nière analyse, en silice; et voilà pourquoi les plus anciennes
montagnes sont plus siliceuses que les autres. Toutes les parties solides
de la terre doivent donc leur naissance à la vie, e t, sans la v ie ,
le globe seroit encore entièrement liquide (i).
D’autres écrivains ont donné la préférence aux idées de Kepler :
comme ce grand astronome , ils accordent au globe lui-même les
facultés vitales; un fluide, selon eux, y circule; une assimilation s’y
fait aussi bien que dans les corps animés ; chacune de ses parties est
vivante ; il n’est pas jusqu’aux molécules les plus élémentaires qui
n’aient un instinct, une volonté ; qui ne s’attirent et ne se repoussent
d’après des antipathies et des sympathies ; chaque sorte de minéral
peut convertir des masses immenses en sa propre nature, comme
nous convertissons nos alimens en chair et en sang ; les montagnes
sont les organes de la respiration du globe, et les schistes ses organes
sécrétoires ; c’est par ceux-ci qu’il décompose l’eau de la mer pour
engendrer les déjections volcaniques ; les filons enfin sont des caries,
des abcès du règne minéral, et les métaux un produit de pourriture
et de maladie : voilà pourquoi ils sentent presque tous si mauvais (2).
Il faut convenir cependant que nous avons Choisi là des exemples
extrêmes, et que tous les géologistes n’ont pas porté la hardiesse
des conceptions aussi loin que ceux que nous venons de citer ; mais,
parmi ceux qui ont procédé avec le plus de réserve, et qui n’ont
point cherché leurs moyens hors de la physique ou de la chimie ordinaire,
combien ne règne-t-il pas encore de diversité et de contradiction
!
Divergences (]}yez ]’un, tout est précipité successivement, tout est déposé à peu
de tous les systèmes.
’ ”
(-1) "Voyez la Physique de Rodïg, p. 106, Leipsig, 1801 ; et la page 169 du deuxième
tome de Telliamed, ainsi qu’une infinité de nouveaux ouvrages: allemands. M. de Lamarck
est celui qui a développé dans ces derniers temps ce système en France avec le plus de suite
et la sagacité la plus soutenue dans son Hydrogéologîe et dans sa Philosophie zooîogique.
(2) Feu M. Patrin a mis beaucoup d’esprit à soutenir cette manière de voir dans plusieurs
articles du Nouveau Dictionnaire d’Histoire naturelle.
près comme il est encore ; mais la mer, qui couvroit tout, s’est retirée
par degrés (i).
Chez l’autre, les matériaux des montagnes sont sans cesse dégradés
et entraînés par les rivières, pour aller au fond des mers se faire
échauffer sous une énorme pression, et former des couches que la
chaleur qui les durcit relèvera un jour avec violence (2).
Un troisième suppose le liquide divisé en une multitude de lacs
placés en amphithéâtre les uns au-dessus des autres, qui, après avoir
déposé nos couches coquillières, ont rompu successivement leurs
digues pour aller remplir le bassin de l’Océan (3).
Chez un quatrième, des marées de sept à huit cents toises ont au
contraire emporté de temps en temps le fond des mers, et l’ont
jetté en montagnes et en collines dans les vallées, ou sur les plaines
primitives du continent (4).
Un cinquième fait tomber successivement du ciel, comme les
pierres météoriques, les divers fragmens dont la terre se compose, et
qui portent dans les êtres inconnus dont ils recèlent les dépouilles l’empreinte
de leur origine étrangère (S).
Un sixième fait le globe creux, et y place un noyau d’aimant qui
se transporte, au gré des comètes, d’un pôle à l’autre, entraînant
avec lui le centre de gravité et lamasse des mers, et noyant ainsi alternativement
les deux hémisphères (6).
Nous pourrions citer encore vingt autres systèmes tout aussi di-
vergens que ceux-là ; et, que l’on ne s’y trompe pas, notre intention
(1) M. Delamétherie admet ]a cristallisation comme cause principale dans sa Géologie.
(2) Hutton et Playfair, Illustrations of the Huttonian Tbeory of the Eartb, Edimb. 1802.
(3) Lamanon, en divers endroits du Journal de Physique, d’après Michaëlis et plusieurs
autres. •
(4) Dolonïieu, ibid.
(5) MM. de Marschall, Recherches sur l’origine et le développement de l’ordre actuel du
Monde, Giessen 1802.
(6) M. Bertrand, Renouvellement périodique des Continens terrestres. Hambourg iraq.