4°. Comparaison des mâchoires inférieures.
Les mâchoires inférieures fossiles trouvées séparément et à des
distances immenses des crânes de S ibérie, par exemple sur les bords
du Rhin et en Lombardie, ont offert des caractères qui sembloient
déjà indiqués par ceux du crâne.
11 en résulte que les crânes auxquels ces mâchoires appartenoient
dévoient ressembler à ceux de Sibérie, et que les caractères de ces
derniers n’étoient pas de simples différences individuelles, mais appartenoient
à toute l’espèce fossile.
Voici ces caractères offerts par les mâchoires inférieures' :
i°. L ’espèce des Indes et celle d’A friq u e ont leurs dents d’en
bas convergentes en avant comme celles d’en haut : d’où il suit que
le canal creusé dans le milieu, à la pointe antérieure de la mâchoire ,
est long et étroit.
Les mâchoires fossiles ont leurs dents à peu près parallèles comme
les crânes. Le canal est donc beaucoup plus large à proportion de la
longueur totale de la mâchoire : mais,
2«. Il est aussi beaucoup plus court.
Dans l’espèce des Indes et dans celle d’Afrique, où les alvéoles
des défenses ne descendent pas au-delà de la pointe de la mâchoire
inférieure, celle-ci peut s’avancer entre les défenses; elle se prolonge
donc en une espèce d’apophyse pointue.
Dans les têtes fossiles, au contraire, où ces alvéoles sont beaucoup
plus longs, la mâchoire a dû être, pour ainsi dire, tronquée en avant:
autrement elle n’auroit pu se fermer.
Ces deux différences sauteront aux yeux de ceux qui regarderont
les figures i , 2 , 3 , 4 et 5 de la pl. V, qui sont toutes au sixième de la
grandeur naturelle.
Fig. i est de l’espèce d’Afrique.
Fig. 2 est d’une tête des Indes à longues défenses ou dauntelah.
Fig. 3 de notre grand squelette des Indes à courtes défenses ou
mooicnah.
Fig. 4 et 5 de deux mâchoires fossiles trouvées aux environs de
Cologne.
J’ai donné, pl. II, fig. 4 et 5, le profil de ces deux portions de
mâchoires fossiles, pour qu’on puisse le comparer à ceux des espèces
vivantes, représentés même planche, fig. 2 et 3. J’ai aussi marqué
avec des points une telle mâchoire, comme elle devoit être sous le
crâne fossile, fig. i.
Les mâchoires fossiles du cabinet de Darmstadt, dont j’ai des
dessins, et dont M erk a représenté une (IIe: lettre, pl. I I I ) , et
celle d’un lac de Hongrie, donnée par M ârsigli (Danub. II, pl. 3 i )
et que j’ai observée depuis au cabinet de Sologne , ont absolument
les-mêmes caractères: et je les ai retrouvés récemment dans une
énorme demi-mâchoire de Romagnano, en Vicentin, et dans une
autre moindre de Monte-verde, auprès de Rome.
Je les ai observés encore dans deux échantillons du cabinet de feu
Fontàna à Florence, et dans quatre de celui du grand duc de
Toscane de la même ville, dont deux mâchoires entières et deux
demi-mâchoires.
Ils sont encore confirmés, ainsi que ceux des dents,par le dessin de
mâchoire inférieure envoyé par l’Académie de Pétersbourg, et copié
pl. VIII, fig. i.
Par celui d’une autre mâchoire du cabinet de cette Académie,
trouvée aux bords du Volga, donnée par M. Tilesius, et que nous
copions pl. IX , fig. io.
Par celui d’une troisième, d’auprès de Canstadt, déposée chez
un pharmacien de Stuttgardt, et que nous représentons pl; X I, fig. i .
Cependant je ne dois pas taire que mon savant ami, M. Adrien
Camper, possède une mâchoire de Ceylan qui s’écarte beaucoup de
celles de l’espèce vivante dont nous avons parlé jusqu’ici.
Comparée à une mâchoire fossile de dimensions à peu près égales,
son canal antérieur s’est trouvé plus large et beaucoup moins profond,
et les mâchelières presque aussi parfaitement parallèles; taudis qu’une
autre mâchoire de Ceylan a ce même canal beaucoup plus étroit que
la première.
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