Aucun os proprement dit ne se délite jamais de cette maniéré.
Sloane est, je crois, le premier qui ait fait cette remarque.
Les gravures, les entailles quelconques faites a la surface d une
défense ne se remplissent jamais ; elles ne disparoissent qu a mesure
que la défense s’use par le frottement.
Il est vrai qu’on trouve quelquefois des balles dans 1 intérieur de
l’ivoire, sans qu’on voie le trou par lequel elles sont entrées.
Notre Muséum en possède trois exemples ; on eu voit d autres allégués
dans divers ouvrages (1).
Quelques-uns en ont conclu que le chemin traversé par les balles
avoit dû être rempli par les sucs même de la défense et par sa force
organique (2); ou, comme s’exprime Haller, par une espèce de
stalactite (3) : mais il est aisé de voir, au contraire, qu’il n’y avait pas
eu de trou et que la balle n’étoit pas entrée par le côté où elle-adhère,
Toute la portion d’ivoire en dehors de la balle est semblable au
reste 5 il n’y a que ce quil’entoure immédiatement qui soit irrégulier :
c’ est que, venue par le côté oppose, elle avoit traverse 1 alvéolé et la
base encore mince de la défense d’un jeune éléphant, et s’étoit logée
dans le noyau pulpeux qui étoit encore dans tout son développement :
elle a été saisie ensuite par les couches que ce noyau a transsudées,
et y est restée prise.
Camper l’a déjà explique ainsi (D esc. an. d un elepTi. , p. 54).
On ne peut donc déduire de ce fait aucune conséquence propre
à justifier la nutrition de l’ivoire par intussusception.
Par la même raison il n e prouvoit rien contre l’opinion de Duhamel
sur la formation des os par l’endurcissement des couches successives
du périoste, quoique Haller en ait tiré l’un de ses principaux argumens,
Quant aux maladies de l’ivoire, celles qui tiennent à l’altération
de son tissu viennent tout simplement d’une maladie dans le noyau * IX,
(1) Blumenbach, Manuel d’Anat. comp., p. 43; Gallandat, Mém. de lA c . de Haarlem,
IX , 352; Bonn, Thés. Hovian., p. 146; Camper, An. d’un É l . , pl. X X , fig. X I et X II ;
Haller, Op. min. , I I , p. 554*
(2) Haller , P h y s ., Y I I I , p. 319.
(3) Jb., p. 33o.
pulpéux, à l’époque où il sécrétoit la portion altérée; et ce qu’on a
appelé des exostoses est toujours en dedans et jamais en dehors.
C ’est l’effet d’une sécrétion momentanément trop abondante en un
certain point.
Au surplus, on a donné souvent pour ivoire malade des portions
de dents canines de morse (trichecus rosmarUs), dont la texture est
naturellement grenue. Il y en a de décrites sous ce titre dans Daubenton
lui-même.
Lesmaladies des dents sont à peu près dans le même cas que celles
de l’ivoire.
Ce qu’on a nommé ca rie, suite presque nécessaire de l’enlèvement
de l’émail, est la décomposition que la substance interne subiroit,
quand même elle ne seroit plus adhérente au corps, si elle restoit
exposée à Ja chaleur de la bouche et à l’action de la salive et des
^divers ajjmens; mais elle n’a point de rapport avec la carie des os.
La disposition de certaines personnes à voir leurs dents se carier,
vient dp .ce que la substance de celles-ci n’est pas d’une bonne composition
, et tient au mauvais état du noyau pulpeux lorsqu’il les
transsudoit.
Il en est de même des taches, des couches plus tendres, qu’on observe
dans l’épaisseur de certaines dents. Ce sont des effets d’indispositions
momentanées du noyau pulpeux.
Les douleurs, les inflammations sont dans le noyau pulpeux et
non dans la partie dure de la dent. C’est le noyau pulpeux qui est
sensible aux chocs et à la température des corps, au travers de l’enveloppe
que la partie dure lui forme.
On s’étonnera peut-être qu’une enveloppe aussi épaisse et aussi
dure n’émousse pas toute sensation ; mais la pulpe du noyau des dents
est, après la rétine et la pulpe du labyrinthe de l’oreille, la partie la
plus sensible du corps animal. Les poissons, qui ont leur labyrinthe
enfermé dans le crâne, sans caisse, sans tympan, sans osselets, en un
mot, sans aucune communication ouverte à l’extérieur, entendent
par les ébranlemens communiques au crâne. C’est quelque chose de
beaucoup plus fort en sensibilité que ce que les dents éprouvent.
T. I. ?