La seule observation chinoise plus ancienne, qui ne porté pas en
elle-même la preuve de sa fausseté, seroit celle du Gnomon, faite par
Tcheou-Rong, vers n o o avant J. C. ; encore est-elle au moins assez
grossière (i).
Ainsinos lecteurs peuvent juger que les inductions tiréesd’une haute
perfection de l’astronomie des anciens peuples ne sont pas plus concluantes
en faveur de l’excessive antiquité de ces peuples, que les
témoignages qu’ils se sont rendus à eux-mêmes.
Mais quand cette astronomie auroit été plus parfaite , que prou-
veroit-elle? A-t-on calculé les progrès que devoit faire une science
dans le sein de nations qui n’en avoient en quelque sorte point
d’autres; chez qui la sérénité du ciel , les besoins de la vie pastorale
ou agricole, et la superstition faisoient des astres l’objet de
la contemplation générale ; où des collèges d’hommes les plus respectés
étoient chargés de tenir registre des phénomènes intéres-
sans, et d’en transmettre la mémoire ; où l’hérédité de la profession
faisoit que les enfans-étoient dès le berceau nourris dans les
connoissances acquises par leurs pères ? Que parmi les nombreux
individus dont l’astronomie étoit la seule occupation, il se soit
trouvé un ou deux esprits géométriques, et tout ce que ces peuples
ont su a pu se découvrir en quelques siècles.
Songeons que,depuis les-Chaldéens, la véritable astronomie n’a eu
que deux âges, celui de l’école d’Alexandrie qui a duré 4oo ans, et
le nôtre qui n’a pas été aussi long. A peine l’âge des Arabes y a-t-il
ajouté quelque chose. Les autres siècles ont été. nuis pour elle,
Il ne s’est pas écoulé 3oo ans entre Copernic et l’auteur de la
Mécanique céleste, et l’on veut que les Indiens aient eu besoin
(i) Yoyez dans la Connoissance des temps de 1809, p. 38a , et dans l’Hist. de l'Astronomie
ancienne de M. Delambre, t. I , p. 891 , l’extrait d’un Mém. du P. Gaubil, sur les observations
des Chinois.
de milliers d’années pour arriver à leurs informes théories (i)?
On a donc recours à des argùmens d’un autre genre. On prétend Le s monuqu’indépendamment
de ce qu’ils ont pu savoir, ces peuples ont ^
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laissé des monumens qui portent une date certaine par l’état du ies anc;ens ne
ciel qu’ils représentent, et une date très-reculée. portent pas les
On a principalement insisté sur des zodiaques sculptés dans quel- reculées
ques temples de la haute Egypte, qui offrent les mêmes figures des que l’on a cm y
constellations zodiacales que nous employons aujourd’hui, mais dis- ™r‘
tribuées d’une façon particulière. Ori a cherché à deviner ce que
signifie cette distribution, et suivant le sens qu’on lui a attribué, on
a prétendu assigner la date de ces édifices (2),,
. » (1). Le traducteur auglois de ce discours cite, à ce sujet, l’exemple du célébré James
Ferguson, qui étoit berger dans son enfance, et qui, en gardant les troupeaux pendant la
nuit, eut de lui-même l’idée de se faire une carte céleste, et la dessina peut-être mieux
qu’aucun astronome chaldéen. On raconte quelque chose d’assez, semblable de Jamerey
Duval.
(2) Ainsi à Dendera (l’ancienne Tentyris ), ville au-dessous de Thèbes, dans le portique
du grand temple dont l’entrée regarde le nord (*), on voit au plafond les signes du zodiaque
marchant sur deux bandes, dont l’une est le long du côté oriental et l’autre du côté opposé :
elles sont embrassées chacune par une figure de femme aussi longue qu’elle , dont les pieds
sont vers l’entrée , la tête et les bras vers le fond du portique; par conséquent les pieds sont
au nord et les têtes au sud.
Le lion est en tête de la. bande qui est à l’occident ; il se dirige vers le nord ou vers les pieds'
de la figure de femme, et il a lui-même les pieds vers le mur oriental. La vierge, la
balance, le scorpion , le sagittaire et le capricorne, le suivent, marchant sur une même ligne.
Ce dernier se trouve ainsi, vers le fond du portique et près des mains et de la tête de la grande
figure de femme. Les signes de la bandé orientale commencent à l’extrémité où ceux de
l’autre bande finissent, et se dirigent par conséquent vers le fond du portique ou vers les bras
de la grande figure. Ils ont les pieds vers le mur latéral de leur côté, et les têtes en sens contraires
de celles de la bande opposée. Le verseau marche le premier suivi des poissons , du
bélier, du taureau, des gémeaux. Le dernier de.la série , qui est le cancer ou plutôt le sca-
rabé, car c’est par cet insecte que le cancer des Grecs est remplacé dans les zodiaques
d’Egypte, est jeté de côté sur les jambes de la grande figure. A la place qu’il auroit du occu-,
per est un globe posé sur le sommet d’une pyramide composée de petits triangles qui représentent
des espèces de rayons, et devant la base de laquelle est une grande tête de femme
avec deux petites Cornes. Un second scarabé estplacéde côté et en travers sur la pi’emière bande,
dans l’angle que les piéds de la grande figure forment avec le corps et en avant de l’espace
(*) Voyez le Grand ouvrage sur l’E g y p te , Antiquités, vol. IV, pl. XX.