se trouvoit en quelque sorte soumis à des lois nouvelles, à l’occasion
de cet essai sur une petite partie de la théorie de la terre (i).
L ’importance de ces vérités qui se développoient à mesure que
j’avançois dans mon. travail, n’a pas moins contribué à soutenir mes
efforts que là nouveauté de mes résultats principaux : puisse-t-elle
avoir un effet semblable sur la constance du lecteur, et l’engager à
me suivre, sans trop d’ennui, dans les sentiers pénibles où je suis
contraint de l’engager!
Je l’espère d’autant plus, que l’histoire ancienne du globe, terme
définitif vers lequel tendent toutes .ces recherches, est par elle-même
l’un des objets les plus curieux qui puissent fixer l’attention des
hommes éclairés. S’ils mettent de l’intérêt à suivre dans l’enfance
de notre espèce les traces presque effacées de tant de nations éteintes,
ils en trouveront sans doute aussi à recueillir dans les ténèbres de
l’enfance de la terre les traces de révolutions antérieures à l’existence
de toutes les nations. Nous admirons la force par laquelle l’esprit
humain a mesuré les mouvemens de globes que la nature sembloit
avoir soustraits pour jamais à notre vue ; le génie et la science ont
franchi les limites de l’espace ; quelques observations développées
par le raisonnement ont dévoilé le mécanisme du monde ; n’y
aurait-il pas aussi quelque gloire pour l’homme à savoir franchir les
Imites du temps, et a retrouver au moyen de quelques observations
l’histoire de ce monde , et une succession d’événemens qui ont
précédélanaissanee du genre.humain?Sans doute les astronomes ont
marché plus vite que les naturalistes, et l’époque où se trouve
aujourd’hui là théorie de la terre, ressemble un peu à celle où
quelques philosophes eroyoient le ciel de pierres de taille, et la
lune-grande comme le Péloponèse ; mais, après les Anaxagoras, il
(jii) G’est ce qiue- l’on verra: dans-ma grande Anatomie comparée, à laquelle je travaille
depuis plus de vingt-cinq ans , et dont.je me propose de; commencer incessamment la publi-
cation.
P R É L IM IN A IR E . m
est venu des Copernic et des Kepler, qui ont frayé la route à
Newton ; et pourquoi l’histoire naturelle n auroit - elle pas aussi un
jour son Newton?
Les faits que je fais connoître aujourd'hui ne forment qu’une bien
petite partie de ceux dont cette antique histoire devra se composer;
mais ces faits sont importans : plusieurs d’entre eux sont décisifs, et
j’espère que la manière rigoureuse dont j’ai procède à leur détermination
permettra de les regarder comme des points définitivement
fixés, dont il ne sera plus permis de s’écarter. Quand cet espoir ne se
justifieroit que par rapport à quelques uns, jemecroirois assez récompensé
de mes peines.
Je présenterai dans ce Discours préliminaire l’ensemble des résultats
auxquels ilme paroît quela théorie de Iaterre est arrivée jusqu’à
présent. Je montrerai quels rapports lient à ces résultats l’histoire des
os fossiles d’auimaux terrestres, et quels motifs donnent à cette
histoire une importance particulière. Je développerai les principes
sur lesquels repose l’art de déterminer ces os, ou, en d’autres
termes, de reconnoître un genre, et de distinguer une espèce par
un seul fragment d’os, art de la certitude duquel dépend celle de
tout l’ouvrage. J ’exposerai d’une manière rapide le produit des
recherches qui composent l’ouvrage, les espèces nouvelles, les genres
auparavant inconnus que ces recherches m’ont fait découvrir , les
diverses sortes de terrains qui les recèlent ; e t, comme la différence
entre ces espèces et celles d’aujourd’hui ne va pas au-delà de certaines
limites, je montrerai que ces limites dépassent de beaucoup celles
qui distinguent aujourd’hui les variétés d’une même espèce : je ferai
donc connoître jusqu’où ces variétés peuvent aller, soit par l’influence
du temps, soit par celle du climat, soit enfiu par celle de la domesticité.
Je me mettrai par là en état de conclure et d’engager mes lecteurs
à conclure avec moi qu’il a fallu de grands événemens pour amener
ces différences majeures que j’ai reconnues ; je développerai donc
a *
Exposition.