rivière qui se jette dahs la mer Glaciale, au-delà de l’Indigirska,
dont il est parlé daris le voyage de Sdrytschea. Il avoit été dégagé
par le fleuve, se trouvoit dans une position droite, étoit presque
entier, et couvert de sa peau à laquelle teuoient encore de longs
poils en certaines places (i).
La deuxième est celle de l’élépliaht rapporté à Pétersbourg par
M. A dam s, et dont la conservation alloit presque jusqu’au merveilleux.
Le fait fut annoncé d’abord en OGtobre 1807 , dans le Journal du
Nord, recueil imprimé à Pétersbourg, n°. XXX-, et ce morceau
qui a reparu depuis en divers journaux allemands, a été réimprimé
én i8i 5, dans le tome V e- des Mémoires de l’Académie de Pétersbourg.
Nous en tirons les détails qui suivent.
En 1799, un pêcheur Tongouse remarqua sur les bords de la mer
Glaciale, près de l’embouchure de la Léna, au milieu des glaçons,
un bloc informe qu’il ne put re'cônnoître. L ’annee d après il s aperçut
que cette masse étoit un peu plus dégagée, mais ne devinoit point
encore ce que ce pouvoit être. Vers la fin de l’été suivant, le flanc
tout entier de l’animal et une des défenses étoient distinctement
sortis des glaçons. Ce ne fut que la cinquième année que les glaces
ayant fondu plus vite que de coutume, cette masse enormè vint
échouer à la côte sur un banc de sable. Au mois de mars 1804 , le
pêcheur enleva les défenses dont il se défit pour une valeur de cinquante
roubles. On exécuta, à cette occasion, un dessin grossier de
l’animal dont j’ai une copie que je dois à l’amitié de M. Blumênbàch.
Ce ne fut que deux ans après et la septième année de la découverte,
que M. A dam s, adjoint de l’Académie de Pétersbourg, et aujourd’hui
professeur à Moscou, qui voyàgeoit avec le Comte G oloakin,
envoyé par la Russie en ambassade à la Chine, ayant été informé à
Jakutsk de cette découverte, se rendit sur les lieux. Il y trouva
l’animal déjà fort mutilé. Les Jakôutes du voisinage en avoient dépecé
les chairs pour nourrir leurs chiens. Des bêtes féroces en avoient 1
(1) Gabriel Sarytschew , Yoyage dans le ncfrd-est de la Sibérie, etc.
aussi mangé; cependant le squelette se trouvoit encore entier à l’exception
d’un pied de devant. L’épjne du dos, une omoplate, le bassin
et les restes des trois extrémités étoient encore réunis par les liga—
mens, et par une portion de la peau. L ’omoplate manquante se retrouva
à quelque distance. La tête étoit couverte d’une peau sèche.
Une des oreilles bien conservée étoit garnie d’une touffe de crins :
on distinguoit encore la prunelle de l’oeil. Le cerveau se trouvoit
dans le crâne, mais desséché; la lèyre inférieure avoit été rongée, et
la lèvre supérieure détruite laissoit voir les mâchelières. Le cou étoit
garni d’une longue crinière. La peau étoit couverte de crins noirs et
d’un poil ou laine rougeâtre; ce qui en restoit étoit si lourd, que dix
personnes eurent beaucoup de peine à la transporter. On retira,
selon M. A dam s, plus de trente livres pesant de poils et de crins,
que les ours blancs avoient enfoncé dans le sol humide, en dévorant
les chairs (1). L ’animal étoit mâle; ses défenses étoient longues de
plus de neuf pieds en suivant les courbures, et sa tête sans les défenses
, pesoit plus de quatre cents livres. M- Adams mit le plus grand
soin à recueillir ce qui restoit de cet échantillon unique d’une ancienne
création ; il racheta ensuite les défenses à Jakutsk. L ’empereur
de Russie, qui a acquis de lui ce précieux monument, moyennant
la somme de huit mille roubles, l’a fait déposer à l’Académie
de Pétersbourg. Nous, en donnerons plus loin une description d’après
M. Tilesius.
On a encore connoissance d’individus pareils.
M- Tilesius lui-même avpitrepu, en i 8o5 , et envoyé à M. B lu -
menbach, un faisceau de poils, arrachés par un nommé P a ta p o f,
d’un cadavre de mammouth, près des bords de la mer Glaciale (2).
Nous avons au cabinet du roi, quelques mèches de poils et un
morceau de peau de cet individu, donné à l’établissement par feu 1 2
(1) M. Tilesius, qui a décrit les restes de ce mammouth, tels qu’ils sont conservés à
Pétersbourg, fait remarquer qu’il n’y a plus de poils adhérens à la peau.
(2) Tilesius, Mém. de l’Ac, de Pétersbourg, t. Y , p. 4^3.