les éléphans qu’i l avoit d ’A friq u e ne lu i seroient d’aucune u tilité ,
parce qu’ils étoient en moindre nombre, et p lus p etits E N l e u r
q u a l i t é A.’A f r i c a i n s (oïa ù.£vm), et que les p etits redoutent les
grands, il les plaça à Varrière-garde Çtéjvcnv oetritra asztrctv7aç).
L ’inscription à’A d u lis , rapportée par Cosmos, nous apprend
que les rois d’Egypte tiroient les éléphans qu’ils dressoient pour la
guerre, de l’Ethiopie et du pays des Troglodites, c’est-à-dire, des
contrées situées vers la mer des Indes (i). Ptolom ée I I I , Evergète,
auteur de cette inscription, semble déjà s’y glorifier de ce qu’avec
ces éléphans, il s’étoit rendu maître des éléphans des Indes que pos-
sédoit apparemment le roi de Syrie A n tiochus'T heus, contre qui l’on
sait qu’il fit une guerre heureuse. Le même Gosmas dit que les
Ethiopiens ne savoient pas dresser ces éléphans (2).
Ainsi, bien que dans toutes ces occasions, les armées qui ne possé-
doient que des éléphans d’Afrique aient été victorieuses, la supériorité
des éléphans des Indes en taille et en courage, n’ en étoit pas
moins une chose communément admise chez les anciens. Diodore (3) ,
P lin e (4) , Philostra te (5) et So lin (6) en parlent d’une manière
générale; mais aucun de ces auteurs, non plus que les historiens d’où
ils ont probablement tiré leurs propositions, ne font connoître des
caractères sensibles d’où l’on auroit pu conclure que cette supériorité
tenoit à une différence d’espèce. Diodore même l’attribue expressément
à ce que l’Inde leur fournissoit de meilleurs pâturages (7);
Quant à la distinction établie par Philostrate (8) entre les éléphans de
montagnes, de plaines et de marais, et aux différences de leur na- 1
(1) Cosmos, Indico-pleustes ap. Thevenot, divers voyages, t. î , p. 8 , de Cosmos et ap.
Montfaucon, Coll, nov.patr., I I ,
(2) Ibid;, 33q.
(3) Diod. S ic ., lib. II , p. 121 de l’édition de TVechel, 85 de celle à’Henri Etienne.
(4) P l in ., lib. V in , cap. 1 1 , in fin.
(5) Philostr., Vit. Apollon. , lib. I I , c. 6.
{6) Solifi. , c. 25.
| || Diod. / loc. cit.
18) V ü a Apoll., lib. I I , cap. i 3.
naturel et de leur ivoire, on devoit croire que si elles sont réelles,
elles ne constituent que de simples variétés.
Amintianus dans son traité des éléphans, selon un scholiaste de
Pindare, cité par Gesner, pag. 378, avoit cependant indiqué un caractère
positif, et vrai; c’ est qu’i l n ’y a de défenses qu aux mâles
dans l ’espèce des Indes, e i que les deux sexes en portent dans
celle de L u b i e et d’É t h i o p i e .
Cosmos avoit aussi annoncé quelque chose de semblable.
L es éléphans des In d es, dit-il, n’ont p o in t de longues défenses,
et quand ils en auroient les Indiens les leur couperoient de
peu r que le poids de ces armes ne les gênât dans les combats.
M ais l ’Ethiopie a beaucoup d’éléphans pourvus de longues
défenses, et l ’on en exporte de là sur des vaisseaux, aux Ind es,
en Perse, dans le pays des Homérites et dans tout l ’empire romain
(1).
, Mais toutes ces indications étoient trop vagues pour des-naturalistes,
et n’excitèrent nullement l’attention des modernes.
Ainsi la première distinction vraiment spécifique des éléphans,
celle qui est fondée sur la structure intime de leurs dentsmolaires, est
entièrement due à P . Camper. Quoiqu’il n’en ait rien écrit, les
planches où il les avoit représentées, et les témoignages de son fils
et de M. Fau ja s la lui assurent (2).
M. Blumenbach en avoit aussi fait de son côté l’observation ; il avoit
caractérisé les deux espèces d’après cette seule différence, dans son
M anuel, sixième édition, p.' 121, et avoit fait représenter les deux
sortes de dents dans ses abbildungen, pi. 19.
Cette différence consiste dans la forme des plaques et dans leur
nombre; on l’observe dès le germe.
Les germes de Xéléphant des Indes sont des lames dont chacune
est formée de deux surfaces à peu près parallèles, et simplement
.(1) Cosmos, Indico-pleustes ap. M ontfaucon Coll, nov.patr., II, 3 3 g .
(2) Description anatomique d’un éléphant, p. 16; et Faujas (Essais de Géologie,
1,246).