Le morse ( trichecus rosmarus) a, il est vrai, des défenses dirigées
vers le bas'; mais c’est un animal à membres raccourcis, destiné
principalement à nager dans l’eau: et, dans cet élément, des défenses
semblables peuvent servir ; mais le mastodonte, dont les membres
sont si élevés, vivôit à terre sans aucun doute.
Il a très-bien pu user le devant ou la convexité de ses defenses
en lesfrottant contre des arbres, contre des rochers ou de toute autre
manière.
Enfin le babiroussa, dont les défenses se dressent verticalement
vers le haut, et recourbent leur pointe spiralement en arrière et en
dessous, a bien moins encore l’air de pouvoir s?en servir que le
mastodonte n’a dû faire des siennes; cependant il s’en sert, et les
use précisément par leur côté convexe, comme le mastodonte.
Ainsi, jusqu’à ce que l’on ait trouvé un crâne de mastodonte avec
ses défenses encore implantées, rien n’autorise , selon nous, à les
placer autrement que dans les éléphans,
5«. S i le mastodonte avoit une trompe,
Le mastodonte avoit donc une tête volumineuse ; les dents mâ-
chelikes épaisses et compactes en augmentoient le poids ; des défenses
longues et pesantes l’augmentoient aussi," et portoient en
outre le centre de gravité encore plus loin du point d’appui :. =ce
sont les causes qui ont exigé que le cou de l’éléphant fût court ;
celui du mastodonte devoit donc l’être aussi: comme ses jambes
sont très-élevées, ainsi que nous l’ allons voir, il n’auroit pu atteindre
à-terre avec sa bouche, s’il n’avoit pas eu une trompe; ses défenses
l’en auroient d’ailleurs empêché, quand même les autres circonstances
ne l’auroient pas fait. S’il eût vécu dans leau , comme les
phoques, les morses et les cétacés, ces raisons n’auroient pas été
démonstratives ; mais il n’y vivoit pas, car ses pieds ne sont pas
faits pour nager. Ils sont beaucoup trop longs et les doigts en sont
trop peu développés.
Il est donc indubitable que le mastodonte avoit une trompe, et
qu’il ressembloit aux éléphans en ce. point comme en tant d autres.
6°. L es os du tronc.
Il n’est guères possible aujourd’hui de vérifier par le fait la con-
closion du raisonnement précédent, puisque les parties molles ont
dû disparoitre dans presque tous les cas ; mais on peut constatei
du moins la partie des prémisses qui concerne le cou.
Les vertèbres en sont effectivement minces, et forment un cou
qui est bien loin de permettre aux lèvres de descendre jusqu’au
niveau des pieds de devant.
On en peut juger par notre fig. du squelette, pl. Y . La première
vertèbre, que je n’ai connue que par une des figures de M. M i-
cha élis, m’a paru ressembler beaucoup à celle de 1 éléphant.
M. P cale dit que les apophyses épineuses des trois dernières vertèbres
du cou sont moins longues que dans 1 éléphant,
La seconde, la troisième et la quatrième dorsales ont de très-
longues apophyses. Elles décroissent ensuite rapidement jusqu a la
douzième, après laquelle elles deviennent très-courtes (1). U éléphant
les a p l u s umfornies ; ce qui suppose plus de force dans ses
muscles de l’épine et dans son ligament cervical.
Il y a sept vertèbres cervicales, dix-neuf dorsales et trois lombaires.
L ’éléphant a une vertèbre dorsale et une paire de côtes de
plus; mais peut-être celles du fnastodonte s etoient—ejles perdues. .
Les côtes sont autrement faites que dans Xéléphant : minces près
du cartilage, épaisses et fortes vers le dos. Cette différence est surtout
très-remarquable dans la première. Les six premières panes sont
très-fortes en comparaison des autres, qui deviennent aussi fort
courtes à proportion ; ce qui, joint a la dépréssion dti bassjn, indique
que le ventre étoit moins volumineux que dans 1 éléphant (2). 1
(1) Hist, disq. , p. 54-
(a) Ib id ., p. 56. . ,
T. I . . 3l