mais par des mollusques et d’autres animaux semblables à ceux de
nos mers ;' les rapports de ces êtres variés avec les plantes dont les
débris accompagnent les leurs, les relations de ces deux règnes avec
les couches minérales qui les recèlent ; lè peu d’uniformité des uns
et des autres dans les différens bassins : voilà un ordre de phénomènes
qui me paroît appeler maintenant impérieusement l’attention
des philosophes.
Intéressante par la variété des produits des révolutions partielles
ou générales de cette époque, et par l’abondance des espèces diverses
qui figurent alternativement sur la scène, cette étude n’a
point l’aridité de celle des terrains primordiaux, et ne jette point,
comme elle, presque nécessairement dans les hypothèses. Les faits
sont si pressés, si curieux, si évidens, qu’ils suffisent, pour ainsi dire,
à l’imagination la plus ardente ; et les conclusions qu’ils amènent
de temps en temps, quelque réserve qu’y mette l’observateur,
n’ayant rien de vague, n’ont aussi rien d’arbitraire; enfin, c’est dans
ces événemens plus rapprochés de nous que nous pouvons espérer
de trouver quelques traces des événemens plus anciens et de leurs
causes, si toutefois il est encore permis, après de si nombreuses tentatives,
de se flatter d’un tel espoir.
Ces idées m’ont poursuivi, je dirois presque tourmenté, pendant
que j’ai fait les recherches sur les os fossiles, dont je présente maintenant
au public la collection, recherches qui n’embrassent qu’une
si petite partie de ces phénomènes de l’avant-dernier âge de la terre
et qui cependant se lient à tous les autres d’une manière intime. Il
étoit presque impossible qu’il n’en naquît pas le désir d’étudier la
généralité de ces phénomènes, au moins dans un espace limité autour
de nous. Mon excellent ami,M. Brongniart, à qui d’autres études
donnoient le même désir, a bien voulu m’associer à lui, et c’est
ainsi que nous avons jeté les premières bases de notre -travail sur
les environs de Paris ; mais cet ouvrage, bien qu’il porte encore
mon nom , est devenu presque en entier celui de mon ami, par les
soins infinis qu’il a donnés, depuis la conception de notre premier
plan et depuis nos voyages, à l’examen approfondi des objets et à
la rédaction du tout. Je l’ai placé, avec le consentement de
M. Brongniart, dans la deuxième partie de cet ouvrage, dans
celle où je traite des ossemens de nos environs. Quoique relatif
en apparence à un pays assez borné, il donne de nombreux résultat};
applicables à toute la géologie, et sous ce rapport il peut
être considéré comme une partie intégrante du présent discours
en même temps qu’il est à coup sûr l’un des plus beaux ornemens
de mon livre.
On y voit l’histoire des changemens les plus récens arrivés dans
un bassin particulier , et il nous conduit jusqu’à Ja craie, dont
l’étendue sur le globe est infiniment plus considérable que celle
des matériaux du bassin de Paris. La craie, que l’on croyoit si moderne,
se trouve ainsi bien reculée dans les siècles de l'avant-dernier
âge. Il seroit important maintenant d’examiner les autres bassins
que peut enfermer la craie, et en général toutes les couches qu’elle
supporte, afin de les comparer à celles des environs de Paris. La
craie ellè-même offre peut-être quelques successions d’êtres organisés.
Elle est embrassée et supportée par le calcaire compacte
qui occupe la plus grande partie de la France et de l’Allemagne,
et dont les fossiles diffèrent infiniment de tous ceux de notre bassin;
mais en le suivant depuis la craie jusqu’au calcaire presque sans coquilles
des crêtes centrales du Jura, ou jusque sur les aggrégats des
pentes du Hartz, des Vosges et de la Forêt-Noire, n’y trouveroit-on
pas encore bien des variations? Les gryphitès, les cornes d’Ammon,
les entroques dont il fourmille, ne sont-ils point repartis par genres,
ou au moins par espèces?
Ce calcaire compacte n’est point partout recouvert de craie ; sans
cet intermédiaire il enveloppe en plusieurs lieux des bassins, ou sup-
T. I. s