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que c’est la plus authentique de toutes, ayant été faite dans le temps
et sur les lieux où l’ibis étoit adoré, et étant contemporaine de ses
momies ; tandis que celles que nous avons citées auparavant, faites
I en Italie, et par des artistes qui ne professoient point le culte égyptien,
pouvoient être moins fidèles.
Nous devons à Bruce la justice de dire qu’il avoit reconnu l’oiseau
qu’il décrit sous le nom d'abou-hann.es pour le véritable ibis. Il dit
expressément que cet oiseau lui a paru ressembler à celui que contiennent
les cruches de momies ; il dit de plus que cet abou-hannès
ou père-jean est très-commun sur les bords du Nil, tandis qu’il n’y
a jamais vu l’oiseau représenté par Buffon sous le nom d’îbis blanc
d’Égypte.
M. Savigny, l’un des naturalistes de l’expédition d’Egypte, assure
également n’avoir point trouvé le tantalus dans ce pays, mais il
a pris beaucoup de nos numenius près du lac Menzalé dans la Basse-
Egypte, et il en a rapporté la dépouille avec lui.
L ’abou-hannès a été placé par M. Latham dans son index om i-
thologicus, sous le nom de tantalus oethiopicus ; mais il ne parle
point de la conjecture de Bruce sur son identité avec l’ibis.
Les voyageurs antérieurs et postérieurs à Bruce paroissent avoir
tous été dans l’erreur.
Belon a cru que l’ibis blanc étoit la cigogne, en quoi il contredi-
soit évidemment tous les témoignages ; aussi personne n’a-t-il été
de son avis en ce point, excepté les apothicaires qui ont pris la cigogne
pour emblème, parce qu’ils l’ont confondue avec l’ibis auquel
on attribue l’invention des clystères (i).
Prosper Alpin, qui rappelle que cette invention est due à l’ibis,
ne donne aucune description de cet oiseau dans sa médecine des (i)
(i) Æ lia n ., Hb. I I , cap. X X X V ; P l u t de solert. an.; C ic ., de nat. deor., lib. I l ;
Phile de anim. prop. -, 16, etc.
Egyptiens (i). Dans son Histoire naturelle d’Égypte , il n’en parle
que d’après Hérodote , aux termes duquel il ajoute seulement,
sans doute d’après un passage de Strabon que je rapporterai plus
bas, que cet oiseau ressemble à la cigogne par la taille et par
la figure. Il dit avoir appris qu’il s’en trouvoit en abondance de
blancs et de noirs sur les bords du Nil; mais il est clair par ses expressions
même, qu’il ne croyoit point en avoir vu (2).
Shaw dit de l’ibis (3) qu’il est aujourd’hui excessivement rare, et
qu’il n’en a jamais vu. Son ems&esy ou oiseau de boeuf, que Gmélin
rapporte très-mal h propos au tantalus ibis, a la grandeur du courlis,
le corps blanc, le bec et les pieds rouges. 11 se tient dans les prairies
auprès du bétail : sa chair n’est pas de bon goût, et se corrompt
d’abord (4). Il est facile de voir que ce n’est pas là le tantalus, et encore
moins l’ibis des anciens.
Hasselquist n’a connu ni l’ibis blanc, ni l’ibis noir ; son ardea
ibis est un petit héron qui a le bec droit. Linné avoit très-bien fait
de le placer, dans sa dixième édition, parmi les hérons ; mais il a eu
tort, comme je l’ai dit, de le transporter depuis comme synonyme
au genre tantalus.
Demaillet ( desc. de l’E g ., partie H, p. 23) conjecture que l’ibis
pourroit être l’oiseau particulier à l’Egypte, et qu’on y nomme
chapon de Pharaon, et à Alep saphan-bacha. 11 dévore les ser-
pens : il y en a de blancs, et de blancs et noirs ; et il suit pendant
plus de cent lieues les caravanes qui vont du Caire à la Mecque
pour se repaître.des carcasses des animaux qu’on tue pendant le
voyage , tandis que dans toute autre saison on n’en voit aucun sur
cette route. Mais l’auteur ne regarde point cette conjecture comme 1
(1) ' De med. Æ g y p t ., lib. I , fol. X, vers. Édit, de Paris, 1646.
(2) fier. Æ g y p t ., lib. IV , cap. 1 , 1 . 1 , p. 199 de l’cd. de L e yd e, 1735.
(3) Voyez trad. f r . , I I , p. 167.
(4) Ibid ., 11 p. 33.0« '