» sont semblables d’ailleurs aux dents de l’hippopotame dont M. de
» Jussieu a donné la figure dans les Mémoires de l’acad. des
» sciences. Cette mâchoire porte un peu plus de 6 pouces de lon-
» gueur sur 4 de hauteur. »
Je connois assez les fossiles contenus dans nos pierres à plâtre
pour pouvoir assurer qu’il n’y a jamais rien qui provienne de l’hippopotame
; d’ailleurs cinq dents de cet animal auroient certainement
occupé au moins 8 pouces, et non pas seulement 6 de longueur.
Je suis donc bien persuadé que D avila, ou plutôt son coopérateur
Romé-de-VIsle, aura eu sous les yeux quelque fragment de
mon grand paloeotherium : son idée que ces dents ressembloient à
celles des figures (YAntoine de Jussieu, sera venue de ce que ces
figures ne sont ni assez grandes ni assez précises.
Je présume qu’il en est à peu près de même des os d ’hippopotame
que Lamétherie dit avoir été trouvés à Mary près de M eaux
(Théor. de la terre, Y , p. 198), mais dont il ne donne pas de description.
Les environs de Meaux sont en grande partie gypseux, et
je sais que les os fossiles y sont les mêmes qu’aux environs de Paris.
Faujas lui-même avait parlé anciennement de dents d’hippopotame.
Yoici comment il s’exprimoit dans une lettre à Lamétherie sur les osse-
mens trouvés par M. de Fay près d’Orléans, insérée dans le Journal
de physique de décembre 1794, p. 445 et suivantes.
c< Voici quelques détails sur ce que j’ai reconnu de mieux ca-
» ractérisé dans les restes d’ossemens de la carrière de Montabu-
» sard.
» i°. Une dent pétrifiée d’hippopotame pesant 8 onces 6 gros
» quinze grains, quoiqu’elle ne soit pas entière, car il en manque
» une portion à l’extrémité de la couronne, etc. En comparant
» cette dent à celles des plus grosses têtes d’hippopotame que pos-
» sède le Muséum d’histoire narurelle, je n’en ai trouvé aucune à
» beaucoup près de la grandeur de celle-ci : ainsi l’animal auquel
» cette dent fossile a appartenu devoit être trois fois plus gros au
» moins que l’hippopotame empaillé qui est dans les galeries du
» Muséum, et qui vient du cabinet de la Haye. »
J ai examiné cette même dent, et je me suis assuré, comme je l’ai
dit ci-devant, qu’elle étoit d’un mastodonte.
Au reste, si quelquefois l’on a donné pour os et dents d’hippopotame
des morceaux qui n’en venoient pas, il est arrivé aussi que
quelques auteurs en ont eu sans le savoir, et les ont attribués à des
animaux qui ne les avoient point fournis. De ce nombre est A ld ro -
vande ;D e m etallicis, lib. IV, p. 828 et suiv. Il représente, tab. V I ,
fig. 1 , une véritable molaire fossile d’hippopotame; la quatrième ou
cinquième d’en haut à demi-usée; et fig. 2, une postérieure d’en
bas très-peu usée; tab. VII en est encore une quatrième d’en haut
à demi-usée et un peu cassée en avant : il les donne toutes les trois
pour des dents d’éléphant, tandis qu’une vraie molaire d’éléphant
représentée, tab. IX , passe à ses yeux pour venir de quelque grande
bête inconnue.
Aldrouande est excusable, puisqu’il n’avoit point de squelette
de ces animaux ; mais comme ses figures sont parfaitement recon-
noissables et de grandeur naturelle, on auroit pu aisément rectifier
l’erreur de ses indications: et cependant c’est précisément lui, tout
clair qu’étoit son témoignage, qu’on a le plus négligé de citer dans
les listes de ceux qui avoient mis en avant des os fossiles d’hippopotame.
Aldrovande ne parle point de l’origine de ses fossiles ; mais il est
probable qu’ils venoient, comme ceux que je décrirai plus bas, de
quelques-unes des vallées d’Italie. Ils sont encore à présent déposés
au cabinet de l’Institut de Bologne, où j’ai pu constater l’exactitude
des figures qu’il en a données.
Une dent pétrifiée, toute semblable à celles d’ Aldrovande et
provenant par conséquent aussi de l’hippopotame, est représentée
dans le Muséum beslerianum (pl. X X X I ) , sous le simple nom de
dens rnaxillaris lapideus.
Aldrouande et B esler ont donc présenté les objets dont nous
nous occupons ici, saus pouvoir leur appliquer leur véritable nom.
Camper, M erck, Davda, Lang, Daubenton dans quelques articles,
Fauja s et Lam étherie, ont appliqué ce nom à des objets