deux écrits que je n’ai pu me procurer, mais qui sont insérés dans
le Magasin de Goettingen, pour les sciences et la littérature,
IIIe. année, V Ie. cahier, e t IV e. année, IIe. cahier.
M. A u ten rieth , professeur de Tubingen, ayant eu la complaisance
de m’envoyer des copies de ces mêmes dessins, me les expliqua
tout autrement et suivant leur véritable situation ; mais maigre
tout mon respect pour les lumières de ce savant, avec lequel je suis
lié d’une véritable amitié depuis ma première jeunesse, l’autorité de
Pierre Camper étoit faite pour laisser encore des doutes.
Je m’adressai au fils de ce célèbre anatomiste, M. A drien Camper,
qui étoit d’autant plus en état d’éclaircir la question, que son illustre
père avoit acquis, peu de temps avant sa mort, le morceau même
qui avoit servi d’original au dessin, cause de tout l’embarras.
Ce savant respectable , que l’histoire naturelle et l’anatomie
viennent de perdre, soutint d’abord l’opinion de son père avec un
zèle bien naturel pour la mémoire d’un si grand homme ; mais après
de nouvelles objections de i ma part et un nouvel examen de la
sienne, il m’écrivit enfin, le 14 juin 1800 : c< Le résultat de mes
u recherches sur l’inconnu de l’Ohio n’est pas conforme r ce que
» j’en avois"promis dans ma précédente; le morceau en question
» n est pas le fra gm en t antérieur, mais le postérieur des rnâ-
y> choires. » Et il me démontra cette proposition par une foule de
raisons nouvelles et délicates, fondées sur les connoissances étendues
d’anatomie comparée qu’il avoit acquises auprès de l’un des
plus grands maîtres que cette science ait eus.
M. A drien Camper a rendu compte de cette discussion, dans
la Description anatomique d’un éléphant m âle, par son père,
qu’il a publiée en 1802, p. 22.
Mais pendant que nous travaillions ainsi en Europe sur quelques
fragmens de cet animal, M. P ea le continuoit à en recueillir les os,
et il avoit été assez heureux pour en obtenir deux squelettes presque
complets qui ont décidé la question pour toujours.
C’est au printemps de 1801 qu’il apprit qu’on venoit de trouver,
l’automne précédent, plusieurs grands ossemens en creusant une
mârnière dans le voisinage de Newburg, sur la rivière d’Hudson,
dans l’Etat de New -Yorck et à soixante-sept milles de la capitale.
Il s’y rendit aussitôt avec ses fils, et ayant trouvé une partie considérable
du squelette chez le fermier qui l’avoit tiré de la terre, il
l ’acquit et l’envoya à Philadelphie. Il y avoit un crâne très-endom-
magé dans sa partie supérieure : la mâchoire inférieure avoit été
brisée , les défenses mutilées par la maladresse et la précipitation
des ouvriers. Il fallut attendre la fin de la récolte pour continuer
les recherches. On les reprit donc en automne : la fosse fut vidée de
l’eau qui s’en étoit emparée ; des pompes y furent entretenues pour
la débarrasser de celle qui y abondoit à mesure que 1 on avançoit ;
aucuns frais ne furent épargnés : mais après plusieurs semaines de
travail et la découverte de toutes les vertèbres du cou, de plusieurs
de celles du dos, des deux omoplates, des deux humérus, radius et
cubitus, d’un fémur, d’un tibia et d’un péroné, d’un bassin mutilé
et de quelques petits os des pieds qui se trouvèrent tous entre 6 et
y pieds de profondeur, il en manquoit encore plusieurs des plus
importans , comme la mâchoire inférieure, etc.
Pour tâcher de les obtenir, M, P ea le se rendit à onze milles de
là, vers un petit marais d’où l’on avoit tiré quelques côtes huit ans
auparavant. Il y fit. encore travailler quinze jours, et recueillit diverses
pièces, mais non celles qui lui manquoient.
Il se retiroit, désespérant presque de réussir, lorsqu’ayant passé
le W a llk ill, il rencontra un fermier qui avoit trouvé quelques os
trois ans auparavant, et qui le conduisit sur le lieu de sa découverte.
C’étoit encore un marais à vingt milles à l’ouest de la rivière
à’Hudsom
Après plusieurs jours d’un nouveau travail, il eut le bonheur d’y
déterrer une mâchoire inférieure complète, accompagnée de plusieurs
os principaux; rapportant donc comme en triomphe les
précieux fruits de cette pénible campagne de trois mois, il en
forma deux squelettes, copiant artificiellement sur les os de 1 un ceux
qui manquoient à l’autre, et sur ceux d’un côté ceux qui manquoient
au côté opposé.