espèce inconnue ; à son ordre, quand il étoit d’un genre nouveau;
à sa classe enfin, quand il appartenoit à un ordre non encore établi,
et pour lui assigner, dans ces trois derniers cas, les caractères propres
à le distinguer des ordres, des genres, ou des espèces les plus semblables.
Les naturalistes n’en faisoient pas davantage, avant nous,
pour des animaux entiers. C’est ainsi que nous avons déterminé et
classé les restes de près de cent mammifères ou quadrupèdes ovipares.
Tableaux des Considérés par rapport aux espèces, plus de soixante et dix de
résultats du p r é - ces animaux sont bien certainement inconnus jusqu’à ce jour des
° naturalistes ; onze ou douze ont une ressemblance si absolue avec
des espèces connues, que l’on ne peut guère conserver de doute sur
leur identité ; les autres présentent, avec des espèces connues,
beaucoup de traits de ressemblance, mais la comparaison n’a pu
encore en être faite d’une manière assez scrupuleuse pour lever tous
les doutes. Considérés par rapport aux genres, sur les soixante et
dix espèces inconnues, il y en a près de quarante qui appartiennent
à des genres nouveaux. Les autres espèces se rapportent à des genres
ou sous-genres connus.
11 n’est pas inutile de considérer aussi ces animaux par rapport
aux classes et aux ordres auxquels ils appartiennent.
Sur les cent espèces, un quart environ sont des quadrupèdes
ovipares, et toutes les autres- des mammifères. Parmi celles-ci,
plus de la moitié appartiennent aux animaux à sabot non ruminans.
Toutefois il seroit encore prématuré d’établir sur ces nombres
aucune conclusion relative à la théorie de la terre, parce qu’ils ne
sont point en rapport nécessaire avec les nombres des genres ou des
espèces qui peuvent être enfouis dans nos couches. Ainsi l’on a beaucoup
plus recueilli d’os de grandes espèces, qui frappent davantage
les ouvriers, tandis que ceux des petites sont ordinairement négligés,
à moins que le hasard ne les fasse tomber dans les mains d’un
naturaliste, ou que quelque circonstance particulière, comme
PRELIMINAIRE. l u i
leur abondance extrême en certains lieux, n’attire l’attention du
vulgaire.
Ce qui estplus important, ce qui fait même l’obj et le plus essentiel de Rapports des
tout mon travail, et établit sa véritable relation avec la théorie de la esPMes aïec Ies
couches.
terre, c’est de savoir dans quelles couchés on trouve chaque espèce,
et s^il y a quelques lois générales relatives, soit aux subdivisions
zoologiques, soit au plus ou moins de ressemblance des espèces avec
celles d’aujourd’hui.
I Les lois reconnues à cet égard sont très-belles et très-claires.
Premièrement, il est certain que les quadrupèdes ovipares paroiSsent
beaucoup plus tôt que les vivipares.
Les crocodiles de Honfleur et d’Angleterre sont au-dessous de la
craie. Les monitors de Thuringe seroient plus anciens encore, s i,
comme le pense l’Ecole de Werner, les schistes cuivreux qui les
recèlent au milieu de tant de sortes de poissons que l’on croit d’eau
douce, sont au nombre des plus anciens lits du terrain secondaire.
Les grands sauriens et les tortues de Maéstricht sont dans la formation
crayeuse même, mais ce sont des animaux marins.
Cette première apparition d’ossemens fossiles semble donc déjà
annoncer qu’il èxistoit des terres sèches et des eaux douces avant
la formation de la craie ; mais, ni à cette époque, ni pendant que ht
craie s’est formée, ni même long-temps depuis, il ne s’est point incrusté
d’ossemens de mammifères terrestres.
Nous commençons à trouver des os de mammifères marins, c’est-
à-dire, de lamantins et de phoques, dans le calcaire coquillier grossier
qui recouvre la craie dans nos environs, mais il n’y a encore aucun
os de mammifère terrestre.
Malgré les recherches les plus suivies, il m’a été impossible de
découvrir aucune trace distincte de cette classe, avant lès terrains
déposés sur le calcaire grossier ; mais aussitôt qu’on est arrivé à ces
terrains, les os d’animaux terrestres se montrent en grand nombre.