Causes de ces
divergences.
Nature et conditions
du problème.
n’est pas d’en critiquer les auteurs : au contraire nous reconnois-
sons que ces idées ont généralement été conçues par des hommes
d’esprit et de science, qui n’ignoroient point les faits, dont plusieurs
même avoient voyagé long-temps dans l’intention de les examiner.
D’où peut donc venir une pareille opposition dans les solutions
d’hommes qui partent des mêmes principes pour résoudre le même
problème ?
Ne seroit-ce point que les conditions du problème n’ont jamais
été toutes prises en considération ; ce qui l’a fait rester, jusqu’à ce
jour, indéterminé, et susceptible de plusieurs solutions, toutes également
bonnes quand on fait abstraction de telle ou telle condition ;
toutes également mauvaises, quand une nouvelle condition vient à
se faire connoître, ou que l’attention se reporte vers quelque condition
connue, mais négligée?
Pour quitter ce langage mathématique, nous dirons que presque
tous les auteurs de ces systèmes, n’ayant eu égard qu’à certaines
difficultés qui les frappoient plus que d’autres, se sont attachés à
résoudre celles-là d’une manière plus ou moins probable, et en ont
laissé de côté d’aussi nombreuses, d’aussi importantes. Tel n’a vu, par
exemple, que la difficulté de faire changer le niveau des mers ; tel autre,
que celle de faire dissoudre toutes les substances terrestres dans un
seul et même liquide ; tel autre enfin, que celle de faire vivre sous
la zone glaciale des animaux qu’il croyoit de la zône torride. Epuisant
sur ces questions les forces de leur esprit, ils croyoient avoir
tout fait en imaginant un moyen quelconque d’y répondre : il y
a plus, en négligeant ainsi tous les autres phénomènes, ils ne
songeoient pas même toujours à déterminer avec précision la mesure
et les limites de ceux qu’ils cherchoient à expliquer.
Cela est vrai surtout pour les terrains secondaires , qui forment
cependant la partie la plus importante et la plus difficile du problème.
On ne s’est presque jamais occupé de fixer avec soin les su-
P R É L IM IN A IR E ,
perpositions de leurs couches, ni les rapports de ces couches avec les
espèces d’animaux et de plantes dont elles renferment les restes.
Y a-t-il des animaux, des plantes propres à certaines couches, et
qui ne se trouvent pas dans les autres ? Quelles sont les espèces qui
paroissent les premières, ou celles qui viennent après ? Ces deux
sortes d’espèces s’accompagnent-elles quelquefois ? Y a-t-il des alternatives
dans leur retour; ou, en d’autres termes, les premières
reviennent-elles une seconde fois, et alors les secondes disparoissent-
elles ? Ces animaux, ces plantes , ont-ils vécu dans les lieux où l’on
trouve leurs dépouilles, ou bien y ont-ils été transportés d’ailleurs ?
Vivent-ils encore tous aujourd’hui quelque part, ou bien ont-ils été
détruits en tout ou en partie ? Y a-t-il un rapport constant entre
l’ancienneté des couches et la ressemblance ou la non ressemblance
des fossiles avec les ètresvivans? Y en.a-t-il un de climat entre les fossiles
et ceux des êtres vivans qui leur ressemblent le plus? Peut-
on en conclure que les transports de ces êtres, s’il y en a eu, se soient
faits du nord au sud, ou de l’est à l’ouest, ou par irradiation et mélange,
et peut-on'distinguer les époques de ces transports par les
couches qui en portent les empreintes ?
Que dire sur les .causes de l’état actuel du globe, si l’on ne peut
répondre à ces questions, si l’on n’a pas encore de motifs suffisans
pour choisir entre l’affirmative ou la négative ? Or il n’est que trop
vrai qu’aucun de ces points n’est encore absolument hors de doute,
qu’à peine même semble-t-on avoir songé qu’il seroit bon de les
éclaircir avant de faire un système.
On trouvera la raison de cette singularité, si l’on réfléchit que les Raison pour
géologistes ont tous été, ou des naturalistes de cabinet, qui avoient la<luellelesco“-
. , \ i i ditions ont été
peu examine par eux-memes la Structure des montagnes; oudes miné- négliges
ralogistes qui n’avoient pas étudié avec assez de détail les innombrables
variétés des animaux, et la complication infinie de leurs diverses
parties. Les premiers- n’ont fait que des systèmes ; les derniers ont
T. I. d