cabinet, ni M. Journu-Aubert lui-même qui se trouva alors dans
cette ville pour présider le corps électoral, ne purent me donner
aucun renseignement là-dessus. Depuis lors M. Journu-Aubert a
généreusement Fait présent à notre Muséum de ce morceau précieux,
et m a mis par là en état de perfectionner la connoissance de
cette espèce remarquable, en ajoutant d’autres os à ceux que m’a-
voit fournis le premier bloc.
J ai retiré de ces blocs des dents mâchelières de plusieurs sortes,
des canines et des incisives ; la fig. 7 , pl. I , représente une des plus
grandes de ces mâchelières ; sa couronne est allongée et présente
d abord une petite partie transverse a ; ensuite une paire de collines,
l , c , separee par un profond vallon , d’une autre paire, d , e , qui
1 est, par un second vallon, d’une colline simple, f La détrition n’a
use ces collines qu’à leur face antérieure et très-obliquement ; ce
qui montre que celles de la dent opposée pénétroient, lors de la
mastication, dans lés intervalles de celles-ci.
C’est déjà une petite différence de l’hippopotame ordinaire; mais
au reste tous lac antres caractères essentiels se retrouvent ici, comme
dans la pénultième dent d’en bas de ce grand animal ; mêmes quatre
collines en deux paires, même colline isolée en arrière, même petite
saillie transverse en avant : si on ne voit pas bien les trèfles, cela
tient à la manière oblique dont se fait la détrition ; elle efface les
sillons longitudinaux des collines, et n’ en laisse que quelques traces :
encore voit-on un peu de cette figure de trèfle en b et en c.
Celte dent a o,o33 de longueur et 0,016 de largeur.
J’ai trouvé dans le bloc de M. Journu-Aubert le germe de cette
même dent postérieure. Il est représenté, pl. III, fig. 7.
Une seconde de ces dents, pl. I , fig. 6 , est à peu près carrée à
sa base, qui est toute entourée d’un collet saillant, et sur laquelle
s’élèvent deux paires de collines, ou plutôt deux collines transverses,
fourchues à leur sommet, et marquées sur leurs faces de sillons,
tels que, si la détrition se faisoit horizontalement, elle produiroit
certainement aussi des figures de trèfle ; mais quoiqu’elle ne soit que
commencée sur cette dent-ci, on s’aperçoit déjà qu’elle se fait obli-
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quement. Les pointes des deux collines de devant, a , b , ne sont
qu’un peu usées en triangle, et cependant la partie voisine du collet,
c , est aussi un peu entamée; preuve que les parties saillantes de la
dent opposée pénétroient dans les creux de celle-ci.
Cette dent a 0,027, tant en longueur qu’en largeur, au pourtour
de sa base.
Une troisième dent, semblable à la précédente, mais plus petite
et plus profondément usée (deux preuves qu’elle étoit placée plus
en avant), est représentée, pl. I , fig. 8; elle n’a que 0,02 en carré :
ses deux premières collines, a , b , ont déjà confondu leurs disques
osseux par l’effet de la détrition; les deux autres, c , d , ne montrent
encore que deux triangles séparés.
Fig- 3 , pl. I I, est le germe d’une dent qui seroit devenue, avec le
temps, semblable aux deux précédentes. Il n’étoit point sorti de la
gencive , n’a encore aucune racine, et son sommet est parfaitement
intact ; on y voit bien comment les deux collines transversales sont
chacune rendues fourchues à leur sommet par deux plans qui font
ensemble un angle d ’e n v i ru i> -6 o c L -_
La ressemblance de ce germe -avec le pareil d’un hippopotame
ordinaire frapperoit le moins attentif: elle est plus grande que celle
des dents usées, parce que c’est le mode de détrition qui établit la
plus grande différence de forme entre les deux espèces.
La base de ce germe a 0,023 en carré ; celle du germe d’hippopotame
ordinaire, que je lui compare, a o,o5 , c’est-à-dire plus du
double : elle n’est pas non plus si carrée, et les collines postérieures
y sont un peu plus courtes que les autres.
Voilà bien la dernière molaire dü grand hippopotame , et les deux
qui la précèdent parfaitement représentées dans le petit ; aucun autre
animal ne peut s’offrir à la comparaison, si ce n’est le cochon : ses
trois dernières molaires sont à peu près de la même grandeur que
.celles-ci, et ont aussi quatre collines dans les deux premières, et
cinq dans la dernière ; mais ces collines sont sillonnées tout autour ,
et accompagnées de collines plus petites ou de tubercules accessoires,
de manière que la couronne de la dent paroît toute mamme