aussi frappant, et qui fasse remonter à peu près à 40 siècles l’origine
traditionnelle des monarchies assyrienne, indienne et chinoise? Les
idées des peuples qui ont eu si peu de rapports ensemble, dont la
langue, la religion, les lois n’ont rien de commun, s’accorderoient-
elles sur ce point, si elles n’ayoient la vérité pour base ?
Nous ne demanderons pas de. dates précises aux Américains, qui
n’avoient point de véritable écriture, et dont les plus anciennes traditions
ne remontoient qu’à quelques siècles avant l’arrivée des Espagnols,
et cependant l’on croit encore apercevoirdes traces d’un déluge
dans leurs grossiers hiéroglyphes. Us ont leur Noé, ouleurDeucalion
comme les Indiens, comme les Babyloniens , comme les Grecs (i).
La plus dégradée des races humaines, celle des nègres, dont les
formes s’approchent le plus de la brute, et dont l’intelligence ne
s’est élevée nulle part au point d’arriver à un gouvernement régulier,
ni à la moindre apparence de connoissances suivies, n’a conservé
nulle part d’annales ni de tradition. Elle ne peut donc nous instruire
sur ce que nous cherchons, quoique tous ses caractères nous
montrent clairement qu’elle a échappé à la grande catastrophe,-sur
un autre point que les races eaucasique et altaïque, dont elle étoit
peut-être séparée depuis long-temps quand cette catastrophe arriva.
Mais, dit-on, si les anciens peuples ne nous ont pas laissé d’histoire,
leur longue existence en.corps de nation n’en est pas moins
attestée par les progrès qu’ils avoient faits dans l’astronomie ; par
des observations dont la date est facile à assigner, et même par des
monument encore subsistans et qui portent eux-mêmes leurs dates.
Ainsi la longueur de l’année, telle que les Egyptiens sont supposés
l’avoir déterminée d’après le leverhéliaque de Sirius, se trouve
juste pour une période comprise entre l’année 3,ooo et l’année 1,000
(i) Voyez l’excellent et magnifique ouvrage de M. de Humboldt, sur les monumens
mexicains.
avant Jésus-Christ, période dans laquelle tombent aussi les traditions
de leurs conquêtes et de la grande prospérité de leur empire. Cette
justesse prouve à quel point ils avoient porte 1 exactitude de leurs
observations et fait sentir qu’ils se livroient depuis long-temps à des
travaux semblables.
Pour apprécier ce raisonnement, il est nécessaire que nous entrions
ici dans quelques explications.
Le solstice est le moment de l’année où commence la crue du
Nil, et celui que les Égyptiens ont dû observer avec le plus d’attention.
S’étant fait dans l’originè' sur de mauvaises observations une
année civile ou sacrée de 365 jours juste, ils voulurent la conserver
par des motifs superstitieux, même après qu’ils se furent
aperçus qu’elle ne s’accordoit pas avec 1 annee naturelle ou tropique,
et ne ramenoit pas les saisons aux memes jours (î). Cependant c e-
toit cette année tropique qu’il leur importoit de marquer pour se
diriger dans leurs opérations agricoles. Ils durent donc chercher
dans le ciel un signe apparent de son retour, et ils imaginèrent qu’ils
trouveroient ce signe quand le soleil reviendrait à la même position,
relativement à quelque étoile remarquable. Ainsi ils s’appliquèrent,
comme presque tous les peuples qui commencent cette recherche,
à observer les levers et les couchers héliaques des astres. Nous savons
qu’ils choisirent particulièrement le lever héliaque de Sirius ;
d’abord, sans doute, à cause de la beauté de l’étoile, et surtout
parce que dans ces anciens temps ce lever de Sirius coïncidant à
peu près avec le solstice, et annonçant l’inondation, étoit pour eux
le phénomène de ce genre le plus important. Il arriva même de là ,
que Sirius, sous le nom de Sothis, joua le plus grand rôle dans
toute leur mythologie et dans leurs rites religieux. Supposant donc
que le retour du lever héliaque de Sirius et l’année tropique (i)
(i) Geminus, contemporain de Cicéron, explique au long leurs motifs. Voyez l’édition
qu’en donne M. Halma à la suite du P lolomée, p. 43-
T. ! o