C’ est en général du M ontferrat que viennent les os d’éléphans
des cabinets de Turin, c’est-à-dire, d’une province presque toute
formée de ces montagnes sableuses qui bordent l’Apennin, et qui
sont à peu près de même nature que celles qui le bordent du côté de
la Toscane. 4 )
La plaine de Lombardie et les bords mêmes du Po n en sont pas
dépourvus. Nous avons au cabinet du roi une vertèbre lombaire
, un cubitus et un ischion qui en ont été rapportés par feu
M. Faujas.
Les cabinets d’histoire naturelle de Pavie et de Milan en contiennent,
à ma connoissance, plusieurs autres morceaux.
M. B rocchi en cite d'auprès de P a v ie, d’auprès de Sancolom-
hano, et de la rivière même du P ô (i). ,
On en auroit trouvé jusque dans les hautes vallees des Alpes, s il
est vrai, comme dit le marquis de Saint-Simon, dans son Histoire
de la guerre des A lp e s, en i 744 (2), que tous les ossemens d’un
éléphant aient été déterrés au pied du petit Saint-Bernard.
L ’extrémité opposée de l’Italie en a aussi.
F ortis parle d’ossemens déterrés près de M ontefusco , dans le
pays des anciens H irp ins, non loin de Bénévent (3).
• Il y a eu aussi de prétendus os de géans trouvés auprès de
P ouzzo les (4) et d’ A vellino , qui n’en est pas éloigné (5).
Jérôme Magius parle d’un cadavre de cinq coudées de long,
déterré près de Reggio en creusant une citerne (6).
Il semble que ce soit aussi auprès de Reggio que fut découvert
le cadavre, dont on apporta à Tibère une dent qui avoit plus d un
pied en dimension. Mais le passage de Phlegon , où ce fait est raconté,
est un peu équivoque en ce qui concerne le lieu (7). 1
(1) Conchil. subapenn., t , I , p. 181.
(2) P r é f ., p. 22; et ap. Deluc., Pass. d’Annib., p. 191.
(3) Fortis, Mém. surl’Hist. nat. de 1’I ta l., t. I I , p- 328.
(4) Scipion Mazella, Antichita diPozzuoli; ap. Fab. Column. , de Glossop. ,p . 04.
(5) Fab. Columna, De Glossopet., p. 34-
(6) Hier. Magius, De Gigantibus.
h ) Phlegon T ra il., de Mirab., cap. XTV.
Le père K irch er cite un tombeau de géant d’auprès de Cozence
en Calabre (1).
Le journal de l’abbé N a za ri parle d’un squelette que l’on jugea
être d’au moins dix-huit pieds de long (2), déterré en i 665 à Tiriolo
dans la haute Calabre. On dit, à la vérité, que ses os ressembloient
à ceux d’un homme; mais on sait aujourd’hui à quoi s’en tenir sur
ces sortes de comparaisons. Cependant la petitesse de ses dents , qui
ne pesoient que de trois quarts d’once à une once et un tiers, peut
faire douter qu’il fût d’éléphant,
Thomas Bartholin cite de véritable ivoire fossile de Calabre et
d’autre d’auprès de Palerme en S icile (3) , et des os d’éléphans
d’auprès de Messine (4).
Falloppe en annonce de la P ouille (5) , et Bonanni dit qu’une
inondation mit à découvert dans cette province , en 1698, une défense
longue de douze palmes (6).
M ich eli avoit rapporté de la P o u ille , des morceaux d’ivoire,
déterrés en 171.3, pr.ès de S a n -F ettu rin i (7).
On peut bien encore placer ici les deux prétendus géans dont
l’histoire est répétée dans toutes les Gigantologies, savoir : celui
qui fut découvert dans le quatorzième siècle à Trapani en S ic ile ,
dont a parlé Bocace, et que l’on ne manqua point de prendre pour
Polyphême (8), et celui des environs de Palerme au seizième
siècle, mentionné par Fasellus (9) ; mais la grandeur du premier
est prodigieusement exagérée, car on lui donne trois cents pieds ; et
K ircher qui a visité la caverne où l’on prétendoit l’avoir trouvé,
(1) Mund. subterr., lib. V III, sept. I I , cap. IV , p. 53,
(2) Collection académique, part. é t r ., t. IV , p. 178.
•" (3) De Unicornu, p. 369.
(4) De Peregr. Medic ., p. 38.
(5) De Met allie., cap. ultim.
(6) Mus. Kircher, p. 199.
(7) Targioni Tozze tti, Viagg. per la T o sc ., V I I I , 4 *3 .
(8) De Geneal. Deor., lib. IV , cap. LXVIII.
(9) Fasellus, Decad. I , lib. I , cap. I V ; et ap. Schott, Phys. c u r ., lib. Ï I I , cap. V I I I ,
p. 434 ; et ap. Brocchi, Conchil. Foss. subapenn., 1 , 186.
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