après la naissance de la vie qu’il s’y est exercé des changemens de
nature et des révolutions nombreuses: les masses formées auparavant
ont varié, aussi bien que celles qui se sont formées depuis ; elles ont
éprouvé de même des changemens violens dans leur position, et
une partie de ces changemens avoit eu lieu dès le temps où ces masses
existoient seules, et n’étoient point recouvertes par les masses coquil-
lières : on en a la preuve dans les renversemens, dans les déchire-
mens, dans les fissures qui s’observent dans leurs couches, aussibien
que dans celles des terrains postérieurs , qui même y sont en plus
grand nombre, et plus marqués.
Mais ces mêmes masses primitives ont encore éprouvé d’autres
révolutions depuis la formation des terrains secondaires, et ont peut-
être occasioné ou du moins partagé quelques unes de celles que ces
terrains eux-mêmes ont éprouvées. Il y a en effet des portions considérables
de terrains primitifs à nu, quoique dans une situation plus
basse que beaucoup de terrains secondaires; comment ceux-ci ne
les auroient-ils pas recouvertes, si elles ne se fussent montrées
depuis qu’ils se sont formés? On trouve des blocs nombreux et
volumineux de substances primitives, répandus en certains pays à la
surface de terrains secondaires séparés par des vallées profondes,
des pics ou des crêtes, d’où ces blocs peuvent être venus : il faut
ou que des éruptions les y aient lancés, ou quq les vallées qui
eussent arrêté leur cours n’existassent pas à l’époque de leur transport
(i).
Voilà un ensemble de faits, une suite d’époques antérieures au
temps présent, dont la succession peut se vérifier sans incertitude,
quoique la durée de leurs intervalles ne puisse se définir avec précision;
ce sont autant de points qui serviront de règle et de direction
à cette antique chronologie.
•(-i) Les Voyages de Saussure et de Deluc présentent une foule de ces sortes de faits.
Examinons maintenant ce qui se passe aujourd’hui sur le globe ; Examen des
, j r , causes qui agisanalysons
les causes.qui agissent encore à sa surface, et déterminons sent eilC0re au_
l ’étendue possible de leurs effets. C’est une partie de l’histoire de la jourd’hui à la
t, - , . . !» . T . , - surface du globe. terre d autant plus importante, que 1 on a cru long-temps pouvoir
expliquer, par ces causes actuelles, les révolutions antérieures, comme
on explique aisément dans l’histoire politique les événemens passés,
quand on commît bien les passions et les intrigues de nos jours. Mais
nous allons voir que malheureusement il n’en est pas ainsi dans l’histoire
physique : le fil des opérations est rompu; la marche de la
nature est changée; et aucun desagens qu’elle emploie aujourdhui
ne lui auroit suffi pour produire ses anciens ouvrages.
Il existe maintenant quatre causes actives qui contribuent à altérer
la surface de nos continens : les pluies et les dégels qui dégradent les
montagnes escarpées, et en jettent les débris à leurs pieds ; les eaux
courantes qui entraînent ces débris, et vont les déposer dans les
lieux où leur cours se ralentit ; la mer qui sappe le pied des côtes
élevées, pour y former des falaises, et qui rejette sur les côtes basses
des monticules de sables ; enfin les volcans qui percent les couches
solides, et y élèvent ou y répandent les amas de leurs déjections.
Partout où les couches brisées offrent leurs tranchans sur des faces Eboulemens.
abruptes, il tombe à leur pied, à chaque printemps, et même à
chaque orage, des fragmens de leurs matériaux, qui s’arrondissent
en roulant les uns sur les autres, et dont l’amas prend une inclinaison
déterminée par les lois de la cohésion, pour former ainsi au pied de
l’escarpement une croupe plus ou moins élevée, selon que les chutes
de débris sont plus ou moins abondantes; ces croupes forment les
flancs des vallées dans toutes les hautes montagnes, et se couvrent
d’une riche végétation quand les éboulemens supérieurs commencent
à devenir moins fréquens ; mais leur défaut de solidité les rend
sujettes à s’ébouler elles-mêmes quand elles sont minées par les ruisseaux
; et c’ est alors que des villes, que des cantons riches et peùplés