sur le consul Flaminius qui étoit à Arezzo , comme il s’arrêta un
moment près de Fiezole et qu’ensuite il dut passer sous Arezzo et
suivre le val de Chiane pour aller s’établir entre Cortone et le Trachap.
L X X V I I , le nouveau consul Flaminius s’étant mis en route avec ses légions, prit par
VEtrùrie et s’arrêta à A r e z zo , pendant que son collègue Servilius, prenant par l Ombrie,
se rendoit à Rimini. Les sentimens peu affectionnés des Gaulois (chap. LXX V III) ayant
déterminé Annibal à quitter le plutôt possible ses quartiers d’hiver, il s’informa soigneusement
des chemins qui pouvoient le conduire dans le pays ennemi ; il apprit qu’ ils étoient
longs et connus des Romains, excepté un qui conduisoit en Etrune au travers des marais,
et qui étoit difficile, mais court et propre, s’i l le suivoit, à inspirer de l’étonnement à F la minius
par la nouveauté de l’entreprise. Il se détermina à le prendre. Cette nouvelle effraya
ses gens qui redoutoient les gouffres des marais et des lacs qu’il falloit traverser.
Polybe décrit ensuite (chap. L X X IX ) l’ordre dans lequel Annibal fit cette marche, et
tout ce que son armée et sa personne eurent à y souffrir.
Enfin, ajoute-t-il, les marais ayant été passés , contre tout ce que l ’on pouvoit croire ,
Annibal apprit que Flaminius étoit posté auprès d’Arezzo; il campa lui-même aussitôt qu’il
trouva un terrain sec, afin de refaire ses troupes et de reconnoitre les desseins de l’ennemi.
Ayant remarqué que le pays étoit riche, et sur ce qu’i l entendit dire du caractère foib.le et
du peu de talent de Flaminius, i l jugea que s’i l le dépas soit comme pour se porter plus loin,
ce consul nepourroit résister aux railleries et aux reproches du vulgaire, sur les dégâts qui
auroient lieu, et que, sans attendre que son collègue vint à son secours, i l chercherait à
poursuivre les Carthaginois dans quelqu endroit que ceux-ci voulussent l’attirer.
E n effet, dit toujours Polybe (chap. LX X X I I I ) , sitôt qu Annibal eut décampé d’auprès
de Fiesole et qu’i l eut dépassé l’armée romaine, Flaminius commença à s’irriter se croyant
méprisé par les Carthaginois : lorsqu i l vit les ravages qu ils faisoient et les incendies qu’ils
allumaient, Une put se contenir; et malgré les avis qu’on lui donnoit de faire d’abord venir
son collègue, il se porta sur Annibal.
Celui-ci avoit Cortone à sa gauche et le lac Trasimène à sa droite, et pour exciter de
plus en plus la rage de Flaminius, i l portoit les dévastations à l ’extrême.
Enfin voyant approcher le consul, ilf i t volte-face pour l ’attendre, etc. C?est l à , entre le
lac et les collines qui s’en rapprochent de très—près, qu’il gagna cette terrible bataille.
On voit donc par ces passages qu’après la bataille de la Trebbia, Annibal se rendit en
Etrurie, en traversant un pays très-maréeageux.
Qu’au sortir de ces marais il campa auprès de Fiesole.
Qu’ensuite il dépassa les Romains, qui étoient près d’Arezzo, et se rendit entre Cortone
et le lac Trasimène.
Ces deux dernières parties de sa route ne sont pas douteuses. De Fiesole jusqu’auprès
d’Arezzo il ne put suivre que le val d’Arno supérieur, et des environs d’Arezzo à ceux de
Cortone que le val de Chiane.
Mais comment étoit-il arrivé à Fiesole ? Où sont les marais qu’il avoit traversés et dans
quel endroit avoit-il passé les Apennins ?
simène, il étoit naturel que les premières découvertes d os d elé-
phans donnassent lieu de penser que c’étoient des restes de ceux que ce
général avoit amenés : c’est ce que cherche à établir le savant danois
Voilà les questions; sur lesquelles ou ne s’ est point accordé jusqu’à présent et que nous
croyons avoir résolues.
Il nous a-semblé en effet que, pour en obtenir la solution la plus claire, il suffisoit de
remplir les lacunes du récit de Polybe , par les traits qu’y ajoutent Tite-Live et Cornehus-
Nepos.*'
On a accusé T ite-Live de n’être qu’un copiste de Polybe, et il est vrai que presque partout
il le traduit pour ainsi dire à la lettre ; mais il a dù encore consulter d’autres Mémoires, car
il complète les récits de l’écrivain grec au moyen de plusieurs circonstances importantes et
manifestement vraies , car elles sont manifestement en accord avec tout le reste.
Après'avoir rendu compte (lib. X X I , cap. LV I I ) de la prise de Plaisance , qui eut lieu
pendant l’hiver qui suivit la bataille de la Trebbia , il parle d’une première tentative que fit
Annibal pour passer les Apennins dans un moment où il avoit été trompe par un faux printemps,
et décrit avec éloquence les tempêtes qui le firent renoncer à cette entreprise et
retourner à Plaisance. Il dit même que ce fut seulement dans cette occasion que lès Carthaginois
perdirent sept des éléphans qui-leur étoient testés après la bataille de la Trebbia, et
qu’il ne leur .en demeura qu’un. Ils eurent encore auprès de Plaisance un combat à soutenir
contre Sempronius , qu’ils vainquirent ; après quoi Annibal entra en Ligurie, et Sempronius
se retira à Lucques.' ■
Cependant au comm encement du printemps Annibal , qui auparavant avoit en vain
Cherché à passer les Apennins, quitta ses quartiers d’hiver ( liv. X X I I , chap. I ) , et apprenant
que Flaminius étoit déjà à Arez zo, bien qu’on lui montrât un chemin plus long mais
plus commode, il en préféra un qui traversait des marais que Z’Altso a voit rOMlfis plus
profonds qu’à l’ordinaire. Tite-Live décrit ensuite la marche du général carthaginois à peu
près comme Polybe , et le conduit de même auprès de F ie so l e . Il remarque qu’il étoit dans
un des pays les plus fertiles de l’Italie, la partie de l’Ê trurie située entre F ie sole et Ar.Ezzo ,
ou en d’autres termes le val d’Arno supérieur ; puis Ayant rendu compte, comme Polybe ,
de la manière dont Annibal jugea Flaminius, il ajoute (chap. III) que laissant Tennemisur
sa gauche et SE rendant v e r s F iesole (Fæsulas petens), i l dévasta autant qu’i l put l ’Étrurie.
Il parle alors de l’irritation de Flaminius , et tout d’un coup il dit ( chap. IV) , qu’Annibal
ravageoit le pays entre C oatone et le lac T ra s imèn e . Le reste du récit de Tite-Live est conforme
à celui de Polybe.
Ce sont ces mots Fæsulas petens, qui ont embrouillé la question : ou c’ est une faute de
Tite-Live ou c’en est une de ses copistes. Il est bien clair qu’Annibal, qui est représenté
comme occupant le pays entre Fiesole et Arezzo , qu’Annibal qui vouloit attirer Flaminius
d’Arezzo vers Cortone, ne pouvoit pas prendre le chemin opposé et retourner vers Fiesole.
Tite-Live devoit donc , comme Polybe, lui faire quitter Fiesole et non pas l’y faire aller ;
peut-être même avoit-il mis Fæsulas linquens, au lieu de Fæsulas petens. Alors son récit
se rapporterait à celui de Polybe en ce point, comme en tout ce qui leur est commun. T ite -
Live n’auroit ajouté qu’une circonstance, c’est que les marais en question étoient ceux de