parées dans les arrières-mâchoires de l’éléphant, et qui les avoit
nommées avec beaucoup de justesse des rudimens de dents, ne
voulut point croire que ces lames vinssent h former par la suite
une dent qui remplaceroit celle derrière laquelle il les trouvoit. 11
fut donc réduit à leur chercher divers usages imaginaires.
On a disputé sur le nombre des dents des éléphans : la société
royale de Londres s’aperçut, en 1715, qu’il varie d’une à deux de
chaque côté, et que la place de la division varie aussi; c’est-à-dire
que la première dent est plus ou moins longue à proportion de la
seconde, suivant les individus (1).
Pallas a enseigné lepremier le mode de leur succession, qui explique
toutes ces irrégularités, en montrant qu’ils ont d’abord une seule dent
de chaque côté; qu’une seconde, en se développant,pousse la première,
de façon que pendant un certain tempsil y en a deux; ensuite la chute
de la première fait qu’il n’y en a de nouveau plus qu’une (2).
J’ai annoncé que cette succession, et par conséquent ce changement
alternatif de nombre se répétoit plus d’une fois, parce que
j’avois encore trouvé des germes séparés dans un éléphant qui avoit
déjà deux dents en place (3). Ce dernier point avoit au reste déjà
été constaté, mais pour la mâchoire supérieure seulement, par Dau-
benton (4); enfin ce grand naturaliste avoit aussi pressenti jusqu’à un
certain point la nécessité de cette succession d’arrière en avant, que
P a lla s a plus clairement développée.
M. Corse (5) nous a appris que cette succession se répète jusqu’à
huit fois dans l’éléphant des Indes; qu’il y a par conséquent trente-
deux dents qui occupent successivement les différentes parties de ses
mâchoires.
Les premières paroissent huit ou dix jours après la naissance, sont
bien formées à six semaines, et complètement sorties à trois mois. 1
(1) Trans.p h i l., tome X X IX , n°. 3 4g , p_. 370.
(2) Nov. Com. Petrop., X I I I , p. 4 7 5 '.
(3) Mém. de VInst., Sciences math., tome II.
(4) Hist. n at., tome X I , in~4 °.
(5) 'Trans, phil. pour 1799.
V IV A N S . 4 i
Les secondes sont bien sorties à deux ans. Les troisièmes paroissent
à cette époque, et font tomber les secondes à six ans; elles sont à
leur tour poussées en dehors par les quatrièmes a neuf ans. On ne
connoît pas si bien les époques suivantes.
Pour moi, dans les deux premiers éléphans que j’ai disséqués, et dans
cinqtêtessèches que j’ai examinées, j’ai constamment trouvé trois dents
à la fois, savoir: une petite molaire plus ou moins prête à tomber, une
grande en place et en pleine activité', et un germe plus ou moins grand,
plus ou moins consolidé, occupant tout le fond de 1 arrière-machoire;
mais dans mon dernier éléphant, quiétoitâgéd environ quarante ans,
il n’y avoit plus que deux dents, dont la seconde, qui commençoit a
peine à sortir de l’alvéole, remplissoit toute 1 arriere-machoire.
On juge aisément, à la profondeur de la detntion, si une dent
que l’on trouve isolée étoit située en avant ou en arrière dans la mâchoire
; celles qui étoient situées en avant n’ont jamais aucune de leurs
lames entières.
Le nombre des lames qui composent chaque dent va en augmentant,
de manière que chacune d’elles en a plus que celle qui l’a immédiatement
précédée.
M. Corse, qui a fait le premier cette remarque, donne ces nomb
r e s d’après ses observations ( i); les premières ont quatre lames
seulement; les deuxièmes, huit ou neuf; les troisièmes, douze ou
treize, et ainsi de suite jusqu’aux septièmes* ou huitièmes qui en
ont vingt-deux ou vingt-trois. M. Corse n’a jamais vu de dents qui
en eussent davantage.
Nous avons lieu de croire que ces nombres ne sont pas bien
absolus, car nous avons une mâchoire inférieure dont la première
dent a quatorze lames, et la suivante quatorze germes de lames.
M. Camper en a une absolument pareille ( Descr. anat. d’un Eléph.,
p. 57, pl.X-IX, f. 2) ; mais à la mâchoire supérieure qui correspondôit
à la nôtre, il y a dans la dent active treize lames, et dans le germe
de la suivante dix-huit.
Trans. p h il., loc. cit.
T. I.