des lames sont
plus minces et moins festonnées dans les dents fossiles que dans les
autres. Je le remarque sur la plupart des échantillons de ce Muséum,
et je ferai connoître tout à l’heure ceux qui font exception.
Un troisième caractère est pris de la largeur tant absolue que
proportionnelle des dents, beaucoup plus considérable dans 1 éléphant
fossile que dans celui des Indes. On peut s’ en assurer par la
cinquième colonne de ma table. On y voit que les fossiles ontpresque
toutes de 0,08 à 0,09 de largeur, et les dents du vivant de 0,06
à 0,07.
Si ces différences étoient seules , elles ne seroient peut-etre pas
suffisantes pour établir une distinction d’espèces; mais comme elles
sont d’accord avec les différences des mâchoires et avec celles des
crânes, ainsi que nous le verrons bientôt, elles prennent de 1 importance.
Cependant ces trois caractères sont-ils également constans? toutes
les dents fossiles sont-elles larges, et à lames minces et peu festonnées?
Je dois reconnoître que j’ai observé quelques exceptions, relativement
à l’épaisseur des lames et à leur festonnement.
J’ai annoncé ci-dessus un échantillon à lames larges; il a été deterré
auprès de Porentrui, département du Haut-Rhin. Sans être
fort altéré, il l’est assez pour être regardé comme vraiment fossile.
Neuf lames y sont restées entières, et il en a été enlevé en arrière
un nombre qu’on ne peut déterminer. Ces neuf lames sont grosses,
très-ondulées et occupent un espace de 0,180 en longueur. Leur
largeur est encore plus considérable que dans les autres dents fossiles ;
elle va à 0,092 : cette dent devoit appartenir à un très-vieux éléphant.
Mes deux mâchoires fossiles de Romagnamo (pl. IX , fig. 8, ) et de
M onte-Verde ( pl. IX , fig. 3 ) , offrent aussi des lames plus épaisses
qu’à l’ordinaire.
La mâchoire d’un jeune éléphant, donnée par M.Nesti^i), paroît
avoir eu également les lames de ses molaires un peu plus épaisses à
proportion que le plus grand nombre des éléphans fossiles.
Du reste cette mâchoire, entièrement semblable pour la forme
aux autres mâchoires fossiles, n’a rien qui doive la faire regarder
comme appartenant à une espèce particulière, ainsi que l’avoit pensé
l’estimable professeur que nous venons de citer. Sa mâchelière antérieure
conserve six lames fort usées, la postérieure en montre autant
hors de la gencive, mais en a encore quelques-unes de plus
cachées dans l’alvéole. Ce que nous avons dit ci-dessus de la succession
des mâchelières d’éléphans, explique très-bien cet état de
choses d’après l’âge. .
Ainsi l’on ne peut pas considérer la minceur des lames comme
un caractère de l’éléphant fossile aussi général que la largeur de ses
dents, et que les formes de ses mâchoires et de son crâne. Cependant
la largeur seule de ses mâchelières suffit pour les reconnoître, parce
qu’elle est beaucoup plus constante.
Au surplus, il est des individus où cette différence d’épaisseur est
plus apparente que réelle, et tient à l’âge de la dent. Les dernières
lames de chaque dent sont plus épaisses que les premières, et quand
P ) Ann. Mus. Florent., 1 .1, pl. I I , fig. i .