6°. D e ce que l ’on connoît des 'parties molles.
On ne doit point désespérer, en continuant les recherches dans
les parties les plus froides de la Sibérie, de découvrir encore un
mammouth avec toutes ses parties molles préservées par la glace,
et dès à présent celui de M. Adams nous fournit à cet égard des ren-
seignemens précieux.
Avant qu’il eût été dépecé, on en avoit fait un dessin qui m a ete
communiqué, et qui bien qu’un peu grossier, se rapportoit entièrement
parlalongueur delà face, àcequeles crânes fossiles nous indiquent;la
trompe et les oreilles y manquoient, mais on voyoit tout autour une
sorte de poil roussâtre.
Depuis lors j’ai reçu un morceau de peau, dépouillé de son épiderme,
et des mèches de poils et de laine.
La peau est semblable à celle de l’éléphant vivant, mais on n’y
distingue pas les points bruns qu’on remarque dans l’espèce des
Indes. M. Adams assure que la peau dont il avoit conservé les trois
quarts étoit d’un gris foncé.
Quant aux poils, il y en a de deux et même de trois sortes : les plus
longs ont douze à quinze pouces; leur couleur est brune, et leur
épaisseur à peu près celle d’un crin de cheval. Il y en a ensuite de
plus courts, de dix, de neuf pQpces, qui sont en même temps un
peu plus minces et de couleur fauve.
La laine qui paroît avoir garni la racine des longs poils a de quatre a
cinq pouces de longueur; elle est assez fine, passablement douce, et
un peu frisée, surtout vers sa racine. Sa couleur est un fauve-clair.
Sur ce qui reste de peauàPétersbourg', les poils sont usés et cojirts.
Cependant comme aucun animal connu ne porte de poils semblables,
il est impossible qu’il y ait à cet égard la moindre fraude.
On a d’ailleurs outre cet individu, les témoignages relatifs à ceux
de Sarytschev et de Patapof, que nous avons rapportés ci-dessus.
Par conséquent il n’est pas douteux que l’éléphant fossile, tel qu’il
se trouve en Sibérie, avoit une fourrure d’animal de pays froids.
M. Adams nous dit qu’une des oreilles de son individu étoit bien
conservée et garnie d’une touffe de crins ; mais dans son état actuel,
comme on peut le voir , pl. X I , ab, fig. 1 , elle est fort altérée et
n’a plus aucun poil.
Les pieds du squelette de Pétersbourg sont encore couverts de
peau et garnis de leurs semelles. M. Tilésius dit que ces semelles
sont arrondies, et comme dilatées et foulées par le poids du corps,
en sorte qu’elles remontent sur les bords du pied et les recouvrent.
Il y avoit quelque chose de semblable dans l’éléphant de la ménagerie
de Vers ailles, décrit par Perrault.
Ni M. Adams, ni M. Tilésius ne nous parlent du nombre des ongles.