Les deux squelettes de 1696 et de 1799, étoient à cinquante pieds
de profondeur.
On recueillit du premier un fémur pesant trente-deux livres ; et la
tête de l’autre fémur, grande comme celle d’un homme, et pesant neuf
livres ; un humérus long de quatre pieds, large de deux empans et
demi; des vertèbres, des côtes; la tête avec quatre molaires pesant
chacune douze livres, et deux défenses longues de huit pieds ; mais
une grande partie de ces pièces fut brisée.
Nous ne nous arrêterons pas à rendre compte des disputes occa-
sionées par cette découverte. Les médecins du pays, consultés par
le duc de G o th a , déclarèrent bien unanimement que ces objets
étoient des jeux de la nature, et soutinrent leur opinion par plusieurs
brochures; mais T en tz e l, bibliothécaire de ce prince, opérant plus
sensément , compara chaque os pris à part avec son analogue dans
l’éléphant, tel qu’il les connoissoit par la description d'A llen-M oulin,
et par quelques remarques à!Aristote, de P lin e et de R ay, et en
démontra la ressemblance.
Il alla plus loin, et prouva par la régularité des lits au-dessous
desquels on avoit trouvé ce squelette, qu’on ne pouvoit attribuer
sa présence en ce lieu à quelque inhumation faite de main d’homme ;
mais qu’il ne pouvoit y avoir été amené que par quelque cause
générale, telle que l’on se représente le déluge.
Le deuxième squelette, celui de 1799, étoit dans une position
comprimée jet courbée : il occupoit une longueur d’environ vingt
pieds ;•-les pieds de derrière étoient près des défenses. Celles-ci ont
dix pieds de long ; elles étoient sorties des alvéoles et sé croisoient.
Elles sont tendres, mais entières; le bras entre aisément dans leur
cavité. On ne put conserver de la tête qu’une partie de la mâchoire
inférieure et les deux plus grosses molaires; la plupart des autres os
et des côtes se brisèrent aussi plus ou moins en les détachant du tuf;
mais on a trouvé des portions de tous. Les cellulosités des os étoient
en partie remplies de cristaux de spath.
La couronne d’une molaire a neuf pouces de long sur trois de
la r g e , et sa hauteur est de six à huit pouces de diamètre; une tête
de fémur six pouces , etc, b
A peu de distance,, et dans des couches semblables; on a trouvé
des bois du cerf ou élan fo s s ile , et à B a llstä dt, village voisin, des
dents de rhinocéros.
La vallée de 1’ Unstrut a fourni encore des os fossiles d’éléphans
en d’autres de ses parties ; notamment une défense pesant cent quinze
livres et de dix pieds de long, près de V ir a (2),
Un lieu non moins célèbre que celui de Tonna, par les nombreux
ossemens d’éléphans et d’autres animaux étrangers qu’il a fournis,
est la petite ville de Canstadt, dans le pays de FFirtemberg, sur le
Necker, La principale découverte s’en est faite en 1700; et David
Spleiss, médecin de Schaffhouse , en rendit compte dans une dissertation
particulière intitulée : Ædipus osteolithologicus, seu diss.
histor. phys. de comibus et ossibus fo ssïlib u s canstadiensibus ,
Schaff, 1701, 4°,, où il inséra une relation assez bien faite, par
Salomon R eisel, médecin du duc, 11 en est traité aussi dans la M e-
dulla mirabilium de S ey fried , et la Descriptio ossium fo ssilium
canstadiensium de R eiselius, 1715 ; et Jea n Samuel Ç a r l en a
donné une analyse chimique fort bonne pour le temps; dans son
Lapis lydiusphilosophico-pyrotechnicus, etc., Franc!'. 17öS.
J’en dois de plus un rapport circonstancié à l’amitié de M. A u -
tenrieth, professeur d’anatomie à Tübingen, et de M, Joe ger, garde
du cabinet d’histoire naturelle de Stuttgard.
Ces deux savans ont encore les os eux-mêmes sous les yeux; ils
connoissent le local où on les a trouvés, et ils ont pu compulser une
partie des procès-verbaux que l’on dressa dans le temps de la découverte.
L ’endroit même est à l’est du N eck er, à mille pas en dehors de
la ville du côté du village de Feldbach. R eisel dit qu’il y avoit ,des 1
(1) Za ch, loc. c i t ., p. 27 ( note de la page 51 ).
(2) Knoll Wunder erscheinungen, etc. ; et Gothaïsche gel. Zeitung, 1782— 85 , février,
page 668.