indiquent réellement les noms de ceux qui les ont fait construire et les
époques de leurs constructions, et qu’il n’y a aucune raison pour douter
qu’il n’en soit de même de l’inscription en l’honneur de Tibère, gravée
sur le portique de Dendéra. Ce portique auroit donc été construit
dans le premier siècle et précisément h l’époque assignée par M.-Vis-
conti et par M. de Paràvey au zodiaque qui orne son plafond (i)t<
Si l’on appliquoit l’idée de l’orientement au petit zodiaque d’Esné,
on y trouverait les solstices entre les gémeaux et le taureau et
entre lé scorpion et le sagittaire'; ils y seraient même marqués par
le changement de direction du taureau, et par ces deux béliers
ailés placés en travers à ces deux endroits. Dans le grand zodiaque
de la même ville les marques en seraient le placement en travers du
taureau et le renversement du sagittaire, il n’y auroit plus alors
qu’une portion de constellation d’écoulée entre les dates d’Esné et
cellesde Dendéra, espace toutefois encore bienlongpour dés édifices
si ressemblant.
M. Testa , cherchant la date du monument dans un autre
ordre d’idées, va jusqu’à supposer que si la vierge se montre à Esné,
en tête du zodiaque, c’est que l’on a voulu y représenter l’année de
l’ère d’Actium, telle quelle avoit été établie pour l’Egypte par un
décret du sénat cité par Dion Cassius (2), et qui commençoit au jour
de la prise d’Alexandrie, laquelle avoit eu lieu au mois de septembre
(3).
Nous pourrions rapporter un grand nombre d’autres systèmes sur
grande, et aux divinités adorées dans le même temple. » Le verbe est sous-entendu; mais
M. Letronne prouve très-bien que, quel qu’il fû t , il ne peut se rapporter qu’à un édifice
élevé par ceux qui y placèrent l’inscription. Il est vrai que le temple existoit auparavant et
que Strabon l’a v u , mais rien-n’empêche qu’on n’y ait ajouté après'coup unportique.
' (1) Voyez aussi Yoiing, Encycl. Brit., suppl., art. Egypt., p. 5o , col. 2. '
(2) Dion. Cass., lib. LI.
(3) Voyez la dissertation de l’abbé Dominique Testa, Sopra due zodiaci novëllamente
scoperti nell’ E gîtto, Rome 1802, p. 34-
le même sujet ( i), mais il nous semble que nous en avons déjà suffisamment
pour notre but, qui est de prouver qu’il s’en faut de
beaucoup que l’énorme antiquité de ces monumens soit hors de
contestation, et qu’on puisse en tirer quelque conclusion solide sur
1 antiquité des peuples qui les ont élevés.
Mais il y a des écrivains qui ont prétendu que le zodiaque lui- Le zodiaque
même porte sa date, par la raison que les noms et les figures donnés est lom de porter
, n • • t -1 , . . , , , en lui-même une a ses constellations sont un indice de la position des colures quand date certa;ne et
on 1 inventa, et cette date, selon plusieurs, est tellement évidente excessivement
et tellement reculée, qu’il est assez indifférent que les représentations reculee’
que l’on possède de ce cercle soient plus ou moins, anciennes.
Ils ne font pas attention que ce genre d’argumens se complique de.
trois suppositions également incertaines : le pays où l’on admet que
le zodiaque a été inventé; le sens que l’on croit avoir été donné
aux constellations qui l’occupent; et la position dans laquelle étoient
les colures par rapport à chaque constellation, quand ce sens lui a
été attribué. Selon qu’on a imaginé d’autres allégories, ou que l’on
admet que ces allégories se rapportoient à la constellation dont le
soleil occupoit les premiers degrés, ou à celle dont il occupoit le
milieu, ou à celle où il commençoit d’entrer, c’est-à-dire, dont il
occupoit les derniers degrés, ou bien enfin à celle qui lui étoit op- 1
(1) Par exemple, M. Rhode en propose deux: le premier faisoit remonter le zodiaque de
Dendera à 5g i ans avant J .-C ., sous le règne d’Amasis, q u i, selon Hérodote, étoit possédé
de la passion de l’architecture et avoit fait elever dans tous les temples des ouvrages magnifiques.
D’après le second , il s’éleveroit à 1290 avant J . -C . , sous le règne de Proléus ou de-
son successeur Rhampsinite qui , au rapport d’Hérodote, avoit aussi placé devant le
temple de Vulcain à Memphis deux statues, dont l’une représentoit l’été et l’autre l’hiver.
Voyez Rhode, Essai sur l’âge du zodiaque et l’origine des constellations, en allemand,
Breslau 1809, in-40. , p. 78. M. Latreille, mon savant confrère à l’Académie des Sciences ,
vient tout nouvellement de publier un Mémoire sur ce sujet (Recherches sur les zodiaques
é g yp tien s )où il fixe l’époque du zodiaque du grand temple d’Esné à 2660 ans avant J .-Ç . ;
celle du petit à 1760 ; celle du portique de Dendéra à 670, et celle du planisphère circulaire
à 55o.
T. I.