cabinet du roi possède une mâchelière et un fragment de défenses
trouvés dans les atterrissemens de la Seine près d’Argenteuil.
M. le marquis de Cubières, membre de l’Académie des Sciences,
conserve une màchehere prise près de Ddeiidon, à une assez grande
profondeur dans le sable.
Dans l’enceinte même de Paris , près la Salpétrière , on en a
trouvé une en i8i i , à dix pieds de profondeur, aussi dans le sable.
En creusant le canal qui doit amener les eaux de X’Ourcq dans
cette capitale, on a déterre deux defenses et deux machelieres des
plus grandes que j’aie encore vues, eu trois endroits dilférens de la
forêt de Bondi. M. Girard, célèbre ingénieur et directeur en chef
de ce canal, a bien voulu me les remettre pour les déposer.en.ce
Muséum. On y a trouvé, depuis, une tète d’humérus qui indique un
éléphant de quinze à seize pieds, une défense longue de plus de
quatre pieds, et plusieurs autres morceaux.
Comme j’ai examiné soigneusement le local avec M. Girard et le
savant minéralogiste M. A lexan dre Brongniard, je ne crois pas hors
de propos d’en donner ici une courte description.
Le canal est creusé dans la plaine de Pantin et de Bondi, dont le
sol s’élève de soixante-dix à quatre-vingts pieds au-dessus du niveau
de la Seine, et qui embrasse le pied des collines gypseuses de Montmartre
et de Belleville. Cette plaine est formée jusqu’à quarante pieds
de profondeur, où elle a été sondee, de diverses couches de sable,
de marne et d’argile ; on n’y a rencontré nulle part de pierre calcaire,
quoiqu’il y en ait au niveau de la rivière à Sâint-Ouen. Le canal
traverse en quelques endroits des couches de gypse qui se continuent
avec la base de la colline de Belleville. Nous verrons ailleurs
qu’il paroît que l’argile et le sable ont rempli après coup
l’intervalle des collines gypseuses. La partie la plus élevée de la
plaine, celle qui partage les eaux qui tombent dans la Seine et celles
qui tombent dans la Marne, est près de Sévrans, dans les bois dits
de Saint-Denis. Il n’a pas fallu néanmoins y creuser à plus de trente
à quarante pieds; ce qui prouve-combien cette crête est peu considérable
par rapport au reste de la plaine. Le sol y est en grande
partie d’une marne jaunâtre, alternant avec des lits d’argile verte, et
contenant par-ci par-là des rognons de marne durcie, et dans d’autres
endroits des ménilites en partie remplies de coquilles fluviatiles.
En certaines places, les couches de marne et d’argile s’enfoncent
comme si elles eussent formé des bassins ou des espèces d’étangs,
que des matières étrangères seroient venues remplir. Il y a en effet
à ces places-là des amas de terre noirâtre qui suivent la courbure
des enfoncemens de l’argile, et qui sont surmontés à leur tour par du
sable jaunâtre.
C’est dans la terre noire, à dix-huit pieds de profondeur, qu’on a
trouvé les dents et les défenses d’éléphans. Il y avoit aussi un crâne
plus ou moins complet, qui a été brisé par les ouvriers, et dont j’ai
les fragmens, ainsi que beaucoup d’os du genre du boeuf, d’autres
ruminans moins grands, et surtout un crâne très-reconnoissable de
cette grande espèce de cerf si célèbre parmi les géologistes, sous le
nom impropre d’élan fossile d’Irlande.
Le sable jaune supérieur contient beaucoup de coquilles communes
d’eau douce, soit limnées, soitplanorbes; mais la terre noire
n’en a point, non plus que l’argile verte et la marne jaunâtre dans
lesquelles elle est enchâssée. L ’ivoire est fort décomposé; les mâ-
chelières le sont moins, et les autres os presque pas. La plupart ne
paraissent pas même avoir été roulés.
Deux portions de mâchelières de Gierard en B r ie , à une lieue de
C récy, sont mentionnées par Daubenton,• elles étoient à dix pieds
de profondeur dans une sablonnière (1).
M. de V ü la rcé, membre de la Société d’Agriculture de Provins,
en a envoyé deux de Champagne au cabinet du roi.
Feu M. P e tit B adel, professeur à la Faculté de Médecine de Paris,
avoit dans son cabinet une grande mâchelière, déterrée à J^illebertin
près de T royes, dans un banc de gravier.
La Lorraine n’en manque pa? non plus.
Le baron de Servière représente une mâchelière supérieure bien
(1) B û t . liai., X I , a0. M X X Y 11I ; et J e .d e s S c ., 1762.