mais bien un genre naturel que nous appellerons nunienius § et qui
comprendra tous les échassiers à becs courbés en en bas, mousses et
arrondis, que leur tête soit nue ou revêtue de plumes. C’est le genre
courlis tel que l’a conçu Buffon (i).
Un coup d’oeil sur la collection des oiseaux du cabinet du Roi
nous fît reconnoître une espèce qui n’étoit encore ni nommée , ni
décrite dans les auteurs systématiques, excepté peut-être M. Latham,
et qui, examinée avec soin, se trouva satisfaire à tout ce que les
anciens, les monumens et les momies nous indiquent comme caractères
de l’ibis.
Nous en donnons ici la figure, pl. I I ; c’est un oiseau un peu
plus grand que le courlis; son bec est arqué comme celui du courlis,
mais un peu plus court et sensiblement plus gros k proportion, un
peu comprimé à sa base , et marqué de chaque côté d’un sillon qui
partant de la narine règne jusqu’à l’extrémité, tandis que dans le
courlis un sillon semblable s’efface avant d’être arrivé au milieu de
la longueur; la couleur deice bec est plus ou moins noire ; la tête et
les deux tiers supérieurs du col sont entièrement dénués de plumés,
et la peau en est noire: Le plumage du corps ; des ailês et de la queue
est blanc/à l’exception des bouts des grandes- pennes de l’aile
qui sont noirs; les quatre dernières pennes secondaires*1 ont les
barbes singulièrement longues, effilées, et retombent par-dessus les
bouts des ailes lorsque celles-ei sont pliées; leur couleur est un beau
noir avécMes reflets violets. Les pieds sont noirs, les jambes .soùt
plus grosses et les doigts notablement plus longs à proportion que
ceux du courlis ; les membranes entre les bases des doigts sont aussi
plus étendues ; la jambe est entièrement couverte de petites écailles
polygones, ou ce que; l’on appelle réticulée, et la base des doigts (i)
(i) Nous avons établi définitivement ce genre dans notre Règne animal, 1 .1 , p. ^83 , et
il paroît avoir été adopté par les naturalistes.
même n’a que des écailles semblables,- tandis que dans le courlis les
deux tiers de la jambe et toute la longueur des doigts sont scutulés,
c’est-à-dire garnis d’écailles transversales. Il y a une teinte roussâtre
sous l’aile, vers la racine.de la cuisse, et aux grandes couvertures
antérieures.; mais cette, teinte paroît être un caractère individuel
ou le résultat d’un accident, car elle ne reparaît point sur d’autres
individus d’ailleurs entièrement semblables.
Ce premier individu venait de la collection du Stathouder, et on
ignorait, son pays natal. Eeu M. Desmoulins , aide-naturaliste au
Muséum, qui en avoitvu deux autres, assuroit qu’ils v en oient, du
Sénégal : l’un d’eux doit même, avoir été.rapporté par M. Geoffroy
de Villeneuve ;., mais nousverrons plusbas queBruce(i) a trouvé cette
espèce en Ethiopie où elle se.nomme abou haïmes ( père Jean),
et que M. Savigny l’a vue .en abondance dans la Basse-Égypte
où ou l’appelle abou mengcl (père.de la faucille). Il est probable
que les, modernesme prendront pas au pied de la lettre l’assertion des
anciens, que l’ibis, ne quittait jamais ce pays.sans périr (2). -
Cette,assertion iseroit d’ailleurs aussi contraire au tantalus ibis
qu’à notre courlis ; car les individus qu’on en a en Europe,
viennent du Sénégal. C’est de là que M. Geoffroy de Villeneuve
a rapporté celui du Muséum d’histoire naturelle ; il, est même
beaucoup plus rare, en Égypte que notre courlis , puisque depuis
Perrault, personne ne dit l’y avoir vu ou l’en avoir reçu.
Un individu sans teinte fauve,. mais d’ailleurs entièrement pareil
au premier, a été rapporté par M. de Labittardière, de son voyage
dans l’Australasie, fait avec M. d’Entrecasteaux.
Nous avons appris ensuite que dans la jeunesse ces sortes de numé-
nius ont la tête et le cou garnis de plumes dans la partie qui doit devenir