et qu’Anquetil du Perron a retrouvé chez les Parsis de l’Inde. La
durée totale du monde ne doit être que de 12,000 ans; ainsi il ne
peut être encore bien ancien. L ’apparition de Cayownortz (Thomme
taureau, le premier homme') est précédée de la création d’une
grande eau ( 1 ).
Du reste il seroit aussi inutile de demander aux Parsis une histoire
sérieuse pour les temps anciens, qu’aux autres orientaux; les
Mages n’en ont pas plus laissé que les Brames ou les Chaldéens. Je
n’en voudroispour preuve que les incertitudes Sur l’époque deZo-
roastre. On prétend même que le peu d’histoire qu’ils pouvoient
avoir, ce qui regardoit les Achéuiénides, les successeurs de Gyrus
jusqu’à Alexandre, a été altéré exprès, et d’après un ordre officiel
d’un monarque Sassanide (2).
Pour retrouver des dates authentiques du commencement des
empires, et des traces du grand cataclysme, il faut donc aller jusqu’au
delà des grands déserts de la Tartarié. Vers l’Orient et vers le
Nord habite une autre race, dont toutes les institutions , tous les’
procédés diffèrent autant des nôtres que sa figure et son tempérament.
Elle parle en monosyllabes; elle écrit en hiéroglyphes arbitraires;
elle 11’a qu’une morale politique sans religion, car les superstitions
de Fo lui sont venues dés Indiens. Son teint jaune, ses
joues saillantes, ses yeux étroits et obliques, sa barbe peu fournie la
rendent si différente de nous, qu’on est tenté de croire que ses ancêtres
et les nôtres ont échappé à la grande catastrophe par deux
côtés différens; mais, quoi qu’il en soit, ils datent leur déluge à peu
près de la même époque que nous.
Le Ckouking est le plus ancien des livres des Chinois (3); on
assure qu’il fut rédigé par Confucius avec des lambeaux d’ouvrages
(1) Zendavesta à'Anquetil\ t. I I , p. 354*
(2) Mazoucli, ap. Sacy, man. dô la Bibl.d u ra i, t. V I I I , p. i-6r.
(3) Voyez la préface de l’édition du Ghou-Ring , donnée par- M. de Guignes.
PRÉLIMINAIRE, cm
antérieurs, ily a environ 225o ans. Deux cents ans plus tard arriva dit-ôn
la persécution des lettrés et la destruction des livres sous l’empereur
Chi-hoangti. Une partie du Chouking fut restituée de mémoire par
un vieux lettré /jo ans après p et une autre fut rétrouvée dans
un tombeau; mais près de la moitié fut perdue pour toujours.
Or ce livre, le plus authentique de la Chine, commence l’histoire
de ce pays par un empereur nommé Y a o , qu’il nous représente
occupé à faire écouler les eaux, q u i, s ’étant élevées ju sq u au biel,
baignaient encore le p ied des p lus hautes montagnes, couvraient
les collines moins élev ées, e t rendoient les plaines impraticables
(1). Ce Yao date, selon les uns, de 4 i 58, selon les autres
de 3g38 ans avant le temps actuel. La variété des opinions sur cette
époque va même jusqu’à 284 ans.
Quelques pages plus loin, on nous montre Y u , ministre et ingénieur,
rétablissant le cours des eaux, élevant des digues, creusant
des canaux, et réglant les impôts de chaque province dans toute la
Chine, c’est-à-dire, dans un empire de 600 lieues en tout sens ; mais
1 impossibilité de semblables opérations après de semblables événe-
mens, montre bien qu’il ne s’agit ici que d’un roman moral et
politique (a).
Des historiens plus modernes ont ajouté une suite d’empereurs
avant Yao, mais avec une foule de circonstances fabuleuseL sans
oser leur assigner d’époques fixes, en variant sans cessé entre eux,
même sur leur nombre et sur leurs noms, èt sans être approuvés de
tous leurs compatriotes. F o u h i, avec son corps de serpent, sa tête
de boeuf et ses dents de tortue ; ses -successeurs non moins monstrueux,
sont aussi absurdes et d’ont pas plus existé qu’Encelade et
Briàrée.
Est-il possible que ce soit un simple hasard qui donne un résultat 1
(1) Chou-King, trad. f r . , p. g.
(a) C’est le Yu-Kong ou le premier chap, de la deuxième partie du Chou-king, p. 43— 60.