nous a appris, dans sa troisième édition, qu’il a avancé ce fait, non
pas d’après sa propre observation, mais sur un dessin de M. FV/ial-
fe ld t , officier employé à surveiller la côte, qui avoit rencontré cet
animal vers l’embouchure d’ une des rivières méridionales de l’ile et
en avoit envoyé l’esquisse au gouvernement. M. Marsden fait
remarquer en outre que la S ociété de Batavia, dans son premier
volume de 1799, compte l’hippdpotame parmi les animaux de Ja v a ,
et lui donne le même nom malais conda-ayer ou küda-aiyer qu’il
porte aussi à Sumati'a (1).
Mais cet hippopotame des îles de la Sonde ressemble-t-il en tout
à celui d’Afrique? Ce seroit une chose très-remarquable et peu
d’accord avec ce qu’on sait d’ailleurs de la répartition géographique
des grandes espèces.
Peut-être cet hippopotame de M. JV halfeldt et de la Société de
Batavia, et le succotyro de Java, représenté par N iew hqf (y) , ne
sont-ils qu’un seul et même animal, un peu défiguré par l’un de ces
auteurs, et mal nommé par l’autre. Quoi qu’il en soit, cette recherche
est la plus curieuse que puissent faire les naturalistes qui se trouveront
dans ces contrées éloignées.
J’avoisfort invité M. Diard, mon élève, etM. Duvaucel, mon beau-
fils, à s’en occuper; mais bien que ces deux jeunes naturalistes aient
parcouru une partie de l’île de Java et de celle de Sumatra dans différentes
directions, qu’ils y aient pris des rhinocéros de deux espèces,
dont une nouvelle; qu’ils y aient découvert une nouvelle espèce
de tapir, ils n’ont pu y apercevoir ni le succotyro, ni l’hippopotame.
Je ne me suis occupé dans ce qui précède que des travaux relatifs
à l’extérieur de l’hippopotame ; ce qui concerne son anatomie étoit
avant moi beaucoup moins complet.
Nehemias Greiv publia le premier une figure de l’ostéologie de
(1) Hislory o f Sumatra, troisième éd. angl., p. 1 16 et 1 17.
(2) La figure de Niewhof a'été copiée dans les quadrupèdes de Schreber, dans la Zoologie
générale de Shaw et ailleurs. Elle représente un animal assez semblable à un hippopotame
avec une queue touffue et des défenses qui sortent de dessous les yeux. L ’auteur dit que la
taille est celle d’un boeuf et qu’on le prend rarement.
la tête avec quelques remarques , dans son Muséum regalis socie-
ta tis, imprimé en 1681.
A ntoine de Jussieu donna, de la même partie, des figures meilleures
et une description plus détaillée dans les Mémoires de l’Académie
pour 1724. Il y ajouta des détails sur lesdents et sur l’ostéologie
des doigts de devant.
Daubenton donna en 1764, dans le X I e. volume de l’Histoire
naturelle, une figure et une description encore meilleures de la tête,,
l’ostéologie des doigts de devant et de derrière, et celle du deuxième
rang du carpe, le tout d’après des adultes; et comme il avoit eu,
en 1762 , occasion de rechercher l’origine de quelques os fossiles ,
et particulièrement d’un fémur de-l’animal de l’Ohio, il enleva le
fémur d’un foetus d’hippopotame qui étoit au cabinet, le décrivit et
le fit graver pour montrer que ce n’étoit pas à lui que ressembloit
celui de l’animal fossile.
Cependant ces trois auteurs négligèrent d’examiner assez attentivement
et de décrire en détail les dents; Daubenton alla jusqu’à
trouver à celles des mastodontes de l’Ohio et de Simorre une analogie
avec celles de l’hippopotamé, qu’elles n’ont certainement point;
il intitula même les petites de l’Ohio, dents d’hippopotame. (Desc.
du cab. du roi, dans l’Hist. nat. , tome X I I , in-40., p. de 74 à 78.)
Pallas ; ayant reçu de Sibérie des dents semblables à : celles de
l’Ohio, et voulant vérifier ce que leur ressemblance avec celles de
l’hippopotame avoit de réel, demanda à Camper et en obtint une
bonne figure de dent mâchelière qu’il fit graver dans les Mémoires
de Pétersbourg, pour 1777 (part. II, pl. VIII, fig. 3.)-, afin .de
montrer combien elle différoit de celles de ces grands animaux fossiles..
Enfin Buffon, dans les notes justificatives de ses époques de la
nature, imprimées en 1777 (suppl., t. Y , pl. V I ) , fit encore représenter
une molaire d’hippopotame, dans la même vue que Pallas, c’est-
à-dire,pour prouver combien ces dents diffèrent de celles de l’animal
de l’Ohio, lorsque celles-ci ne ..sont point usées/ 11 est vrai qu’au
même endroit il regarde d’autres dents de l’Ohio qui avoient change
T. I. 36