Marseille, du 19 février 1820, la description d’un fémur pêché dans
cette rivière, vis-à-vis de N ic o la ïe f, à dix ou douze lieues de son
embouchure,''le 25 août 1819 , et dont la tête inférieure a été apportée
en France, par M. lechevalier Raynaud, négociantàïOdessa, qui,
sur l’invitation de M. le duc de Richelieu, en a fait présent au cabinet
du roi. J’ai fait dessiner cette pièce qui annonce un individu de près
de quinze pieds de haut.
De tous les pays du monde, celui qui a le plus fourni et qui recèle
encore le plus d’ossemens fossiles d’éléphans, c’est le vaste empire
de Russie, et surtout celles de ses provinces où l’on devroit le moins
s’attendre à en trouver, les parties les plus glacées de la Sibérie.
Déjà, dans la Russie d’E u rop e, on en a découvert en beaucoup
d’endroits ; il en fut trouvé de monstrueux, en 1775, à Swijatowski,
à dix-sept werstes de Pétersbourg (1).
Il y a au cabinet de cette ville une défense des environs d’A r -
changel (2), dans la vallée de la Dwina.
Corneille Lebrun cite des défenses trouvées près de la surface à
K ostynsk, près de E oronesh, et que Pierre-le-G rand, qui n’étoit
apparemment pas encore informé de toutes celles qu’on trouve en
S ib érie, attribuoit à Alexandre (3). Il y en a en effet un énorme
amas ainsi que de beaucoup d’os d’autres animaux, près de cette
ville de K o sty n sk , sur la rive du Tanaïs ou du Don (4).
M. P a lla s, dans son nouveau voyage des provinces méridionales
de la Russie, en rapporte des exemples, de plusieurs lieux entre le
Tanaïs e lle E o lg a , comme des environs de Pen sa (5) et de deux
autres endroits plus près du Eolga (6).
C’est auprès du E olga et d’une couche sableuse et ferrugineuse, 1 2 3 4 5 6
(1) Joum. de pol. et de litt., 5 janv. 1776; ap. Buffon, Epoques.de la n a tu r e , notes
ju s t., 9.
(2) P a ll., Nov. com. P e tro p ., X I I I , 4 7 1 •
(3) Lebrun, Voy-. a u x ln d . or. , p. 6 5 .
(4) P a ll., Nov. com. P e tro p ., X V I I , 578; Gmel., Voy, en S ib ., en a llem ., 1 , 34 et 78.
(5) T ra d .fr ., 1 .1 , p . fo .
(6) Jb., p. 93 et 9 4 , etp. 101 et 102.
que fut extrait le crâne long de quatre pieds, donné à l’Académie de
Pétersbourg par M. le comte de P.uschkin, et représenté par
M. T ilesius, dans les Mémoires de cette Académie (i).
M. le comte M aison, officier françois au service de Russie, qui
commande les Tartares iVo^aii, a adressé-, il y a quelque temps, au
cabinet du roi, par M. le chevalier Gamba, consul de France à
Taganrok, une portion de tête de fémur, déterrée à quarante-cinq
pieds de profondeur, auprès du Malochnye E o d i, petit fleuve qui
se jette dans le Palus-M éotide, et l’un de ceux que l’on a cru pouvoir
regarder comme le Gerrhus d’Hérodote. Ce morceau annonce
un individu de quatorze à quinze pieds de haut.
Déjà Phlegon de T ra lles, sur la foi de Théopompe de Synope,
avoit parlé d’un cadavre, disoit-il, de "vingt-quatre coudées, mis au
jour par un tremblement de terre , près du Bosphore Cimmé-
rien (2), et dont on jeta les os dans le Palus-M éotide.
Peut-être étoit-ce aussi un éléphant, que cet animal gigantesque
dont les restes furent mis à découvert par les flots, à peu de distance
d’A z o f , et dont la mâchoire inférieure pesant trente livres est
déposée au cabinet de l’Académie de Pétersbourg (3). Ce qui est
singulier, c’est que cette savante société en ait fait mention dans ses
Mémoires, sans en déterminer positivement l’espèce.
Mais, pour toute la Russie asiatique proprement dite, le témoignage
universel des voyageurs et des naturalistes s’ accorde à nous
la représenter comme fourmillant de ces monstrueuses dépouilles (4).
Ce phénomène y est si général .que les habitans de la Sibérie ont
forgé une fable pour l’expliquer, et qu’ils ont supposé que ces os
et ces défenses proviennent d’un animal souterrain vivant à la manière
des taupes , mais ne pouvant voir impunément la lumière
, (1) Tome V , pl. X I .
(2) Phlegön de Tralles, de Heb. m ir ., cap. X IX .
(3) Nova act. Petrop., t. X I I I , p. 23 e t 33.
‘(4) Voyez Ludolf,. Gram. russ. ; Isbrand-Ides, Laurent La n g., Sam. Bernh. Müller,
Strahlenberg, Gmelin, Pallas, etc.