Progrès de 1
géologie miné'
raie.
Importance des
fossiles en géo-
logie.
donné d’excellentes observations ; ils ont véritablement posé les bases
de la science : mais ils n’ont pu en achever l’édifice,
a En effet, la partie purement minérale du grand problème de la
" théorie de la terre a été étudiée avec un soin admirable par de Saussure,
et portée depuis à un développement étonnant par Werner,
et par les nombreux et savans élèves qu’il a formés.
Le premier de ces hommes célèbres, parcourant péniblement pendant
vingt années les cantons les plus inaccessibles, attaquant en
quelque sorte les Alpes par toutes leurs faces, par tous leurs défilés,
nous a dévoilé tout le désordre des terrains primitifs, et a tracé plus
nettement la limite qui les distingue des terrains secondaires. Le
second, profitant des nombreuses excavations faites dans le pays du
monde où sont les plus anciennes mines, a fixé les lois de succession
des couches ; il a montré leur ancienneté respective et poursuivi chacune
d’elles dans toutes ses métamorphoses. C’est de lui, et de lui
seulement, que datera la géologie positive, en ce qui concerne la
nature minérale des couches; mais ni l’un ni l’autre n’a donné à la
détermination des espèces organisées fossiles, dans chaque genre de
couche, la rigueur devenue nécessaire, depuis que les animaux connus
s’élèvent à un nombre si prodigieux.
D ’autres savans étudioient, à la vérité, les débris fossiles des corps
organisés ; ils en recueilloient et en faisoient représenter par milliers ;
leurs ouvrages seront des collections précieuses de matériaux : mais,
plus occupés des animaux ou des plantes, considérés comme tels, que
de la théorie de la terre, ou regardant ces pétrifications ou ces fossiles
comme des curiosités, plutôt que comme des documens historiques,
ou bien enfin, se contentant d’explications partielles sur le gisement
de chaque morceau, ils ont presque toujours négligé de rechercher
les lois généralesdepositionouderapport des fossiles avec les couches.
Cependant l’idée de cette recherche étoit bien naturelle. Comment
ne voyoit-on pas que c’est aux fossiles seuls qu’est due la naissance de
P R É L IM IN A IR E ,
la théorie de la terre; que, sans eux, l’on n’auroit peut-être jamais
songé qu’il y ait eu dans la formation du globe des époques successives,
et une série d’opérations différentes? Eux seuls, en effet,
donnent la certitude que le globe n’a pas toujours eu la même enveloppe,
par la certitude où l’on est qu’ils ont dû vivre à la surface
avant d’être ainsi ensevelis dans la profondeur. Ce n’est que par analogie
que l’on a étendu aux terrains primitifs la conclusion que les
fossiles fournissent directement pour les terrains secondaires ; et, s’il
n’y avoit que des terrains sans fossiles, personne ne pourroit soutenir
que ces terrains n’ont pas été formés tous ensemble.
C’est encore par les fossiles, toute légère qu’ est restée leur con-
noissance, que nous avons reconnu le peu que nous savons sur la
nature des révolutions du globe. Ils nous ont appris que les couches,
au moins celles qui les recèlent, ont été déposées paisiblement dans
un liquide; que leurs variations ont correspondu à celles du liquide;
que leur mise à nu a été occasionnée par le transport de ce liquide ;
que cette mise à nu a eu lieu plus d’une fois : rien de tout cela ne
seroit certain sans les fossiles.
L ’étude de la partie minérale de la géologie, qui n’est pas moins
nécessaire, qui même est pour les arts pratiques d’une utilité beaucoup
plus grande, est cependant beaucoup moins instructive par
rapport à l’objet dont il s’agit.
Nous sommes dans l’ignorance la plus absolue sur les causes qui
ont pu faire varier les substances dont les couches se composent ;
nous ne connoissons pas même les agens qui ont pu tenir certaines
d entre elles en dissolution; et l’on dispute encore sur plusieurs, si
elles doivent leur origine à l’eau ou au feu. Au fond l’on a pu voir
ci-devant que l’on n’est d’accord que sur un seul point ; savoir, que
la mer a changé de place. Et comment le sait-on, si ce n’est par les
fossileè ?
Les fossiles, qui ont donné naissance à la théorie de la terre, lui
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