En effet, les figures de ces zodiaques sont-elles les constellations,
les vrais groupes d’étoiles qui portent aujourd’hui les mêmes noms,
ou simplement ce que les astronomes appellent des signes, c’est-à-
dire, des divisions du zodiaque, partant de l’un des colures, quelque
place que ce colure occupe?
Le point où l’on a partagé ces zodiaques en deux bandes est-il nécessairement
celui d’un solstice?
La division du côté de l’entrée est-elle nécessairement celle du
solstice d’été?
En général, cette division indique-t-elle un phénomène dépendant
de la précession des équinoxes?
Ne se rapporterait-elle pas à quelque époque dont la rotation
serait moindre ; par exemple ,. au moment de l’année tropique
où commençoit telle ou telle des années sacrées des
Egyptiens, lesquelles étant plus courtes que la véritable année
tropique de près de 6 heures, faisoient le tour du zodiaque en
15o8 ans ?
Enfin, quelque sens qu’on lui donne, a-t-on voulu marquer par
cette division le temps où le zodiaque a été sculpte, ou celui où le
temple a été construit? N’a-t-on pas eu l’idée de rappeler un état
antérieur du ciel, à quelque époque intéressante pour la religion,
soit qu’on l’ait observé, ou qu’on l’ait conclu par un calcul rétrograde?
D’après le seul énoncé de pareilles questions, on doit sentir tout
ce qu’elles ont de compliqué, et combien la solution quelconque
que l’on adopteroit serait sujette à controverse, et peu susceptible
de servir elle-même de preuve solide à la solution d’un autre problème
tel que l’antiquité de la nation égyptienne. Aussi peut-on dire
qu’il existe à ce sujet autant d’opinions que d’auteurs.
Le savantastronomeM.Burkard, d’après un premier aperçu, jugea
qu’à Dendéra le solstice est dans le lion; par conséquent de deux signes
PRÉLIMINAIRE,
moins reculé qu’aujourd’hui, et que le temple a au moins4ooo ans (i).
Il en donnoit en même temps 7000 à celui d’Esné, sans que l’on
sache trop comment il entendoit faire accorder ces nombres avec ce
que l’on commît de la précession des équinoxes.
Feu Lalande voyant que le cancer étôit répété sur les deux bandes
imagina que le solstice passoit au milieu de cette constellation; mais
comme c’étoit ce qui avoit lieu dans la sphère d’Eudoxe, il conclut
que quelque grec pouvoit avoir représenté cette sphère au plafond
d’un temple égyptien, sans savoir qu’il représentoit un état du ciel
qui depuis long-temps n’existoit plus (2). C’étoit comme on voit une
conséquence bien contraire à celle de M. Burkard.
Dupuis, le premier, crut nécessaire de chercher des preuves de cette
idée, en quelque sorte adoptée de confiance, qu’il s’agissoit du solstice
; il les vit pour le grand zodiaque de Dendéra, dans ce globe
au sommet de la pyramide et dans plusieurs emblèmes placés près
de différens signes, et qui tantôt, selon d’anciens auteurs, comme
Plutarque, Horus-Apollo ou Clément d’Alexandrie, tantôt selon
ses propres conjectures, dévoient représenter des phénomènes qui
auroient été réellement ceux des saisons affectées à chaque signe.
Du reste, il soutint que cet état du ciel donne la date du monument,
et que l’on avoit à Dendéra l’original et non pas une copie
de la sphère d’Eudoxe, ce qui le conduisit à 1468 ans avant J .-C .,
au règne de Sésostris.
Cependant ce nombre de 19 bateaux placés, sous chaque bande
lui donna l’idée que le solstice pourroit bien avoir été au j 9?. degré
du signe, ce qui ferait 288 ans de plus (3).
M. Hamilton (4) ayant remarqué qu’à Dendéra le scarabé , du 1
(1) Descr. des pyramides de Gizé , par M. Grobert, p. 117.
(2) Connaissance des temps pour l’an XI.Y.
(3) Observations sur le zodiaque de Dendéra , dans \&Revuephilosophique et littéraire, ari
1806 , 2°. trimestre , p. 257 etsuiv.
(4) Ægypiiaca , p. 212.