leur réunion en corps de peuples. Nous n’avons de l’histoire de
l’Asie occidentale que quelques extraits contradictoires, qui ne vont
avec un peu de suite qu’à a5 siècles ( i ) , et en admettant ce qu’on
en rapporte de plus ancien avec quelques détails historiques, on
s’éleveroit à peine à quarante (a).
Le premier historien profane dont il nous reste des ouvrages,
H érodote, n’a pas a,3oo ans d’ancienneté (3). Les historiens
antérieurs qu’il a pu consulter ne datent pas d’un siècle avant
lui (4).
On peut même juger de ce qu’ils étoient, par les extravagances
qui nous restent ,*extraites d’A ristée de Proconnèse et de quelques
autres.
Avant eux onn’avoit que des poètes , et H om ère, le plus ancien
que l’on possède, Homère, le maître et le modèle éternel de tout
l’Occident, n’a précédé notre âge que de 2700 ou de 2800 ans.
Quand ces premiers historiens parlent des anciens événemens soit de
leur nation, soit des nations voisines, ils ne citent que des traditions
orales et non des ouvrages publics. Ce n’est que long-temps après
eux que l’on a donné de prétendus extraits des annales égyptiennes,
phéniciennes et babyloniennes. Bérose n’écrivit que sous le règne
de S éleucus- N icator | H iéronym e, que sous celui d’AntiocTius-
S o ter, et M anéthon, que sous le règne de Plolom ée-Philadelphe.
Us sont tous les trois seulement du troisième siècle avant J.-C. -
Que Sanchoniaton soit un auteur véritable ou supposé, on ne le
connoissoit point avant que P hilon de Byblos en eût publié une
traduction sous A drien, dans le second siècle après J.-C., et quand on
(1) A Cyrus, environ 65o ans ayant J.-Ç.
(2) A Ninus, environ 2848 avant J .-C. , selon Ctésias et ceux qui l’ont suivi ; mais seulement
à i 25o selon J^olney, d’après Hérodote.
_ (3) Hérodote vivoit 44° ans avant J.-C.
. (4) Cadmus, Phérécyde, Aristée de Proconnèse, Acusilaus, Hécatée de Milet, Charon
de Lampsaque, etc. Voyez Vossius, de Histor. græc., lib. I, et surtout son IV e. livre.
l’auroit connu, l’on n’y auroit trouvé pour les premiers temps, comme
dans tous les auteurs ide cette espèce, qu’une théogonie puérile.
Un seul peuple nous a conservé des annales écrites en prose avant
l’époque de Cyrus, c’est le peuple juif.
La partie de l’ancien testament que l’on nomme le Pentateuque,
existe sous sa forme actuelle au moins depuis le ■ schisme de Jéroboam,
puisque les Samaritains la reçoivent comme les Juifs, c’est-à-
dire, qu’elle a maintenant, à coup sûr, plus d e 0,800 ans.
Il n’y a nulle raison pour ne pas attribuer la rédaction de la Genèse
à Moïse lui-même, ce qui la feroit remonter à 5oo ans plus haut,
à 33 siècles; et il suffit de la lire pour- s’apercevoir qu’elle a été
composée en partie avec des morceaux d’ouvrages antérieurs; on ne
peut donc aucunement douter que ce ne soit l’écrit le plus ancien
dont notre occident soit en possëssion.
Or cet ouvrage, et tous ceux qui ont été faits depuis, quelque étrangers
que leurs auteurs fussent et à Moïse et à son peuple, nous présentent
les nations des bords de la Méditerranée comme nouvelles; ils
nous les montrent encore demi-sauvages quelques siècles auparavant ;
bien plus, ils nous parlent tous d’une catastrophe générale , d’une
irruption des eaux, qui occasionna une régénération presque totale
du genre humain, et ils n’en font pas remonter l’époque à un
intervalle bien éloigné.
Les textes du Pentateuque qui allongent le plus cet. intervalle ne
le placent pas à plus de 20 siècles avant Moïse, ni par conséquent à
plus de 5,4oo ans avant nous (1).
Les traditions poétiques des Grecs, sources de toute notre histoire
profane pour ces époques reculées, n’ont rien qui contredise
les annales des Juifs. Au contraire, elles s’accordent admirablement
avec elles, par l’époque qu’ elles assignent aux colons égyptiens et 1
(1) Les Septante, à 534o ; le texte samaritain, à 4864 ; le texte hébreu, à 4168.
T. I. I