celle de la rivière dite la Grande Miamis. C’est un lieu enfoncé
entre des collines, occupé par un marais qu’entretient un filet d’eau
salée, et dont le fond est d’une vase noire et puante. Les os se
trouvent dans la vase et dans les bords du marais, au plus à quatre
pieds de profondeur, suivant le rapport que nous en a fait feu le
général Collaud qui avoit été sur les lieux, et qui, en fouillant
pendant trois jours seulement, avoit recueilli vingt-quatre morceaux.
Leur abondance y est étonnante. Déjà Croghan croyoit y avoir vu
des restes de plus de trente individus ; mais on en a recueilli depuis
un bien plus grand nombre.
Ils y sont accompagnés d’os de plusieurs autres espèces. M. Turner
assure que, des deux côtés du petit ruisseau, se trouvent en quelque
sorte des lits entièrement composés d’os de buffles, de cerfs et
d’autres petits animaux ; il dit avoir remarqué que ces os sont presque
tous fracturés, et il va jusqu’à supposer qu’ils ont été accumulés à
cet endroit par les mastodontes qui faisoient leur proie de ces
moindres animaux (i).
C’est ce lieu que M. Jefferson fit explorer en 1806, ainsi que
nous l’avons dit au chapitre des éléphans, et d’où furent tirés les
morceaux dont ce grand et savant magistrat a fait présent à notre
Muséum.
Une partie de ces morceaux est encore enduite de la vase dans
laquelle ils étoient enfoncés. Elle est noirâtre et mêlée d’un sable
fin. On y distingue quelques débris ligneux. Quand on la traite par
l’acide nitrique, elle répand une odeur fétide qui annonce un principe
animal. M.Chevreul, qui a bien voulu à ma prière en faire l’examen, y
a trouvé sur cent parties environ soixante-quinze parties d’argile, seize
de sable et cinq de sulfate de chaux. L ’argile retenoit du carbonate de
chaux et du sulfure de fer ; il y avoit aussi quelque peu d’oxide de fer.
Selon M. Chevreul cette vase ressemble beaucoup à certaines terres
tourbeuses de Picardie que l’on emploie àl’amélioration des terres.
- (1) George Turner, Memoir on the extraneous fossils denominated Mammouth bones,
Philad. ,1799- Mémoire a été lu à la Société américaine, en juin 1797.
Cependant il y a des os de mastodonte, non-seulement en d’autres
endroits des rives de Y Ohio , mais dans toutes les parties tempérées
de l’Amérique septentrionale, en quelque direction qu’on la
parcoure.
On lit dans le Journa l de Physique e t de M édecine de P h ila delphie
, publié par feu le docteur Smith - B arton , Iere, partie,
p. i 54 et suiv., une relation détaillée de cinq squelettes presque
entiers, trouvés en 1762 par des sauvages shawanais, beaucoup
plus haut, à trois milles de la rive gauche de l’Ohio ; comme à l’ordinaire
, dans un lieu salé et humide, mais à peu près uni jusqu’à une
très-grande distance : une màchelière et un fragment de défense en
avoient été portés au fort Pitt.
M. le baron de Bock d’Ansbach, dans un Mémoire adressé il y a
quelques années à l’Institut, donne la description d’une dent trouvée
sur la rive droite de l’Ohio, entre les deux rivières de Miamis, par
M. Craig, major d’artillerie au service des Etats-Unis. Elle a passé
du cabinet de M. Schm iedel, dans celui de M. E b e l à Hanovre ; et
c’est la même dont parle M erk (3e. lettre, p. 28, note).
Le même officier avoit rapporté en 1786, des bords de l’Ohio,
un tibia, une partie de défense, et une portion de mâchoire avec
une molaire, qui ont été dessinéspar le colonel de Brahm , et publiés
dans le Colurnbian magazine Ae Philadelphie, I , p. 103-107.
Selon le docteur M itc h ill, on en a trouvé, en juillet 1817, dans
l’Etat AilncCiana, près de la rivière blanche qui se jette dans YOua-
baché, l’un des affluens de la rive droite de YOhio, une mâchoire
supérieure large de vingt pouces et demi, longue de vingt-cinq, et
dont une màchelière avoit sept pouces trois quarts de long (1).
Le général Collaud assuroit en avoir vu près de la rivière des
Grands Osages qui se jette dans le M issouri, peu au-dessus de son
confluent avec le Missîssipi. Ils y sont dans des fondrières semblables
à celles de Great-bone-lick.
(i) Cuvier, Theory of the Earth, éd. de New-Yorck, 1818, p. 363.
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