C ’est ce que M. Camper avoit annoncé dans la Description anatomique
d’un éléphant, p. 20, et qu’il a bien voulu me redire avec
plus de détail dans deux lettres. Cette variété individuelle n’ etnpê-
choit pas que les dents de cette mâchoire n’eussent les proportions
ordinaires à l’espèce vivante. M. Camper, en me donnant ces descriptions,
ajoutoit que la mâchoire fossile, comme toutes les autres de
cétte espèce , offre des côtés plus renflés, plus bombés que celles des
Indes.
Une objection plus forte contre la généralité de cette différence
auroit été celle de la mâchoire fossile représentée et décrite par
M. Nesti, dans les Annales du Muséum de Florence, tome I , p. 9 1
et pl. I ,S g . 1 et 2, et dont nous donnons la copie, pi. IX-, fig, 5
et 6 ; mais cette mâchoire , plus bombée latéralement que celle
d’aucun éléphant connu, ayant un bec plus long, plus recourbé;
ce bec au lieu de se terminer en pointe en avant, s y élargissant plus
que dans son milieu ; les trous pour la sortie du nerf sous-maxillaire
y étant l’un derrière l’autre, comme dans les mastodontes , et
non pas l’un au dessous de l’autre comme dans 1 éléphant des Indes
et l’éléphant fossile; elle annonceroit une espèce différente de toutes
les autres, si elle àppartenoit au genre de 1 éléphant, et comme les
dents en sont tombées, il est impossible de constater quelle appar-
tcnoil à ce genre : il y a plus, d’après la comparaison que j en ai
faite avec les fragmens de mâchoires de mastodonte a dents étroites
que j’ai pu observer, je ne doute pas que la mâchoire en question
ire doive être rapportée & cette espèce, ainsi que je le dirai dans la
suite, et par conséquent tous les argumens que l’on pourvoit
vouloir en tirer contre cette généralité du caractère que j’assigne à
la mâchoire inférieure de l’éléphant fossile se réfutent d’enx-mèmes.
'5°. Comparaison des autres osJfbssiles.
I. Os de Vépine.
Je n’en ai eu que trois d’assez entiers.
Le bel atlas fossile que j’ai acheté en Toscane, à In cisa , dans le
val d’Arno, est représenté pl. X I , fig. 3 et 4- Si Ion excepte sa
grandeur, qui étoit d’une apophyse transverse à l’autre de o ,5oy , il
diffère peu de celui de l’éléphant des Indes; il a seulement un peu plus
d’épaisseur; il indique un individu de douze pieds et demi de haut.
J’ai vu une autre vertèbre, rapportée de Sibérie par feu M. M a c-
quart, professeur de médecine à Strasbourg, et qui est déposée au
cabinet du conseil des mines; c’est la quatrième cervicale. Je trouve
son corps un peu plus mince à proportion que dans le vivant ; mais
elle est d’un jeune individu, qui ne devoit pas avoir plus de sept
pieds de haut, et ses apophyses transvers.es étant, emportées, OU ne
peut en faire une comparaison complète. Nous donnons ce morceau
pl. Y , fig. 14, au sixième.
Une troisième vertèbre que j’ai observée, est une lombaire
trouvée aux bords du P ô , et donnée au Muséum par feu M. Faujas.
C’est la seconde des lombes ; elle vient d’un individu de dix pieds
et demi de hauteur, et ne présente dans ses parties conservées aucune
différence sensible d’avec son analogue dans le vivant. Nous la
Feprésentons pl. X , fig. 26 et 27,
II. Os des extrémités.
La plupart des grands os des extrémités de l’éléphant fossile se
présentent avec une épaisseur proportionnelle plus grande que leurs
analogues dans les éléphans vivans ; mais on ne doit point oublier à ce
sujet la remarque ingénieuse faite par Daubenton qu’avec l’âge les
os des animaux grossissent à proportion plus qu’ils ne s’allongent,
remarque fondée sur une nécessité de nature et sur les lois de la
résistance des solides. Cette différence seule ne suffiroit donc pas
pour caractériser une espèce, mais on en trouve d’autres quand on
entre dans le détail des formes de chaque o.s.
i°. L ’omoplate. Les omoplates fossiles que j’ai eues d’abord à ma
disposition n’étoient pas assez entières pour être comparées complètement
à celles des éléphans yîvans 5 cependant les fragmens du
cabinet de Stuttgard ( pl. V III, fig, 10.et 1 1 ) , et Celui du notre
(pl. V I I , fig. G), montroient déjà beaucoup plus de ressemblance
avec l’éléphant des Indes qu’avec celui d’Afrique.