qu’on a publié avant et depuis lui, et il faut qu’il ait été aussi obscur
et embrouillé, qu’il étoit peu d’accord avec les autres, car il est
impossible aussi d’accorder entre eux les extraits qu’en ont donnés
Josephe, Ju les AJricain et Eusèbe. On ne s’accorde pas
même sur les sommes d’années de ses rois humains. Selon Jules
Africain, elles vont à 5i o i ; selon Eusèbe à 472^ ; selon le Syncelle
à 3555.
Une Chronique qualifiée & ancienne (i), et que les uns croyent
antérieure, les autres postérieure à Manéthon, donne encore d’autres
calculs; la durée totale de ses rois est de 36,525 ans, sur lesquels
le Soleil en a régné 3o,ooo, les autres dieux, 3,984, les demi-dieux
217 ; il ne reste pour les hommes que a33q ans. Aussi n’en compte-
t-on que 113 générations, au lieu des 34o d’Hérodote.
Un savant d’un autre ordre que Manéthon, l’astronome Eratos-
thènes, découvrit et publia , sous Ptolomée Eoergète , vers 240
ans avant J .-C ., une liste particulière de 38 rois de Thèbes, commençant
à Menés, et se continuant pendant 1024 ans; nous en
avons un extrait que le Syncelle a copié dans Apollodore (2).
Presque aucun des noms qui s’y trouvent ne correspond aux autres
listes.
Diodore alla en Egypte sous Ptolom ée A u lè te s, vers 60 ans
avant J. C ., par conséquent deux siècles après M anéthon, et quatre
après Hérodote.
Il recueillit aussi de la bouche des prêtres l’histoire du pays, et il
la recueillit de nouveau toute différente (3).
Ce n’est plus M enés qui a construit M emphis, mais Uchoréus.
Long-temps avant lui, Busiris IIe. avoit construit Thèbes."
(t) Sjrncell., p. 5i.
(2) Sj-ncell., p. g i et suiv.
(3) Diod. S ic ., lib. I , sect. II.
Le huitième aïeul à’ Uchoréus, Osymandyas, a été maître de la
Bactriane, et y a réprimé des révoltes. Long-temps après lui, S é-
soosis a fait des conquêtes encore plus éloignées ; il est allé jusqu’au-
delà du Gange, et est revenu par la S cythie et le Tanaïs. Malheureusement
ces noms de rois sont inconnus à tous les historiens pré-
cédéns, et aucun des peuples qu’ils avoient conquis n’en a consérvé
le moindre souvenir. Quant aux dieux et aux héros, selon Diodore
ils ont régné 18,000 ans , et les souverains humains i 5,ooo; quatre
cent soixante-dix rois avoient été égyptiens, quatre éthiopiens, sans
compter les Perses et les Macédoniens. Les contes dont le tout est
entremêlé ne le cèdent point d’ailleurs en puérilité à ceux d’Hérodote.
L ’an 18 de J. C ., Germanicus, neveu de T ib ère, attiré par le
désir de cônnoître les antiquités de cette terre célèbre, se rendit en
Egypte, au risque de déplaire à un prince aussi soupçonneux que
son oncle; il remonta le Nil jusqu’à Thèbes. Ce ne fut plus Sésostris
ni Osymandyas dont les prêtres lui parlèrent comme d’un conquérant
, mais Rharnsès. A la tête de 700,000 hommes , il avoit
envahi la Libye, l’Ethiopie, la Médie, la Perse, la Bactriane, la
Scythie, l’Asie mineure et la Syrie (1).
Enfin, dans le fameux article de Pline sur les obélisques (2),
on trouve encore des noms de rois que l’on ne voit point ailleurs,
Mesphres, S oth ies, M nevis, Zmarreus, E raphius, M estirès ; un
(‘i) T a r it., Anna l., lib. I I , cap. L X .
N. B. D’après l’interprétation qu’Ammien nous a conservée, lib. X V I I , cap. IV , des
hiéroglyphes de l’obélisque de Thèbes, qui est aujourd’hui à Rome sur la place de St.-Jean
de Latran , il paroît qu’un Rhamestes y étoit qualifié, à la manière orientale, de seigneur
de la terre habitable, et que l’histoire faite à Germanicus n’étoit qu’un commentaire de
cette inscription. Il est probable que les conquêtes de Sésostris n’ont pas eu de fondement
plus solide.
(2) Pline, lib. X X X V I , cap. VIH, IX , X , XI.