plus large en arrière dans le fossile ; elle n’y est pas. séparée de
l’autre par une échancrure si profonde ; elle n’est pas échancrée
du tout à son bord interne ; le rhombe de sa face inférieure est plus
oblique, et sa tubérosité postérieure inférieure beaucoup moins saillante
vers le bas.
J’en ai eu un bien entier du côté droit; il étoit à notre vivant
comme 7 à 5 ; l’animal devoit avoir environ quinze pieds et demi.
Un premier métatarsien gauche d’un individu de plus de quatorze
pieds et demi ne présente pas de caractère distinctif bien marqué.
Mais un deuxième métatarsien (pl. V I , fjg. i 5) droit, de longueur
égale à celle du vivant, a un cinquième de plus en largeur, et sa tête
supérieure est coupée plus à angles droits.
J’ai une première phalange de l ’un des doigts mitoyens de derrière
, qui ne diffère de son analogue dans le vivant; que par des dimensions
d’un cinquième plus fortes. \
70. Conclusion.
Chacun peut voir maintenant que malgré la ressemblance générale
de ces os avec ceux du vivant, ils offrent cependant tous assez de
caractères pour faire admettre une différence d’espèce, et que le
grand hippopotame fossile n’échappe point à la règle qui frappe et
les éléphansetlesrhinocérosetles autres pachydermes de nos couches
meubles.
Quant aux deux autres espèces d’hippopotames fossiles, cette règle
s’yappliquedans toute son étendue et même avecplusde force qu’aux
éléphans ; e’est ce que l’on va voir dans l’article suivant.
A r t i c l e I I.
D u p e tit hippopotame jo ss ile .
J’ai annoncé en peu de mots cette espèee aussi remarquable que
nouvelle dans le programme du présent ouvrage, imprimé chez
Baudouin, en 1797, par ordre de la première classe de l’Institut.
Ma notice étant fort abrégée a paru trop incertaine à quelques naturalistes
(1) ; j’espère que les détails dans lesquels je vais entrer feront
cesser toute incertitude.
Le bloc dont j’ai tiré cette espèce étoit depuis long-temps dans
un des magasins du Muséum, et personne n’avoit souvenance du
lieu de son origine : il me frappa cependant par la quantité de frag-
mens d’os et de dents dont il e’toit comme lardé de toutes parts ; il
ressembloit âsséz aux brèches osseuses de Gibraltar, de Dalmatie et
de Cette, excepté que la pâte, au lieu d’être calcaire et stalactitique,
étoit une sorte de grès à base calcaire, remplissant uniformément
tous les intervalles des os ; et que les os formoient une portion incomparablement
plus considérable de la masse que dans ees brèches.
Cette gangue examinée par M. Brongniart se trouva composée à
plus des deux tiers de chaux earbonatée. Sur trente parties il y en
avoit neuf de sable mêlé d’un peu d’argile.
Il me fallut, ainsi qu’à mes aides, un temps considérable et une
grande patience pour dégager une partie de ces os de la pierre qui
les incrustoit : nous employâmes pour cela ^pendant p l u s i e u r s jours,
le ciseau, la lime et le burin; nous fûmes obligés de sacrifier plusieurs
os pour en conserver d’autres entiers : mais combien nous nous trouvâmes
récompensés de nos peines lorsque nous eûmes mis au jour
les débris d’un animal dont personne n’avoit eu jusqu’à nous la
moindre notion !
Je fus long-temps ensuite sans revoir de pierre semblable à cette
première-là, jusqu’en mars i 8o3 , que, passant à Bordeaux, je visitai
le beau cabinet d’histoire naturelle que M. Journu-Aubert,
sénateur, possédoit, et dont il a fait présent à sa ville natale. J ’y
reconnus au premier coup d’oeil un bloc tout semblable à celui que
j’avois dépecé au Muséum; mais il n’y avoit malheureusement pas
plus d’indication sur le lieu d’où on l’avoit tiré, et M. Villers, professeur
d’histoire naturelle à Bordeaux, qui avoit la charge de ce